Depuis 2006, New Holland travaille sur les énergies alternatives dans l’objectif de « réduire la dépendance aux énergies fossiles, d’améliorer l’empreinte carbone des utilisateurs et de favoriser les énergies produites par les agriculteurs », comme le souligne Nicolas Morel, responsable produit carburants alternatifs en France.
Le fabricant se positionne aujourd’hui comme leader sur ces nouvelles technologies avec notamment tous ses tracteurs récents homologués pour fonctionner avec des biodiesels (XTL/HVO), ne nécessitant aucune modification du moteur. « La production de ces carburants peut utiliser des cultures concurrençant l’alimentation, mais aujourd’hui l’essentiel provient de matières de récupération. » Le biométhane, pouvant notamment provenir des unités de méthanisation à la ferme, est une autre piste déployée sur le territoire national.
Un surcoût limité avec le biométhane
« Le biométhane n’émet pas de particules polluantes dans l’air et est disponible sur de nombreux territoires. Pour être transporté sur le tracteur, il peut être comprimé à 200 bars (bio-GNC), ou liquéfié à -160 °C (bio-GNL) pour réduire encore le volume nécessaire de réservoir et parvenir à une autonomie proche du diesel. »
« Le bilan carbone du biométhanes issu de la méthanisation est actuellement le meilleur, c’est le seul carburant pouvant présenter une empreinte carbone négative : quand il est issu d’effluents d’élevage. » Le surcoût d’équipement est limité à 25 % en méthane comprimé (plus simple à produire et utiliser), et à 30 % en méthane liquéfié. Des aides gouvernementales via un guichet France Agrimer peuvent neutraliser ce surcoût.
New Holland propose des tracteurs de 155 ch utilisant du Bio-GNC affichant des autonomies de 50 – 55 % par rapport au diesel, et va sortir en 2024 un modèle de 270 ch avec une autonomie portée à 70 – 75 % du diesel. « Il correspond bien aux agriculteurs méthaniseurs. » À l’avenir, ce tracteur pourra aussi utiliser du Bio-GNL qui triplera l’autonomie par rapport au biométhane comprimé.
Matériels de petite puissance en électrique
Du côté de l’électricité, plusieurs constructeurs se positionnent mais sur des matériels de petite puissance du fait de l’encombrement et du poids des batteries. « Un tracteur de 300 ch aurait besoin d’une batterie de plus de 6 000 L ou 9 t, ce qui doublerait le poids du tracteur. Le besoin de puissance lors des travaux au champ est permanent. Ainsi le tracteur a besoin, pour une journée, de trois fois plus de batterie qu’un camion de 40 t avec 500 km d’autonomie. » En effet, « le camion consomme peu d’énergie une fois la vitesse de croisière atteinte et recharge les batteries lors des freinages ou dans les descentes. »
Outre une minipelle de 1,5 t disponible depuis 2022, New Holland va proposer son T4 électrique de 75 ch à partir de 2024, conçu avec Monarch Tractor, start-up californienne dans laquelle il détient une participation.
« Sa largeur minimale est de 1,92 m. Il peut convenir aux arboriculteurs, maraîchers, paysagistes, collectivités, en élevage équin… Moins en polyculture-élevage. » La batterie se recharge en 4,5 heures sur un réseau électrique en triphasé 400 V, en 45 min avec un système de charge rapide. « L’autonomie (3 à 6 h) est encore un frein ainsi que son prix, 2 à 2,5 fois plus élevé que son équivalent en diesel. Mais les frais de fonctionnement, la recharge et la maintenance, sont réduits. »
Zéro émission, moins de bruit…
L’offre en tracteurs électriques va se massifier à l’avenir portée par des avantages certains : zéro émission, bruit très limité, moins de vibrations, autonomie énergétique possible. Sur le T4, une prise permet d’utiliser des outils électriques puissants à distance du réseau, un poste à souder par exemple. Il peut fournir de l’électricité comme un groupe électrogène en cas de coupure du réseau. Une vision panoramique à 360° sera disponible et la possibilité d’une conduite 100 % autonome (existant aux USA) va être évaluée en Europe.
