Grégory Bertel s’est installé en 2007 au Bois Hamon à Domloup. Représentant la 4e génération familiale sur la ferme, il a orienté le système en place vers davantage d’autonomie. « J’ai signé une MAEC SPE en 2015 », précise l’éleveur. Depuis un an, une conversion en agriculture biologique est réalisée. Sur la SAU de 65 ha, généralement 55 ha sont en prairies et 10 ha en céréales, pour l’autoconsommation et pour un marché de blé panifiable. « Il n’y a quasiment plus de maïs sur la ferme. »
Un nouvel écosystème s’installe
Après la guerre, du lait et du cidre étaient produits sur l’exploitation. À l’époque, pour rationaliser, de nombreux arbres et haies ont été retirés, il ne restait plus que 3 grandes parcelles sur la quarantaine d’hectares autour de la ferme. « Mon père s’est installé en 1968, puis a arrêté le lait en 1974. Des génisses laitières puis des taurillons ont été produits sur l’exploitation jusqu’en 1987. »
Les premières Limousines sont arrivés en 1977, avec une adhésion au herd-book dès le départ. « Quand j’ai repris l’exploitation, il y avait 35 vaches allaitantes limousines. J’ai refait un bâtiment et le cheptel a augmenté jusqu’à 60. Mais désormais, je vise plutôt 45 à 50 vaches pour un équilibre sur l’exploitation, en système naisseur. »
Trois lots, trois blocs de pâturage
Les bovins sont menés en trois lots : génisses, vaches en vêlages de printemps et vaches en vêlage d’automne. « J’ai choisi cette conduite dès mon installation pour arriver à un âge au premier vêlage de 2,5 ans. Chacun des lots est dans un bâtiment différent et dispose d’un bloc de pâturage. »
Sur les 40 ha autour du siège, l’éleveur a mis en place de l’agroforesterie intraparcellaire. « Les arbres délimitent des paddocks d’une journée, il y en a environ 70 en tout. Auparavant, chaque lot restait une semaine sur un grand paddock. Je suis passé en pâturage dynamique », indique Grégory Bertel qui a vu les GMQ s’accroître depuis, observés par le contrôle de performance avec Eilyps.
« Mon objectif est de conduire un système résilient enrichi par la biodiversité. Un nouvel écosystème se met en place », note l’éleveur. « Les arbres ont tellement d’atouts ! Ils apportent de l’ombre aux animaux, stockent du carbone, retiennent l’eau, attirent la pluie, peuvent produire du bois, des fruits… Certains alimenteront même les bovins en été. »
Nouvelles plantations avec des fruitiers
Les premières plantations, des haies et talus, ont été réalisées entre 2015 et 2017, grâce à des subventions du bassin versant. En 2022-2023, 35 ha ont été implantés en agroforesterie avec différentes essences : tilleul à petites feuilles, cormier, merisier, pommier sauvage, aulne de Corse. En 2024, 5 ha ont été ajoutés dont 50 % d’arbres fruitiers qui peuvent être greffés (pommiers, poiriers, châtaigniers et noyers).
« Une distance de 19 m sépare les lignes d’arbres avec 6 m entre chaque arbre sur la ligne. L’implantation de culture entre les rangées d’arbres n’est pas un problème. » Un écarteur de 2 m a été vissé sur chaque tuteur pour installer une clôture électrifiée de chaque côté des arbres. « Les fils électriques sont croisés, les vaches peuvent ainsi pâturer la bande enherbée sans abîmer les arbres. L’entretien est simplifié. »


Financement à 100 %
Les plantations ont été financées à 100 % ‘clef en main’ (toutes fournitures et prestations comprises : conception du projet, protection des plants, plantation, suivi des arbres pendant 3 ans…), par la mesure ‘Plantons des haies’ du Plan de relance en 2022, puis cette année par le ‘Pacte en faveur de la haie’. « Sans les subventions, je n’aurais jamais pu réaliser un tel projet », souligne Grégory Bertel.
Agnès Cussonneau
Un projet de ferme pédagogique
Une autre démarche en faveur de la biodiversité est en cours sur l’exploitation, concernant les circuits de l’eau, en lien avec Eaux & Vilaine. « Les drains ont été enlevés, des méandres vont être remis sur le cours d’eau, la mare va être transformée… », détaille Grégory Bertel. « Je souhaite également créer un atelier ‘ferme pédagogique’, j’ai suivi une formation pour cela. Plus globalement, j’aimerais mettre en avant la biodiversité sur l’exploitation, par exemple en lien avec la commune de Domloup ou avec le réseau Paysans de nature. » Il a récemment suivi deux autres formations, sur la biodiversité et sur la taille en agroforesterie. Adhérent de Cuma, membre du bureau du syndicat Limousin 35 et de diverses associations solidaires, l’éleveur a développé un réseau local riche. Sur la ferme, il accueille un apprenti.