En 2018, à Quimper, Emmanuel Macron avait livré un plaidoyer pour une agriculture plus compétitive, misant sur la montée en gamme et la différenciation des produits. En prononçant ce discours, Emmanuel Macron se coulait sans risque dans le flux d’une accélération de la consommation de produits bio et locaux, amorcée en 2016. En 2020, la pandémie de Covid-19 a conforté cette tendance qui, disait-on à l’époque, serait pérenne. Puis, patatras. L’intérêt pour les produits locaux et labellisés a commencé à s’éroder en 2021, puis à se renverser sous l’effet de l’inflation. Certes, en 2024, la consommation de produits bio semble montrer des signes de reprise en France. Mais le contexte reste fragile. Non pas que les Français ne veulent pas bien manger… mais ils ne veulent pas payer « le juste prix » pour reprendre un slogan publicitaire qui ne signifie aucunement « un prix juste » pour l’agriculteur. En fait, depuis des années, pour ne pas dire des décennies, le prix des denrées alimentaires n’est plus en phase avec les coûts réels de la production agricole. Et à ce titre, l’exemple de la mauvaise récolte de céréales de cet été est symptomatique de ce décalage entre rémunération de l’agriculteur et prix en magasin.
En effet, la récolte de blé historiquement basse n’affectera pas le porte-monnaie du consommateur. Car il y a longtemps que le prix du blé français ne fait plus le prix mondial. Aujourd’hui, ce leadership est accaparé par la Russie. Compte tenu de la mondialisation du prix des céréales et de la volonté politique de garantir la sécurité alimentaire des citoyens sans alourdir leur budget, il n’y a plus de lien direct entre construction du prix à la production et prix à la consommation. La denrée alimentaire ne fait plus le prix : dans une baguette, le blé représente 4 centimes…