À côté des ornières laissées par le passage de tracteur de la veille, la chenillette ne laisse que des marques superficielles. Tout droit descendue des pistes de ski, la dameuse a été équipée pour un usage agricole tout-terrain. En effet, un distributeur d’engrais Sulky X36 avec coupure de tronçons a été fixé sur le plateau et une barre de guidage a été installée en cabine pour suivre l’avancée du chantier. La machine, qui appartient à l’ETA Solu’agri basée à Éréac (22), effectue ses premiers épandages bretons cette année.
C’est idéal pour le premier apport d’azote
Passer en zone humide
« Nous l’avons achetée d’occasion l’année dernière à un agriculteur du Maine-et-Loire », lance Quentin Douet, salarié de l’entreprise. « Le gros avantage de cet équipement, c’est son petit format et son poids. » Pesant environ 5 tonnes, la chenillette ne marque pas le sol et passe partout, même dans les fonds de parcelles détrempés. « C’est idéal pour le premier apport d’azote qui peut souvent être rendu difficile par la portance des sols à cette période de l’année », ajoute-t-il. Selon les conditions météo, elle servira aussi pour le 2e apport. Depuis le lancement de cette nouvelle activité, en février 2025, l’outil a parcouru environ 400 ha. Son débit de chantier est de 7 ha/h en moyenne. « Comparée à une prestation d’épandage classique avec un tracteur, celle-ci coûte 5 euros de plus à l’hectare », précise Quentin Douet.
Moins de trous, moins de casse
Ce mardi, le chantier s’est déroulé sur les parcelles du Gaec des Quatre Chemins, au Mené (22). La chenillette a épandu l’ammonitrate sur environ 25 ha de blé. « Nous la faisons passer sur les parcelles les moins portantes », explique Hugo Lucas, l’un des associés du Gaec. « C’est la 1re fois que nous faisons intervenir ce genre de matériel. D’habitude, nous utilisons notre propre épandeur. » Pour l’agriculteur, le passage de cet outil a aussi un impact sur toute la campagne. « Nous moissonnons nous-mêmes avec une batteuse équipée d’une coupe avancée. Quand on fait moins de trous dans les champs, on limite grandement les risques de casse et, par conséquent, les frais. Cela facilite aussi les passages de pulvérisateur et de tonne à lisier, et préserve les sols pour les futures implantations de colza. »
Alexis Jamet
Le porte-char est obligatoire
Peu adapté pour la route, l’engin nécessite un porte-char pour être déplacé entre deux chantiers. Concernant l’entretien, la chenillette est graissée tous les jours. Ses chenilles sont également tendues quotidiennement. « Cette machine demande un petit temps de prise en main », annonce Quentin Douet. « Le volant quart de tour est surprenant au départ. Cela ne ressemble ni à un tracteur, ni à une voiture. »