C’est un peu comme ces radars installés juste après un changement de limitation : ils récoltent plus de contraventions qu’ils ne font de prévention. Les contrôles lancés cet hiver par l’ASP sur l’enfouissement des cannes de maïs donnent le même sentiment. Avec le PAR 7 Bretagne (2024-2027), les règles ont en effet changé : les cannes doivent désormais être enfouies superficiellement dans les quinze jours après récolte. Un virage sec, alors que depuis 2011 un simple broyage suffisait grâce à une dérogation bretonne bien intégrée.
Trois points méritent d’être posés
Trois points méritent d’être posés.
D’abord l’agronomie. L’azote contenu dans les cannes – seulement 8 à 15 kg/ha – n’est pas un enjeu majeur. Les laisser en surface limite même la lixiviation. À l’inverse, l’enfouissement accélère la minéralisation : plus d’activité microbienne, donc davantage d’azote disponible… précisément quand on cherche à contenir les flux. Sans compter leur autre rôle quand les cannes sont laissées en surface : protéger le sol de l’effet « splash », réduire l’érosion et favoriser l’infiltration. Un parapluie gratuit.
Deuxième point : l’énergie et le carbone. À l’heure où les agriculteurs sont invités à réaliser des bilans CO2, ne pas enfouir évite un passage de tracteur, économise du gazole et limite l’oxygénation du sol – donc les émissions de GES. Un bénéfice environnemental simple, sans investissement, ni matériel supplémentaire.
Reste enfin la méthode. Après les manifestations de 2024, l’État et l’Europe promettaient plus de pédagogie. Sur ce dossier, c’est raté : peu de communication et des agriculteurs qui découvrent la sanction en même temps que la nouvelle règle. Leur faute n’est pas intentionnelle : ils appliquent la pratique qui prévalait depuis 15 ans. Résultat : frustration, sentiment d’injustice et nouveau coup porté au moral d’une profession déjà bien éprouvée.

