19741.hr - Illustration Une ferme à son image
Korantin Boennec dans son méteil fourrager.

Une ferme à son image

À 25 ans, Korantin Boennec s’est installé hors cadre familial sur une exploitation ligérienne. Tout le système a été modifié pour correspondre à sa vision de l’agriculture.

Korantin Boennec a toujours eu la fibre agricole. La passion a été transmise par ses grands-parents, qui élevaient des vaches laitières et des porcs à Plougourvest (29). « J’ai toujours voulu m’installer », annonce le jeune homme. « Quand j’étais plus jeune, je passais mon temps dans les fermes voisines ». Après avoir entamé un BTS agricole dans le Maine-et-Loire, il ressent néanmoins le besoin de mettre la main à la pâte, de « faire des choses plus concrètes ». Il travaille alors pendant 2 ans au service de remplacement, puis pendant 3 ans dans une entreprise de broyage et de compostage de déchets verts et enfin comme salarié agricole.

Hors cadre familial

« Quand ma compagne a terminé ses études d’infirmière, on a décidé que c’était le bon moment pour m’installer », raconte Korantin Boennec. Cependant, en raison de la forte pression foncière dans le Finistère, son choix se porte, après un an et plusieurs visites, sur une exploitation située à Soulvache (44). La ferme coche toutes les cases : des bâtiments fonctionnels, 30 ha accessibles autour de la stabulation et un troupeau de Normandes. « J’ai hésité à reprendre un troupeau allaitant mais je trouve le lait plus technique malgré l’astreinte plus élevée. De plus, je ne voulais pas de Prim’Holstein pour ne pas faire comme tout le monde ». Après une première rencontre avec ses cédants en février 2023, il commence à travailler sur la ferme en août 2023 via un stage de parrainage. Le jeune agriculteur est officiellement installé depuis le 29 mars 2024.

Changer le système

Son arrivée sur l’exploitation ligérienne provoque certains bouleversements, pas toujours faciles à accepter pour les cédants. « Ils étaient habitués à un système en routine depuis de nombreuses années », déclare Korantin Boennec. « J’ai senti qu’ils étaient réticents à mes idées. Il y a eu quelques moqueries ». Le jeune Finistérien a commencé par changer l’assolement. Adieu, blé, maïs ensilage, tourteau de colza. Il cultive désormais du maïs épi, « qui demande moins de correcteur azoté », du triticale, du méteil grain et deux variantes de méteil fourrager, semé en même temps que les prairies. 

J’ai senti qu’ils étaient réticents à mes idées

Le troupeau diminue légèrement et passe de 45 à 40 vaches laitières. Le cheptel produit environ 300 000 litres de lait par an. L’objectif de Korantin Boennec est de réduire les charges au maximum. Cela s’articule surtout autour des économies d’intrants et de l’optimisation du fourrage. « Il faut que mon méteil devienne un concentré et que le maïs épi apporte l’énergie. C’est comme cela qu’on devient autonome ».

Le jeune agriculteur s’inspire grandement des techniques de l’agriculture de conservation pour mener son système. La charrue est remplacée par des outils à dents travaillant plus superficiellement. Les sols sont couverts quasiment toute l’année. « Ce n’est pas le même métier », affirme Korantin Boennec. « Là, au moins, tu descends de ton tracteur et tu sondes ton sol avec une bêche pour voir l’activité de sa faune » 

Méteil et prairies semés ensemble

Un premier méteil fourrager est composé d’avoine, de pois et de vesce et est semé avec une prairie multi-espèces destinée au pâturage. Le deuxième contient quant à lui du seigle, de l’avoine, du triticale, du pois et de la vesce, et est implanté avec une prairie de fauche (RGH et trèfle violet). 

« L’entreprise est équipée d’un semoir Bednar à deux trémies. Le méteil est semé en ligne tandis que la prairie est semée à la volée. Cela me coûte 45 €/ha et j’ai juste à passer un coup de rouleau derrière ». 

Korantin Boennec a semé ses méteils début octobre 2023 sans labour. Aucune intervention n’a été réalisée depuis le semis. 

« Quand mes cédants ont vu l’aspect des cultures, cela les a interpellés. Dans le bon sens du terme », souligne le jeune homme.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article