De l’herbe pour diversifier les rotations dans les parcelles éloignées

Au Gaec de Coat ar Guever à Milizac (29), l’orge a disparu dans l’assolement au profit de l’herbe pour une meilleure autonomie fourragère et limiter les intrants sur les cultures.

agriculteurs en formation dans une parcelle  - Illustration De l’herbe pour diversifier les rotations dans les parcelles éloignées
Visite du groupe Dephy sur la parcelle de Langoadec, au Gaec de Coat ar Guever à Milizac (29).

Intégrer de l’herbe dans des parcelles non accessibles pour casser les rotations. Les expérimentations mises en place à Trévarez ont intrigué Patrick Jacob, du Gaec de Coat ar Guever à Milizac (29). Et si c’était la solution pour casser la rotation maïs sur maïs dans les parcelles éloignées tout en visant l’autonomie fourragère ? Car depuis l’installation de son fils Charley en 2022, année de sécheresse qui s’est cumulée à l’augmentation du troupeau à 140 VL, les stocks fourragers sont un peu justes. Stressant pour « la charge mentale » des chefs d’exploitation… Alors, même si ce n’est pas la parcelle la plus éloignée, il se trouve qu’un champ d’une surface correspondant quasiment à celle jusqu’alors implantée en orge et en betterave de 6 ha, basée de surcroît sur le captage de Langoadec, pourrait y répondre.

Des fauches tous les 30 à 45 jours

À l’image du groupe Dephy qu’il a intégré à sa création en 2017, son leitmotiv est d’acquérir plus d’autonomie et de limiter les intrants. Le système alimentaire est basé sur les fourrages (41 ha maïs et 69 ha en herbe). « L’objectif est de faire le plus de lait possible par la ration de base et de réaliser le volume de lait supplémentaire suite à l’installation. » L’an dernier, sur ces six hectares, sept fauches ont été réalisées, produisant entre 10 et 12 tonnes de matière sèche par hectare d’un fourrage riche, avec une teneur en protéines autour de 20 % de MAT. L’ensilage d’herbe, coupé finement, est privilégié à l’enrubannage pour favoriser l’ingestion. « Ce choix est aussi le plus économique et limite l’usage du plastique. » L’hiver, l’ensilage d’herbe a pris une place plus importante dans la ration (4,5 kg MS d’ensilage d’herbe pour 15,5 kg d’ensilage de maïs et 3,4 kg de correcteur azoté). Cette stratégie a permis de fermer le silo un mois.

Avec les fauches successives, le rumex ne se développe pas

L’été, ils apportent de l’ensilage d’herbe (2-3 kg MS ensilage herbe avec 8-10 kg maïs) quand la pousse de l’herbe ralentit. La contrepartie ? Atteindre une qualité optimale nécessite des récoltes fréquentes, tous les 30 à 45 jours. « Même si on délègue la fauche à l’ETA, il faut bien organiser le chantier. On met 2 fauches dans le même silo », explique Charley Jacob. Autre conséquence : plus de paille produite et l’achat d’un aliment de production, la moitié de la récolte de l’orge étant précédemment échangée contre l’aliment des veaux et des génisses.

Zéro traitement pendant 3 ans

Le semis a été réalisé en octobre 2023 (passage de chisel, semoir et herse rotative, rouleau), avec un mélange fourrager (RGH, RGA, trèfle violet et géant/ RGI…). « Destinée uniquement à de la fauche, la parcelle a reçu un apport de d’engrais complet après la seconde coupe. Puis 2 apports de lisier après les 4e et 5e coupes. De l’ammonitrate est apporté en février dès que le sol est portant. » Le trèfle est toujours bien présent. Et la parcelle se maintient propre : avec les fauches successives, le rumex ne se développe pas. Et pendant 3 ans, ce sera une parcelle qui ne recevra aucun traitement.

Carole David

Binage sur le maïs

Pour l’orge, les pratiques avaient évolué dans le temps : suppression du régulateur et d’un fongicide. La démarche de baisse des produits phytosanitaires est en cours depuis longtemps. Maintenant, c’est au tour du maïs. Si l’itinéraire varie peu, depuis quelques années le binage a également trouvé sa place dans les parcelles peu caillouteuses et peu pentues. « Si la parcelle nécessite un rattrapage, un passage mécanique peut être intéressant, et on apprécie l’effet boostant du binage qu’on fait faire par ETA. Mais on doit avant tout garantir le rendement, on ne peut pas prendre trop de risque ! », insistent d’un commun accord les deux éleveurs.

Baisse des IFT et maintien des rendements

Opinion – Odile Le Du – Ingénieur réseau Dephy, Chambre d’agriculture

Le groupe Dephy nord 29 réunit 12 fermes (principalement laitières) dont les chefs d’exploitation font évoluer leurs pratiques en utilisant moins de produits phytosanitaires.

Les IFT (Indice de fréquence de traitement) herbicides ont diminué de 29 à 48 % (sur maïs, orge et blé) grâce notamment au désherbage mécanique et à l’amélioration des rotations.Tandis que l’IFT hors herbicides a diminué de 62 % sur orge grâce à un travail sur les choix de variétés, la suppression du régulateur et d’un fongicide dans la majorité des cas. Il faut souligner que ceci va de pair avec un maintien des rendements.


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