Cerafel : 60 années au service des producteurs

L’association d’organisations de producteurs est née en 1965, avec pour objectif de défendre l’intérêt des agriculteurs. 60 ans après cette création, l’intention reste la même.

Marc Kerangueven et Maiwenn Le Pierrès dans un champ d'artichaut - Illustration Cerafel : 60 années au service des producteurs
Marc Kerangueven, président, et Maiwenn Le Pierrès Bullier, directrice du Cerafel. | © Cerafel

1965, année marquée par le vote de la loi en date du 13 juillet, qui a accordé en France et pour la première fois aux femmes le droit d’avoir un compte bancaire et de travailler sans l’autorisation de leur mari. 1965 voit aussi la disparition du Premier ministre britannique Winston Churchill ; et dans la rubrique carnet rose, on peut citer la naissance du Cerafel. Ce comité économique apparaît dans la suite logique de la création du Comité de l’artichaut (1958) et de la Sica-Saint-Pol-de-Léon (1961) ; il naît du regroupement de la future UCPT (créée en 1974), de la Sica Saint-Pol et du Sipefel, qui deviendra Terres de Saint-Malo.

La fédération, c’est la raison d’être d’une association d’OP

Quelque temps avant et « au sortir de la guerre, la Bretagne était une des régions les plus pauvres de France. Les producteurs essuyaient beaucoup de méventes, de destruction de leurs récoltes. C’est pourquoi ils se sont fédérés afin de défendre leur métier avec comme père fondateur Alexis Gourvennec. Ce projet n’était pas que légumier ; il s’agissait de désenclaver la Bretagne », rapporte Marc Kerangueven, actuel président du Cerafel. Signe du destin, le Finistérien aujourd’hui à la présidence de cette association d’organisations de producteurs regroupant 5 coopératives (Sica Saint-Pol-de-Léon, Les Maraîchers d’Armor, Terres de Saint-Malo, Bretagne Plants et La Bretonne) est né… en 1965. La structure va fêter ses 60 ans d’existence, 60 années passées à « défendre les producteurs. Il n’y a que la fédération qui le permet, c’est la raison d’être d’une association d’organisations de producteurs (AOP) », selon Maïwenn Le Pierrès Bullier, directrice du Cerafel.

Préserver le revenu

À titre d’exemple, la filière horticole, marquée depuis 2008 par de fortes fluctuations et un chiffre d’affaires en déclin jusqu’en 2018, montre que l’appartenance à un groupement de production constitue un atout majeur pour surmonter les crises et gagner en compétitivité face aux importations. Pour 2024, Kerisnel (Sica Saint-Pol-de-Léon) et Armor Végétal (Les Maraîchers d’Armor) affichent un chiffre d’affaires payé aux producteurs de 30,3 millions d’€, en croissance constante malgré une année 2024 un peu en deçà des espérances. Marc Kerangueven prend un autre exemple qui justifie les bienfaits d’une association de producteurs, avec « la crise du bio. Afin de garder le potentiel de production et pour éviter que les prix ne se dégradent, pour préserver le revenu des producteurs, le choix collectif a été de gérer le marché avec celui du conventionnel. La crise a ainsi été atténuée ».

Fort de ses 1 350 exploitations agricoles et de ses 2 000 agriculteurs, le regroupement de ces 5 OP « peut bénéficier de notre service marketing dont le travail de veille permet de s’orienter vers des légumes plus porteurs », précise Maïwenn Le Pierrès Bullier, qui illustre ses propos par le cas de l’artichaut, qui souffre « des tendances de consommation : on a de moins en moins de place et d’équipements dans nos cuisines. L’AOP développe de nouveaux outils comme l’Articook. Avec le Cerafel, on trouve aussi davantage de valorisation, comme le montre la ligne de surgélation de fonds d’artichauts de Camlez (22) destinée à valoriser les ailes des plants, de plus petit calibre ».

Comme un système de vase communicant, la baisse de surface d’une espèce laisse de la place à une autre. « Il n’y a pas de terres en friches dans la zone légumière », fait remarquer Marc Kerangueven. Le brocoli (10,4 millions € de chiffre d’affaires en 2024) a su prendre cette place . « C’est une culture qui s’est développée il y a une dizaine d’années. Elle a été rendue possible par la recherche, qui a fourni des variétés adaptées ». Désormais et sur certains créneaux, « nous sommes devenus un acteur incontournable. C’est le cas de la salade de 4e gamme ». Les petits fruits se développent, à l’image de la myrtille. 20 t seront récoltées cette année, l’objectif à l’horizon 2028 est d’arriver à 120 t.

Être concurrentiel

Peut-être encore plus marquée sur les étals des magasins ce printemps, la présence de fruits et de légumes d’importation crée de la concurrence à l’origine France. Et le Cerafel sait aussi montrer les crocs pour se défendre, « on arrive à proposer des barquettes de 200 grammes de petits fruits (tomates cerises) à un tarif concurrentiel des tomates marocaines, tout en étant rémunérateur pour les producteurs », explique le président. « Le fait de mutualiser les actions, en achetant ensemble de l’énergie, en réalisant des études pour être compétitif, avec des équipements adaptés au conditionnement permet ces actions. Producteurs comme consommateurs perçoivent la valeur ajoutée du produit ».

À l’image de la dynamique créée il y a 60 ans, Marc Kerangueven veut redonner un « nouveau souffle pour les années futures ». Et le responsable de conclure en reprenant une phrase d’Alexis Gourvennec : « Là où il y a de la volonté, il y a un chemin ».

Fanch Paranthoën

Redonner l’envie aux jeunes

Opinion – Marc Kerangueven – Président du Cerafel

Reconnue par l’Europe, l’AOP Cerafel est ouverte, elle l’a toujours été. Dans l’AOP, chacun garde son autonomie tout en étant adhérent. Plus on se rassemble, plus on travaille sur des choses communes. Demain, avec tous les changements que nous connaissons, comme le climat, la Bretagne aura de vrais atouts en main. Nous devrons collaborer avec tout le monde et redonner aux jeunes l’envie de construire quelque chose comme l’ont fait nos aînés. Une nouvelle dynamique est à trouver.


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