Le renard s’adapte à la ville

Maltraité dans les campagnes, essentiellement en raison de la rage, le renard s’est progressivement installé en ville. Son physique évolue.

Un renard dans une rue de nuit avec l'éclairage d'un lampadaire - Illustration Le renard s’adapte à la ville
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Branféré (56)

Considéré comme un redoutable rival par les chasseurs, comme un visiteur trop assidu des basses-cours par les paysans, le renard a beaucoup souffert dans les campagnes. Des chiens de chasse ont été spécialement sélectionnés pour lui nuire, des pièges ont été élaborés pour le capturer… En 1968, la situation s’aggrave encore pour Maître Goupil et ses proches. Un renard roux atteint du virus de la rage est découvert en Moselle. « La guerre lui a été déclarée », indique Nicolas Baron, historien intervenant au parc animalier de Branféré (56), en juin dernier. Battues, avec primes à la clé ; piégeage ; poisons et gaz dans les terriers…

Un renard qui regarde au loin dans la nuit avec un ciel étoilé

Une traque souvent vaine

« Malgré de lourdes pertes, de plus d’un million d’individus chaque année, l’espèce résiste aux tueries et à la rage ». L’animal est rusé et plus sociable qu’on ne le croyait. « Ils ont développé des techniques pour échapper aux chasseurs. Face aux pièges empoisonnés, ils avaient tendance à vomir très vite. Les femelles compensent en partie les pertes en augmentant l’ovulation. Les portées de plus de dix renardeaux ne sont pas rares. Elles parviennent parfois à les nourrir grâce à la solidarité dans l’espèce. Les mâles, possibles géniteurs, accourent avec des proies tout comme les jeunes de la portée précédente, afin de soulager les mères ». Le renard paye un lourd tribut mais la volonté de l’éradiquer est vaine. « Durant l’épidémie de rage, alors que près de 95 % des renards étaient tués dans certains secteurs géographiques, il fallait en général deux ou trois ans pour que la population revienne au niveau initial ». La lutte accentue la diffusion de la rage dans l’Est du pays car les animaux s’éparpillent. Dans les années 80, des voix s’élèvent pour dénoncer l’absurdité de la méthode. La traque coûte à l’État… « Les céréaliers déplorent la baisse de la population car elle induit une prolifération de celle des rongeurs ». Un renard en mange près de 3 000 par an. Autant qu’un couple de chouettes et sa nichée. Des campagnes de vaccination intensive, via des appâts alimentaires, permettront de venir à bout du virus. Le dernier cas français de rage, en métropole, date de 1998.

Un renard en plein saut sur une proie

Le salut en ville

Dans l’intervalle, un peu partout dans le monde, le renard a trouvé refuge en ville où il trouve le gîte, le couvert et une certaine tranquillité. À Paris, Londres et Berlin, mais aussi à Brest, Vannes ou Rennes. « Ils se contentent de déchets, croquent dans les gamelles des chats, chassent quelques rongeurs ». Le couvert est dressé, d’autant plus que certaines personnes les nourrissent. « Des études ont montré qu’une heure ou deux, la nuit, leur suffit à s’alimenter. Rien à voir avec la vie à la campagne, où ils rentrent parfois d’une longue nuit de chasse le ventre vide, malgré leur faculté à détecter un mulot à une centaine de mètres. Dans les jardins, ils trouvent à se loger, à l’abri des intempéries ». Une vie rêvée, qui a ses écueils. « Le citadin n’y vit que 18 mois, en moyenne, souvent victime d’accidents de la route ». Le campagnard efflanqué peut espérer vivre deux fois plus longtemps, malgré la chasse ou la prédation des renardeaux, quand le malheureux captif peut vivre 14 ans. « À Londres, où la population atteint dix mille individus, le tir par des professionnels est désormais possible, sous conditions, afin de réguler l’effectif ».

Un renardeau avec la tête posée sur un tronc

Divergence morphologique

Le changement de mode de vie a une incidence morphologique : « Le renard des villes a une boîte crânienne plus petite et un museau plus long ».

Le renard des villes a une boîte crânienne plus petite

La facilité d’accès à la nourriture le rendrait-il moins rusé ? Ses facultés olfactives s’amenuiseraient-elles ? « Rien ne permet de l’affirmer à ce jour, mais c’est un constat effectué dans toutes les villes où il est présent depuis quelques générations ». Quoi qu’il en soit, le renard, grâce à ses facultés d’adaptation, a un avenir en ville, au moins autant qu’à la campagne.

Bernard Laurent

Les renards ont un impact positif sur la biodiversité.

Les renards sont des prédateurs naturels de nombreux animaux causant des dégâts aux récoltes tels que les souris, les rats et les lapins. Ils sont charognards opportunistes, ce qui signifie qu’ils se nourrissent également d’animaux morts. Cela aide à maintenir l’équilibre écologique en éliminant les cadavres d’animaux qui pourraient se décomposer et causer des problèmes environnementaux. Les renards se nourrissent aussi de fruits et de baies et dispersent les graines dans leur environnement. L’augmentation des populations de renards roux, entre autres, a une incidence sur la diminution de la population de tiques et donc de la propagation de la maladie de Lyme (parasite véhiculé par les rongeurs).


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