L’agriculture se construit à plusieurs mains

À Allaire (56), le Gaec de Brandeha a bâti un système résilient. Leur secret ? Miser sur l’autonomie, la coopération locale et la valorisation des ressources du territoire.

Un groupe de personnes dans un champ avec des vaches - Illustration L’agriculture se construit à plusieurs mains
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Le Gaec de Brandeha est géré par 3 associés : Christophe, Sébastien et Benoît Baron, qui emploient également 2 salariés. Les 85 vaches laitières, traites en monotraite depuis 3 ans, produisent 400 000 litres de lait par an, vendus à Biolait. Chaque année, quelques bœufs sont également vendus en direct ou à BVB. La SAU est de 235 ha, dont la moitié est occupée par des marais et des zones humides. Le système est principalement herbager et est complété par 13 ha de méteil, 13 ha de maïs grain, 6 ha de féverole et 1 ha d’avoine. Autour de la ferme gravitent de nombreux projets collectifs. Ce fonctionnement ne date pas d’hier. « En 1988, nous avons créé un GFA (Groupement de foncier agricole), qui existe toujours aujourd’hui », indique Christophe Baron. « Aujourd’hui, la structure détient 60 ha : 2 ha sont par exemple loués à un maraîcher, 6 ha à un exploitant forestier et nous avons un projet d’1 ha avec une viticultrice. »

Pérenniser les emplois et favoriser la solidarité

Des surfaces en commun

En plus des 235 ha de l’exploitation, 9 ha sont mutualisés avec des paysans boulangers : Corentin Geffray et Mathias Hugel. Dans la rotation, le blé est placé après une prairie afin de profiter des reliquats azotés et limiter la pression des adventices et des ravageurs. Le choix de variétés rustiques a permis cette année d’atteindre des taux de protéines à 12 %. « Agronomiquement, nous n’avons pas réellement besoin du blé », reconnaît Sébastien Baron. « Mais la mutualisation de ces terres favorise les échanges, pérennise les emplois et favorise la solidarité entre les paysans. » Les travaux des champs sont confiés à une ETA et au Gaec, et le suivi des cultures est réalisé par les deux paysans-boulangers. Les coûts de fertilisation et le triage des grains sont partagés.

Entretenir le paysage

Alex Vaillant est exploitant forestier. Il loue 6 ha de bois du Gaec de Brandeha depuis 3 ans. « Nous avons 20 km de haies sur l’exploitation, dont 4 km engagés dans une MAEC », précise Christophe Baron. « Cette organisation permet de valoriser la ressource, d’alléger notre travail et de soutenir l’activité d’Alex. » Le bûcheron produit surtout du bois de chauffage, notamment à partir de châtaignier, essence endémique du pays de Redon. « Nous avons acheté du matériel en commun avec le Gaec et nous nous entraidons aussi sur certains chantiers », ajoute Alex Vaillant. « Ce système représente parfaitement l’idée que je me fais de l’entraide paysanne. »

Développer l’énergie

Le Gaec possède 3 installations photovoltaïques, mises en place en 2008 (31 kWc), 2019 (36 kWc), et 2024 (189 kWc). La plus ancienne et la plus récente sont en contrat d’obligation, tandis que celle de 2019 fait l’objet d’un projet citoyen. « Pendant 20 ans, la toiture est à disposition de l’association Étoile Solaire, qui travaille pour développer l’autonomie énergétique du Pays de Redon », explique Christophe Baron. « Ensuite, l’énergie pourra être utilisée pour de l’autoconsommation collective locale, ce qui contribuera à stabiliser les prix. »

Alexis Jamet

Un système autonome et diversifié

« Dans notre système, nous gagnons de l’argent en n’achetant pas à l’extérieur », affirme Christophe Baron. « Par exemple, nous avons arrêté le maïs ensilage pour éviter de recourir aux concentrés. À la place, nous faisons du maïs grain que nous séchons sur place et revendons à des producteurs de porcs ou d’autres éleveurs laitiers. » Le coût alimentaire s’élève à environ 100 €/1 000 litres, et les charges à l’hectare à 1 800 €. Grâce à ses différents ateliers, l’exploitation génère 329 000 € de chiffre d’affaires, hors aides. « Les aides Pac et les MAEC représentent environ 100 000 € supplémentaires », précise l’agriculteur. « Notre production diversifiée permet de sécuriser nos investissements, comme le rachat et la rénovation d’un autre site. » Enfin, les parts sociales détenues par les associés « restent raisonnables », favorisant ainsi l’installation d’un potentiel nouvel associé lors du départ en retraite de Christophe Baron.


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