Edito - Illustration Terrain glissant

Terrain glissant

Soutenir la vente à perte, comme l’a fait la Première ministre, tient à certains égards de l’incitation à la délinquance économique. Si le législateur, élu par les Français, a interdit la pratique en 1963, c’est qu’il considérait qu’elle nuisait in fine au peuple. Et, de toute manière, il n’est point besoin de donner un blanc-seing pour que cette pratique s’exerce. Ce procédé est déjà à l’œuvre sous le fard de divers artifices dans de nombreux secteurs que l’on ne citera pas ici.

Faire baisser au plus vite les prix alimentaires en rayon

La loi Égalim 1 promulguée en 2018, confortée par Égalim 2 et 3, s’était fait le chantre de relations commerciales équilibrées dans le secteur agricole. Autrement dit l’opposé de ce que préconise Élisabeth Borne puisque Égalim propose « d’inverser la construction du prix » en partant d’un coût de production agricole  avec l’objectif de mieux répartir la valeur. A contrario de la vente à perte, ces lois interdisent des prix de cession abusivement bas et prévoient l’encadrement des promotions. Les résultats engrangés par cette disposition législative, certes souvent modestes pour l’agriculteur, sont reconnus assez unanimement. De plus, ces lois issues des États généraux de l’alimentation constituent normalement un garde-fou pour l’agriculteur en cette période d’inflation et de quête de pouvoir d’achat pour le consommateur. Jusque quand ? La présentation au conseil des ministres de cette semaine du projet de loi pour avancer les négociations commerciales entre distributeurs et industriels vise le même objectif que feu la vente à perte des carburants : faire baisser au plus vite les prix alimentaires en rayon pour préserver le pouvoir d’achat des Français. Les distributeurs se dresseront-ils à nouveau tels des chevaliers blancs, en protecteurs des agriculteurs cette fois ?


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article