Didier Nicolas est le fondateur des Jardins de l’Éveil à Saint-Thonan (29). Il définit ce lieu comme « un laboratoire naturel, un terrain d’expérimentation et un domaine de préservation. C’est un parc naturel éducatif dédié à la découverte du vivant. La mission est de réconcilier les femmes et les hommes avec la terre pour montrer qu’il n’existe pas qu’une seule façon de cultiver et d’élever des animaux. » Il y a 10 ans, Didier Nicolas avait acheté cette petite exploitation agricole proche de son domicile avec l’idée d’en faire le siège de son entreprise spécialisée dans le travail par intérim. En 2020, après la vente de sa société, il décide de se lancer dans ce projet un peu fou de création d’un parc éducatif.
Plus de 4 ans de travaux
Les Jardins de l’Éveil ont ouvert leurs portes au public courant d’année 2023 après quatre ans et demi de conception et de travaux. « Nous avons rénové la maison d’habitation, les crèches en ruines, l’ancienne stabulation pour créer des lieux d’accueil pour le public, une petite boutique, une cuisine, un restaurant, des espaces pédagogiques… Grâce aux échanges de terres avec les agriculteurs voisins qui ont été compréhensifs, nous avons 5 ha de surface autour du parc », décrit Didier Nicolas. L’entrepreneur a un diplôme agricole, il a tout de même réalisé une formation complémentaire avec la Chambre d’agriculture ce qui lui a permis de donner vie à cet endroit. Il s’est ensuite rapproché de l’Écomusée de la Bintinais à Rennes pour obtenir des animaux de race pure avec une identité bretonne. On retrouve donc à différents endroits en parcourant les allées des moutons de Belle Île ou d’Ouessant, des vaches Bretonne Pie Noir ou Froment du Léon, des chevaux de trait bretons, des volailles comme le Coucou de Rennes ou la poule Noire de Janzé…
10 000 végétaux plantés
Le parc se situe sur le bassin versant de l’Aber Wrac’h ce qui a permis d’obtenir des aides européennes pour recréer des talus. « Nous avons planté presque 10 000 végétaux : arbres, arbustes, graminées… » Le projet initial était d’accueillir des enfants par l’intermédiaire des écoles, il s’ouvre aujourd’hui de plus en plus au grand public et aux personnes en situation de handicap qui apprécient le contact avec les animaux. Chaque recoin du parc est propice aux échanges comme au potager où on apprend quels sont les légumes de saison que l’on trouve dans notre assiette. À côté, on y découvre des plantes aromatiques et médicinales.
En longeant le grand manège, où il est possible d’approcher de près les chevaux et les poneys, les visiteurs traversent le verger où sont plantés un grand nombre d’arbres fruitiers. « En ce qui concerne la pollinisation, pour parler du rôle des abeilles, nous avons placé des ruches à proximité. Une d’entre elles est vitrée pour montrer l’activité à l’intérieur. Cet endroit est animé par une personne de l’association l’Abeille finistérienne qui explique le fonctionnement d’une ruche. »
Les animaux se trouvent dans différentes pâtures tout au long du parcours et près de la mare. Le labyrinthe et son tunnel sont des endroits très appréciés des enfants tout comme le circuit qui se trouve à l’opposé et qui est accessible à vélo ou avec les tracteurs à pédales. Le fondateur du parc le souhaite évolutif, il envisage déjà d’y accueillir les collégiens et lycéens pour créer un lieu de rencontre avec la profession agricole et agroalimentaire. « L’idée est de parler d’agriculture, d’élevage, du conventionnel comme de la production biologique. Il faut mettre en avant l’importance de notre agriculture pour conserver une alimentation de qualité. »
Nicolas Goualan
Montrer la réalité des fermes de notre territoire
Didier Nicolas souhaite créer une exposition qui traite du renouvellement des générations dans les exploitations agricoles bretonnes. « Je veux sensibiliser et rassurer les visiteurs sur la réalité des fermes de notre territoire et prouver que l’on est loin d’avoir des fermes-usines comme certains le disent. Je pense aussi faire le lien entre notre agriculture et l’emploi que cela génère en Bretagne en allant jusqu’aux industries agroalimentaires. En parallèle, je veux décrire la dimension des élevages dans les autres pays européens et ailleurs dans le monde. Je veux aussi montrer les niveaux d’importations de viandes et produits agricoles pour parler de l’autosuffisance alimentaire. Enfin, je souhaite faire découvrir les différentes productions nouvelles en Bretagne pour montrer la diversité et la richesse de notre territoire. »