Les insectes utilisent en majorité leur faculté olfactive pour détecter les plantes qu’ils souhaitent coloniser. C’est pourquoi le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes de Carquefou (44) s’est penché depuis plusieurs années en menant différents travaux sur cette particularité des auxiliaires et des ravageurs en mesurant leur réaction dans un olfactomètre. Mohamed Kone, ingénieur stagiaire en expérimentation, a mené des essais sur la stratégie push-pull, c’est-à-dire sur les odeurs et leurs composés organiques volatiles qui attirent ou qui au contraire repoussent cette catégorie d’animaux. Dans un olfactomètre en T, il a observé le comportement de l’altise du chou et de 2 espèces de thrips, tabaci et frankliniella. L’idée est de positionner l’insecte dans l’appareil, puis d’observer vers où il se dirige quand une huile essentielle de plante est introduite.
Le thym montre un effet répulsif
Au départ de l’essai, « nous menons un test à blanc pendant une durée de 5 minutes. Le thrips se déplace de façon homogène dans l’olfactomètre », signe qu’il n’est pas particulièrement attiré par un endroit. Puis, des huiles essentielles de thym, de coriandre et de basilic « ont montré un effet répulsif sur les trips tabaci, mais ces effets restent à confirmer en plein champ ». Il existe des différences de comportement entre les espèces animales. Ainsi, le thrips frankliniella ne change pas de comportement entre le témoin (sans huile essentielle) et avec introduction d’huile de coriandre. En revanche, toujours avec cette espèce de ravageur, le thym montre aussi un effet répulsif.
Sur les altises du chou, « l’huile végétale de moutarde a un effet attractif. C’est une réaction normale, les altises sont attirées par les crucifères ».
Faire durer les odeurs
Si ces résultats sont concluants en laboratoire, doublés d’un autre essai à l’aide d’un olfactomètre à ballons, le support contenant l’odeur reste à éprouver. « Les gels d’agar-agar (extrait d’algue) ne durent pas dans le temps, à l’inverse de billes d’hydrogel ou de systèmes de conservation plus complexes, comme de l’huile essentielle enrobée dans un polymère », détaille Charlotte Le Pennec, technicienne laboratoire et expérimentation. De plus, « les microbilles sont plus simples à épandre au champ », conclut-elle.
Fanch Paranthoën
Des habitudes nocturnes
Mohamed Kone a pu observer des comportements différents entre le jour et la nuit. Dans son olfactomètre en ballon, « la majorité des thrips ne sortent pas de jour. Mais quand on met l’appareil sous pression et en phase nocturne, 60 à 70 % des individus sortent ».

 
								 
						
																				