« Un bon éleveur est un bon méthaniseur »

Lors d’une journée organisée par Eureden et l’association des agriculteurs-méthaniseurs de Bretagne, la SCEA des Moulins de Kerollet (Arzal, 56) a présenté l’intégration de sa méthanisation dans son système.

épandage sans tonne dans un champ - Illustration « Un bon éleveur est un bon méthaniseur »
L'épandage sans tonne permet de valoriser le digestat tôt dans la saison. | © Ludovic Jarligant

« Nous avons installé notre méthanisation en 2012, ce qui, en quelque sorte, fait de nous des pionniers », lance Bruno Calle, l’un des trois associés de la SCEA des Moulins de Kerollet, à Arzal (56). Initialement d’une puissance de 250 kW électriques, elle a aujourd’hui atteint 730 kW, évoluant en même temps que le cheptel de vaches laitières. Les 300 bovins produisent 2,8 millions de litres de lait par an. Sur les 270 ha de SAU, les cultures sont avant tout dédiées à l’élevage. « Nous sommes éleveurs en premier lieu », insiste l’agriculteur. D’ailleurs, les trois associés ne cultivent quasiment pas de cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique). Occasionnellement, du tournesol est implanté derrière les carottes. « Nous avons aussi essayé le seigle mais les valeurs alimentaires ne sont pas intéressantes dans notre système. »

Nous sommes éleveurs avant tout

Une majorité d’effluents

La ration de la méthanisation est surtout composée de l’entièreté des effluents d’élevage « Le fumier et le lisier doivent être incorporés dans la méthanisation quand ils sont le plus frais possible, c’est-à-dire dans les 24 heures », explique Bruno Calle. « Dans ces conditions, en plus de sa production laitière, on estime qu’une vache produit 1 KWe/h grâce à ses bouses. » Concernant le reste de la ration, 10 % des 160 ha de maïs ensilé terminent dans le digesteur, ainsi que les refus d’alimentation et les stocks de report des dérobées (RGI et trèfle de Micheli). « Nous avons un an d’avance de fourrage, aussi bien pour les animaux que pour la méthanisation », ajoute l’éleveur. « C’est une sacrée sécurité, même si c’est de l’argent immobilisé. »

Épandage sans tonne

Le digestat, composé à 65 % d’azote sous forme ammoniacale, permet aux trois associés d’être autonomes à environ 80 % sur la fertilisation. Il est épandu grâce à un système sans tonne, très utile pour entrer dans les parcelles dès le mois de février, tout en limitant les kilomètres sur la route. « Le digestat est transporté depuis le site principal jusqu’à deux fosses de 6 000 m3 via le réseau d’irrigation », annonce Ludovic Jarligant, responsable des cultures à la SCEA. « J’utilise ensuite une motopompe pour l’envoyer jusqu’au pendillard de 15 m via un tuyau d’1 km de long. » Le tracteur de 200 cv est équipé de roues jumelées pour réduire la charge au sol. Selon les parcelles, le volume épandu varie entre 120 et 250 m3/h. À l’année, 6000 m3 de digestat sont épandus à la ferme. « J’épands également 8 000 m3 en prestation de service », ajoute l’agriculteur. L’ammonitrate est quant à lui utilisé sur les parcelles « les plus compliquées ».

+1 % de MO

Après plus d’une décennie d’épandage de digestat, les associés de la SCEA ont observé une augmentation du taux de matière organique de 1 %. Idem pour le pH, qui est aujourd’hui d’environ 7. « La matière organique du digestat est déjà dégradée au moment du retour à la parcelle et est donc très stable », déclare Bruno Calle.

Alexis Jamet

Penser à chauler

Des analyses de sol réalisées par Eureden à la SCEA des Moulins de Kerollet ont révelé des parcelles en bonne santé. « Le rapport C/N est compris entre 10,5 à 13 », prévient Jean-Luc Le Bénézic, consultant en agroécologie pour la coopérative. « C’est un peu trop haut, la minéralisation ne se fait pas correctement. » Pour rectifier cette valeur, l’expert conseille de chauler de manière régulière. « L’idéal est d’apporter du carbonate sur les chaumes juste après la moisson, et d’utiliser de la chaux mixte au printemps. Ces produits permettent d’apporter du calcium et du magnésium rapidement assimilables. Pour réduire le ratio C/N de manière plus efficace, il est recommandé d’utiliser des produits fins, inférieurs à 315 microns. Il ne faut pas oublier que, dans le temps, la chaux était utilisée pour structurer les sols. » Enfin l’équilibre du C/N peut également être géré grâce à la rotation et plus précisément grâce au choix des couverts utilisés.


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