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Le prix du lait sous pression

Les trésoreries des laitiers souffrent. FDSEA et JA du Finistère reprochent aux laiteries, notamment coopératives, de ne pas jouer le jeu.

La situation est paradoxale. Le marché laitier mondial est animé par une forte demande, mais les producteurs bretons estiment ne pas profiter de cette conjoncture porteuse. Les trésoreries sont tendues. Très tendues même, observent les banques. Des arriérés de factures de juin-juillet 2013, mises au frais par les fournisseurs, parviennent actuellement sur le comptoir des banquiers qui font marcher à fond les ouvertures de crédit.

25 €/1 000 L de moins qu’en Allemagne

La mise en place des cultures 2014 qui se profile ne va pas arranger les choses. D’autant que la baisse du prix du lait, amorcée en février, se confirme au fur et à mesure que les laiteries annoncent les prix de mars. Avec cette interrogation : l’annonce, par la FNPL, de 380 € /1 000 L en moyenne sur 2014 sera-t-elle tenue ? Incertitude totale sachant que des zones d’ombre semblent déjà se préciser pour le second semestre. Pour l’heure, la baisse du prix du lait amorcée en février est d’autant plus mal perçue par les producteurs que les coûts de production restent élevés : à cause du début d’année pourri, les vaches ne vont pas à l’herbe et la quasi-totalité des troupeaux est encore à 100 % ration hivernale avec un soja qui pèse lourd dans la note.

Pascal Crenn, vice-président de la FDSEA 29, estime que la tension des trésoreries trouve son origine dans la crise de 2009. « Les éleveurs n’ont pas pu se refaire une santé depuis », fait-il observer, en rappelant qu’en 2013, le prix moyen aurait dû atteindre 346 €/1 000 L, si l’on se réfère aux indicateurs de calcul du prix du lait (qui ne sont plus utilisés puisque chaque laiterie a désormais sa formule). « Or, aucune laiterie n’a atteint cette moyenne alors que les Allemands ont payé 364 €/ 1 000 L ». La publication, par les syndicats, des prix moyens pratiqués par les laiteries en 2013 met en exergue des différences de rémunération. « Les entreprises privées payent plus que nos coopératives », résume Sébastien Louzaouen, président de la section lait JA 29.

Une association de producteurs en vue

Lundi, les sections laitières de la FDSEA et de JA 29 ont organisé une réunion à Saint-Ségal, fief de la revendication agricole finistérienne. Une réunion ouverte à tous les producteurs où avaient pris place des représentants de l’Apli et de la Coordination rurale. L’objectif des producteurs est de reprendre la main sur la fixation du prix du lait. D’où l’ambition de créer une association de bassin de producteurs livrant aux coopératives. « Pourquoi ? Parce que les producteurs livrant à une coopérative sont de fait adhérents à une OP (organisation de producteurs) et ne peuvent donc juridiquement adhérer à une autre OP», informe Pascal Crenn. Et d’expliquer : « En créant une association de producteurs toutes coopératives confondues, nous pèserons pour parler prix et volume au niveau d’un bassin ».

Prix du lait : de quoi parle-t-on ?

Cette analyse n’est pas partagée par les représentants des coopératives présents à Saint-Ségal lundi dernier. « Dans le chiffre de 339,80 €/1 000 L, nous ne retrouvons pas le prix moyen perçu par les producteurs », évoque Hervé Le Gall, élu Sodiaal, qui parle du rattrapage effectué en fin d’année et de bilan définitif qui sera réalisé lors de l’assemblée générale en juin 2014. Ces propos sont transposés sur Laïta (339,95 €/1 000 L selon FDSEA et JA 29) où les coopératives de base versent des compléments de prix, voire des dividendes, sans parler des rémunérations des parts sociales.

Évoquer dividendes et rémunération des parts sociales quand on parle prix du lait fait bondir les responsables syndicaux FDSEA et JA. Qui s’en prennent à Dominique Chargé, président de la FNCL, qui dit au contraire qu’il faut intégrer tous ces paramètres si l’on veut comparer les prix. « Il faudra qu’il vienne s’expliquer devant nous », a insisté François Plougastel, président de la section lait FDSEA 29, en déclarant : « Un prix ne se décrète pas, il se calcule ». Didier Le Du

Pour en savoir plus : https://sites.google.com/site/assoproducteurscooperateurs/


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