Evel’up à Plouédern, Eureden à Mellac, Altho à Saint-Gérand. Ces trois entités agricoles et agroalimentaires bretonnes ont été ciblées, chacune à leur manière, par le collectif FRITES, acronyme de Forces Révolutionnaires Intergalactiques et Territoriales En Sauce. Ce groupuscule croit peut-être manier l’humour en brandissant un nom aussi absurde que son mode d’action. Mais il n’y a rien de drôle là-dedans. Plutôt du cynisme. Quant à l’anonymat, il n’a jamais été une marque de courage.
Cette méthode d’action illustre une dérive inquiétante : la violence devient un mode d’expression ordinaire. Sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans les débats politiques où l’invective supplante l’échange, et sur la scène internationale où menaces et conflits se multiplient. Tout se passe comme si la bienséance se fissurait sans fard sous la pression des instincts archaïques.
La violence devient un mode d’expression ordinaire
Le paradoxe est flagrant : ces activistes prônent l’harmonie avec la nature et le respect d’autrui, mais choisissent la destruction et l’opprobre comme mode d’action. Cette dérive radicale dévoile toute la contradiction qu’incarnent ces opérations commando. Une contradiction qui dépasse nos frontières. En Allemagne, des activistes de Free the Soil ont bloqué des usines d’engrais. Aux Pays-Bas, des groupes radicaux opposés à l’élevage intensif ont attaqué des exploitations. Au Royaume-Uni, Extinction Rebellion a pris pour cible des marchés agroalimentaires. La Bretagne n’est donc pas une exception : partout en Europe, l’agriculture productive cristallise les tensions.
Mais au-delà du fracas, que proposent ces collectifs ? S’indigner est facile. Construire un modèle idéal, sinon idéaliste, l’est beaucoup moins. Critiquer l’existant sans offrir de vision nouvelle revient à refuser l’avenir.
