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Où trouver les 20 à 40 € / 1000 litres manquants ?

Patrick Ramet, de la FNPL, intervenant à la journée FDSEA, ne s’est pas éternisé sur le marché actuel des produits laitiers. Il a axé ses propos sur la nécessité de trouver de la compétitivité dans la filière.

« Notre action syndicale de l’été dernier a permis de gagner 2 à 5 €/1000 litres. Il faudra être vigilant à ne pas les perdre quand les cours remonteront ». Patrick Ramet, producteur en Haute-Savoie, est bien conscient qu’on est loin du compte, loin des 20 à 40 €/1000 litres que les producteurs attendent pour retrouver un peu de souffle. Comment atteindre cet objectif ? « Nous avons un choix à faire. Faut-il, comme le préconise la Confédération paysanne, se recentrer sur le marché intérieur en abandonnant, de fait, 30 % des volumes ? Faut-il, comme le préconise l’Apli, aller vers une lutte des classes ? Faut-il attendre une intervention du ministre pour décréter un prix, comme on a pu le voir en production porcine récemment, sans tenir compte du marché ? Je pense que non. Nous devons afficher un autre état d’esprit. Nous devons, chacun dans nos exploitations, gagner en performance et en compétitivité. Il faut le voir comme un challenge de chefs d’entreprise ». Les marges de manœuvre existent, selon l’administrateur de la FNPL. Les écarts de coût de production en sont une preuve.

Les signaux de marché ne s’améliorent pas

Les disponibilités en lait chez les principaux fournisseurs du marché mondial sont en croissance et viennent alourdir le marché mondial, avec toutefois un début de ralentissement en Océanie et aux États-Unis. Le + 1 % de production en Europe (janvier-septembre 2015/même période 2014) pèse particulièrement. Plusieurs états membres comme l’Irlande, les Pays-Bas, la Belgique et la Hongrie ont une collecte très dynamique (jusqu’à + 9,9 % pour l’Irlande sur les 8 premiers mois 2015), malgré les signaux de prix négatifs. En parallèle, les achats russes (décision politique) et chinois ralentissent. De fait, les cours mondiaux sont bas, malgré un léger rebond en septembre-octobre.

Des organisations de service inefficaces en France

Pour accompagner cet élan, une réorientation de la Pac est, selon lui, indispensable. « Il faut cesser de regarder ce que l’on a perdu. On reste sur de l’aigreur ou on avance ? Il faut instaurer des systèmes d’assurance pour se prémunir contre la volatilité des prix. Il faut favoriser l’investissement, comme les Pays-Bas ont su le faire, en transférant des mesures du premier pilier vers le second. Les exploitations bénéficient, chez eux, d’un crédit d’investissement de 20 000 €/an ». Ces investissements ne doivent pas, selon lui, servir à produire plus mais mieux, en créant de la valeur ajoutée sur l’exploitation. « Les coopératives peuvent également récupérer de la performance en investissant grâce au développement de l’actionnariat. Arla et Friedsland l’ont fait, appuyés par le syndicalisme majoritaire.

Des ventes en recul sur le marché intérieur

En France, 3 régions ont été impactées par la sécheresse de cet été : Auvergne-Limousin, Franche-Comté et Rhône-Alpes. Le marché des produits industriels n’est pas porteur. Une laiterie qui ne fournirait que des produits industriels (beurre, poudre) ne valoriserait pas à plus de 220 €/ 1000 litres. Sur le marché intérieur, les ventes en GMS, en cumul annuel au 25 octobre 2015, sont en recul de 1,8 % en volume et de 0,6 % en valeur (tous produits laitiers). Dans le détail, le marché du beurre confirme sa bonne orientation et progresse de 1 % depuis le début de l’année. Les ventes de fromages en libre-service et de crèmes tendent à l’équilibre. Les ventes de lait liquide reculent depuis le début de l’année de 2,4 %. Le marché des ultras-frais est en recul de 1,8 %. Ce marché intérieur est pourtant censé faire le contrepoids du marché extérieur et doit permettre de récupérer de la valeur sur le prix du lait.

En 2014, le prix payé à leurs producteurs était bien supérieur aux moyennes. On peut espérer un retour de 20 à 25 € de plus aux 1 000 litres. Une partie de notre capacité à résister peut venir de la capacité de la coopérative à augmenter sa compétitivité ». Patrick Ramet fustige l’action des trop nombreuses organisations en France. « C’est un héritage d’un autre temps. Nous payons du service inefficace en raison de la diversité des structures qui ne savent pas travailler ensemble, voire qui doublonnent et se font concurrence ». Beaucoup de réseaux d’éleveurs prennent de l’ampleur. Il cite EDF (european dairy farmers), un club d’échange et de rencontre entre éleveurs passionnés ou encore Lactoplan qui compte plus de 20 % d’adhérents en plus en 2 ans. « Nous devons nous aussi remettre du débat dans notre structure syndicale ». Le discours n’est sans doute pas très mobilisateur. Il a le mérite d’une certaine réalité. Les éleveurs doivent apprendre, comme dans d’autres productions, à piloter sans amortisseurs des aléas du marché. Bernard Laurent

[caption id=”attachment_11370″ align=”aligncenter” width=”289″]Moyenne annuelle des prix par laiterie (source : FRSEAO section lait) Moyenne annuelle des prix par laiterie (Prix de base + flexibilité). Source : FRSEAO section lait[/caption]


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