Dossier technique

Des leviers pour fidéliser

Le principal capital d’une entreprise, quels que soient son secteur d’activité et sa taille, réside dans les hommes et les femmes qui la composent. D’où l’intérêt de les fidéliser. C’est là qu’intervient l’ingénierie sociale. Immersion au cœur d’une exploitation porcine. 

Une femme et un homme devant une pancarte
Cécilia et Martin Briand, éleveurs porcins en Loire-Atlantique, ont instauré un plan épargne entreprise pour les six salariés de leur exploitation.

La ferme du Bois Suzin est une exploitation familiale implantée dans la campagne ligérienne. Et plus précisément sur la commune de La Grigonnais, à quelques kilomètres de la majestueuse forêt du Gâvre, poumon vert et unique forêt domaniale de Loire-Atlantique. Martin Briand a repris l’élevage porcin de ses parents au début des années 90 avant de l’agrandir quelques années plus tard, passant de 100 à 200 truies naisseur-engraisseur.

Lorsqu’il a dû affronter les crises du porc, cet agriculteur a choisi de se tourner vers la vente directe plutôt que de se lancer dans une course à la taille. « Cela m’a plu et j’ai trouvé que cela donnait davantage de sens à mon métier ». L’homme fait alors évoluer ses pratiques en s’orientant vers un élevage sur paille pour les porcs qu’il commercialise en direct.

Reconnaître l’importance de l’équipe dans la réussite de l’exploitation

En 2011, l’agriculteur franchit une nouvelle étape avec la conversion de son exploitation à l’agriculture biologique. Une transition qui, si elle apparaît comme l’aboutissement logique des mutations opérées au fil des années, n’avait pour autant rien d’évident sur le plan économique. Car passer de 200 truies NE en conventionnel à 45 truies NE en bio n’est pas quelque chose d’anecdotique. Surtout que, jusque-là, le revenu tiré de la vente directe était resté marginal par rapport à celui généré par l’élevage conventionnel.

« Il a fallu repartir de zéro, reconstruire tous les réseaux commerciaux », témoigne Cécilia Briand. Cette ingénieure agroalimentaire de formation a rejoint son époux et s’est installée sur la ferme familiale il y a dix ans. Ensemble, le couple a poursuivi son cap et s’est doté, en 2019, de son propre laboratoire de transformation. Quelque 350 m² pour découper la viande et élaborer la charcuterie : saucisses, saucissons, pâtés, boudins, rillettes, jambons, poitrines, lardons, bacon, coppa, chorizo… Une large gamme de produits que la ferme du Bois Suzin écoule via différents canaux de commercialisation. « Nous fournissons de la restauration collective, des coopératives bio, des magasins de producteurs, des paniers locaux ainsi que des Amap ».

L’importance de l’équipe

« Entre l’EARL pour l’élevage et la SARL pour le laboratoire, nous employons 6 salariés. Nous sommes une petite structure, alors il faut de la polyvalence ». Ici, chacun exerce plusieurs métiers : élevage, transformation au laboratoire, livraisons des commandes, permanence de vente dans les magasins de producteurs… Une main-d’œuvre d’autant plus précieuse que « l’élevage et la charcuterie sont deux secteurs aujourd’hui en tension ». Dans ces conditions, parvenir à attirer des salariés compétents, et à les conserver tout en entretenant leur motivation, constitue un vrai défi.

Conscients de « l’importance de l’équipe dans la réussite de la ferme du Bois Suzin », Cécilia et Martin Briand ont échangé avec Angélique Caillet, la chargée de clientèle agricole qui les suit au pôle d’expertise du Crédit Mutuel de Bretagne, à Redon. « Ensemble, nous avons passé en revue les différentes solutions d’ingénierie sociale afin d’identifier celles qui étaient adaptées à leur entreprise et à leurs attentes », explique la spécialiste bancaire. Et dès l’été, des tickets restaurants ont été mis en place. Une initiative toujours appréciée car « la participation de l’employeur permet d’augmenter le pouvoir d’achat du bénéficiaire ». Puis, dans un second temps, Angélique Caillet est venue exposer aux salariés le cadre juridique du plan d’épargne entreprise (PPE). « Via leurs conjoints ou leurs précédents employeurs, beaucoup connaissaient déjà les avantages de ce système qui permet aux salariés de se constituer, dans un cadre fiscal avantageux et avec l’aide de l’entreprise, une épargne disponible au bout de cinq ans ». D’ailleurs, tous ont ensuite adhéré au PEE proposé.

La palette pourrait encore s’élargir à l’avenir avec la mise en place d’un contrat d’intéressement permettant d’associer l’équipe à la bonne marche et aux résultats de l’entreprise. « Et ce, en fonction de la réalisation de critères quantitatifs et qualitatifs qui sont à la main du dirigeant », souligne la représentante du CMB.

Au travers de l’ingénierie sociale, il existe décidément bien des manières pour un employeur de reconnaître l’implication de ses salariés, de les fidéliser et de les valoriser. Dans tous les sens du terme.

Jean-Yves Nicolas


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