Merret-Thierry-fnsea-fdsea-29 - Illustration Troisième acte des Bonnets Rouges à Morlaix

Troisième acte des Bonnets Rouges à Morlaix

Ce samedi 8 mars, les Bonnets Rouges se donnent rendez-vous à Langolvas (29). Thierry Merret, codirigeant, l’assure : « Le mouvement n’a pas perdu de sa vigueur. »

Trois mois se sont écoulés depuis les rassemblements de Quimper et Carhaix. Les Bretons sont-ils toujours mobilisés ?

Complètement. Cinquante comités locaux composés de paysans bien sûr, mais aussi de salariés, de chefs d’entreprise, se sont constitués en Bretagne et même-au delà. Parallèlement, les réseaux sociaux ont également beaucoup fonctionné. Pendant tout l’hiver, ces comités locaux répartis sur l’ensemble du territoire se sont beaucoup réunis pour établir des cahiers de doléances. Pas moins de 15 000 propositions ont été faites.

Comment faire pour que toutes ces propositions ne restent pas lettre morte ?

Les comités locaux les ont remontées aux organisateurs. Nous les avons analysées, triées pour en retirer 10 idées fortes pour la Bretagne. Elles  seront présentées demain à Morlaix lors des États généraux de Bretagne. Nous les remonterons auprès du Gouvernement, duquel nous attendons des réponses concrètes et rapides.

Les revendications du 2 novembre à Quimperet du 30 novembre à Carhaix sont-elles toujours d’actualité ?

Absolument. Le préalable, c’est la gratuité des routes en Bretagne et la suppression définitive de l’écotaxe. Faut-il rappeler qu’en 1951 la gratuité des routes était déjà une demande forte du Celib (Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons). Leur gratuité, annoncée en 1969 par le Général de Gaulle, visait le désenclavement de la Bretagne dans une Europe à six. Aujourd’hui, on qualifie la Bretagne de région périphérique dans une Europe à vingt-huit. Les mots ont changé, mais le problème demeure le même ; avec plus d’acuité d’ailleurs puisque, depuis 1969, le centre de l’Europe s’est progressivement déplacé vers l’est.

Pourquoi cette gratuité des routes est-elle à ce point essentielle ?

Quand, en 1675, l’Ancien Régime a taxé les Bretons, la région s’est enfoncée dans 250 ans de récession. Nous refusons d’être les témoins d’un quelconque déclin ; nous voulons simplement être les acteurs d’une Bretagne prospère. D’une Bretagne où chacun puisse vivre, décider et travailler au pays. Rappelons-le : la Bretagne a toujours été riche quand elle a été terre d’expédition, que ce soit par voie terrestre ou par voie maritime. La taxation des routes serait donc un coup de frein à notre vocation exportatrice.

La vocation exportatrice de la Bretagne ne dépend-elle pas surtout du dynamisme de son économie ?

C’est vrai. Le socle agricole et agroalimentaire fait plus que vaciller. Le mouvement des Bonnets Rouges a d’ailleurs germé sur les problèmes des entreprises Doux, Gad et Tilly. Au cours de cette crise, tout le monde a compris que tous les maillons sont essentiels à l’économie : les salariés ont reconnu que sans chefs d’entreprise il n’y a pas de salariés et les chefs d’entreprise – par exemple les transporteurs – savent que sans industrie il n’y a pas de fret. C’est pour cela que le mouvement réunit toutes les catégories autour d’un même objectif.

Tous à Morlaix demain donc ?

Demain, les Bonnets Rouges rappelleront leurs priorités et propositions qui émanent des comités locaux.  Dans une Bretagne qui se sent abandonnée, les Bretons veulent prendre leur destin en main. Nous ne demandons pas d’argent ; nous demandons de libérer les énergies. Les Bretons en ont assez d’un jacobinisme qui ne dit pas son nom. Ils en ont assez d’une France qui n’est plus gouvernée mais administrée. Recueilli par Didier Le Du


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