Prévenir les incendies de fourrages stockés

Chaque été, les hangars agricoles de Bretagne sont en alerte : une botte de foin mal séchée, trop tassée ou stockée trop tôt peut suffire à provoquer un incendie aux conséquences dramatiques. Dans la région, les cas se multiplient à mesure que les températures augmentent et que les récoltes s’accélèrent. En 2024, plusieurs incendies ont été recensés dans le Finistère et les Côtes-d’Armor, touchant non seulement les bâtiments de stockage, mais aussi du matériel et des cheptels.

Du foin stocké dans un bâtiment - Illustration Prévenir les incendies de fourrages stockés
© Shutterstock

La prévention commence sur les champs. Le respect rigoureux des étapes de la fenaison est essentiel : fauchage, fanage, andainage, puis pressage dans les 24 à 48 heures si les conditions sont optimales. Un bon repère : la teneur en matière sèche (MS) du fourrage doit être supérieure à 84 %. Feuilles cassantes, tiges bien sèches, absence d’humidité au toucher… Autant de signes que la botte peut être pressée sans risque.

La clé : un fourrage bien sec et bien surveillé

À défaut, un fourrage trop vert ou mal séché entre en fermentation une fois stocké. Cette fermentation peut rapidement faire grimper la température au cœur des bottes à plus de 80 °C, seuil à partir duquel un incendie spontané peut se déclencher.

Des sondes connectées

Face à ces dangers, de plus en plus d’exploitants bretons investissent dans les sondes connectées qui permettent un suivi en temps réel de la température des bottes, un outil désormais incontournable pour éviter la catastrophe.

Piquées directement dans le cœur des balles, ces sondes mesurent la température toutes les heures. En cas de surchauffe (au-delà de 75 °C), une alerte est envoyée directement sur le mobile de l’agriculteur. L’identification de chaque sonde permet de localiser précisément la botte en surchauffe. Il est alors possible d’intervenir à temps, en détassant les bottes concernées et en favorisant l’aération.

Attention : si la température dépasse 80 °C, il est crucial de ne pas manipuler les bottes. Le simple fait de les bouger pourrait provoquer un embrasement. Dans ce cas, isolez les lieux, évacuez le matériel et prévenez immédiatement les secours.

Des aides pour s’équiper malgré la pénurie

Le marché mondial des semi-conducteurs, essentiel à la fabrication des sondes, reste sous tension. Les délais de livraison s’allongent. Pour cette raison, il est conseillé d’anticiper ses commandes avant la période de fenaison.

Groupama, via son réseau d’experts en prévention des risques agricoles, propose un accompagnement personnalisé aux exploitants souhaitant s’équiper.

Des pratiques de stockage à sécuriser

Outre le séchage et la surveillance, le stockage lui-même doit répondre à des critères stricts. Il est conseillé d’éloigner les balles des sources de chaleur et d’étincelles (postes électriques, moteurs thermiques), d’activer les coupe-batterie sur les engins agricoles, et de maintenir la zone propre, ventilée et dégagée de débris inflammables.

Segmenter les stocks, espacer les bâtiments (au moins 10 à 15 mètres selon les volumes stockés), installer des extincteurs vérifiés : autant de mesures simples qui peuvent limiter la propagation en cas de départ de feu.

Anticiper pour sécuriser la récolte

Il ne s’agit pas seulement de technologie : la prévention repose aussi sur l’organisation. Prévoir des zones de stockage distinctes, établir un calendrier précis des opérations de fenaison, contrôler manuellement la température en cas d’absence de sonde, ou encore limiter la hauteur d’empilement des bottes sont des gestes simples mais efficaces.

Les agriculteurs sont les premiers acteurs de leur sécurité. La transmission des bons réflexes, notamment aux jeunes installés, est également primordiale. Les Chambres d’agriculture et les assureurs comme Groupama peuvent jouer un rôle clé dans cette sensibilisation.

Chaque année, les incendies de fourrage causent des pertes estimées à plusieurs millions d’euros en Bretagne. Au-delà de la perte matérielle, ces sinistres affectent durement le moral des agriculteurs. En adoptant une démarche préventive, les exploitants protègent non seulement leur outil de production, mais aussi leur tranquillité d’esprit. La sécurité commence par l’anticipation : ne laissez pas le feu détruire une année de travail.


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