17138.hr - Illustration La Holstein dans la peau
Animalière dans l’âme, Auriane Esvan s’épanouit à travailler au quotidien au plus près des vaches.

Dossier technique

La Holstein dans la peau

Auriane Esvan met tout son cœur et sa bonne humeur au quotidien au service d’un élevage de 300 vaches et, dès que possible, pour préparer des animaux pour les concours et transmettre sa passion.

« Avoir un métier au contact des vaches a toujours été une évidence », démarre Auriane Esvan. Depuis l’enfance, la jeune femme a « un truc » avec les animaux. À trois ou quatre ans déjà, elle inquiétait sa mère à courir au milieu des 70 vaches laitières et des 15 mères allaitantes de la ferme familiale de Plœmeur (56). C’est là, très tôt, aux côtés de son père Jean-Claude, qu’elle a attrapé le virus de l’élevage. Si la Morbihannaise a, un temps, imaginé faire carrière dans le secteur de l’équitation – « un univers compliqué » – ses premières amours l’ont vite rattrapée : « Dans le monde des vaches, les gens sont plus simples et accueillants, les maîtres de stage prennent davantage de temps pour expliquer… »

Une vie jamais loin des vaches

Après avoir obtenu un Bac STAV à la Touche à Ploërmel (56), puis un BTS Acse à Bréhoulou à Fouesnant (29), elle a fait ses premiers pas professionnels comme salariée au service de remplacement Seremor pendant deux ans. « Un job idéal pour apprendre à s’adapter rapidement. Il faut prendre des notes et piger vite. J’intervenais parfois sur deux fermes le même jour. En termes d’élevage, j’ai vu du bon, du moins bon, du génial… En peu de temps, cela m’a fait gagner énormément d’expérience. » La jeune femme a ensuite été salariée sur une exploitation durant trois ans. Sa curiosité et son envie de renforcer son savoir-faire l’ont ensuite poussée à évoluer vers un poste de conseillère développement en IPE (Insémination par l’éleveur) et Schéma chez Innoval. « J’effectuais le suivi des ventes de doses, des cuves dans les fermes, la formation des éleveurs et les accouplements des meilleures Holstein de mon secteur », détaille la passionnée de génétique. Malgré tout, quelque chose lui a vite manqué : « Le quotidien au plus près des vaches ! » 

Avoir un métier au contact des vaches a toujours été une évidence

Suivre 300 vaches comme responsable d’élevage  

À 26 ans, Auriane Esvan vient d’ouvrir un nouveau chapitre de son jeune parcours. En mars dernier, elle a enfilé le costume de responsable d’élevage à l’EARL de Saint-Doué à la Vraie Croix (56). Sur cet élevage de 300 vaches dont une partie en traite robotisée, elle n’aura pas le temps de s’ennuyer. Agrandissement du troupeau, développement de toitures photovoltaïques, mise en place d’une unité de méthanisation… En 20 ans, cette exploitation n’a jamais cessé d’évoluer. « Nous sommes trois associés cinquantenaires, il y a donc une certaine usure au fil des années, et nous manquons clairement de main-d’œuvre. Dans cette situation, nous avons sans doute négligé certains fondamentaux. Il y a donc énormément de boulot et des choses à rectifier autour des animaux », confie, lucide, Frédéric Le Garnec, l’un des propriétaires. « Pour relever ce gros challenge, nous avions besoin de quelqu’un de confiance. Une personne motivée et passionnée par l’élevage, capable de s’intéresser aussi bien au suivi de la reproduction, de l’alimentation ou du sanitaire. » Auriane doit ainsi apporter sang neuf et regard neuf. Ce rôle à responsabilité semble taillé pour elle. « En élevage, j’adore faire les choses de A à Z. Voir le petit veau que tu as fait naître démarrer en lait et enchaîner les lactations… », reprend-elle. 

Carte blanche pour tester

D’une certaine manière, à l’EARL, elle a carte blanche pour être force de proposition et expérimenter. La révision de l’élevage des veaux a été son premier chantier. « En arrivant, j’ai senti que quelque chose coinçait, que les génisses manquaient de développement. » La salariée a alors tout remis à plat avec Yohan Martin, technicien chez Sanders, pour passer à une buvée d’aliment d’allaitement par jour (avec un tableur précisant les quantités en fonction de l’âge) et un mash. « Les croissances sur la phase 0 – 6 mois semblent meilleures. »

Côté reproduction, Auriane travaille en cheville avec Patricia Magré, l’une des associés, qui détermine les animaux à réformer et Michel Lancien, technicien chez Prim’Holstein France, pour les accouplements. « Un travail d’équipe au service des animaux. » 

Vaches des jours ordinaires et vaches des grands jours 

Mais si Auriane aime les vaches les jours ordinaires, elle aime par-dessus tout les vaches des grandes occasions. Poussée par ses amis Yann et Cyrille Oliviero, éleveurs à Grand-Champ (56), elle avait sorti une vache, Gironde, au Régional de Pontivy en 2016. Un déclic. « J’ai commencé par donner des coups de main aux concours puis je me suis mis à clipper. » Pour progresser, elle s’est formée à l’École française des jeunes éleveurs (EFJE) à Ploërmel en 2018 puis à l’European young breeders school (EYBS) à Battice (Belgique) en 2022. « J’adore apprendre de nouveaux trucs pour le clippage ou la préparation. Une fois sur le ring, devant le juge, ce sont les détails qui finissent par peser dans la balance. » Dans ce monde de la préparation des vaches, les choses se font « petit à petit », raconte-t-elle. « Au départ, tu travailles avec une ou deux fermes. Puis, on te confie de plus en plus d’animaux venant d’élevages de plus en plus renommés. » Une forme de reconnaissance.

Sur le ring, devant le juge, ce sont les détails qui finissent par peser dans la balance

Pour autant, pour Auriane, ces moments doivent rimer avec convivialité et plaisir. Ils sont l’occasion de se retrouver entre amis autour des vaches à chouchouter en marge du passage sur le ring. « Au Space, toute la bande sera là. Une chose est sûre, nous n’allons pas beaucoup dormir. Je prépare un planning un peu militaire où chacun a son rôle à jouer, où les heures de lait de chaque vache sont précisées… Nos meilleurs souvenirs de jeunesse sont autour des concours », termine celle qui a la Holstein dans la peau, au sens propre comme au figuré. 

La préparation, une autre façon de voir les concours

« J’adore mettre en valeur une vache déjà bonne dans son troupeau. Mais attention, le clippage n’est rien sans une bonne préparation au préalable. » Tondre l’animal sélectionné, le laver une fois par semaine, le promener pour l’entraîner à la marche et créer un rapport de confiance, bien l’alimenter, déterminer les heures de lait pour remplir sa mamelle, le tondre à nouveau et enfin, dans la dernière ligne droite, le clipper… Auriane Esvan aime se retrousser les manches pour mener ce travail de l’ombre. « Ce boulot pendant deux mois en amont pour 15 minutes sur le ring, ce n’est pas cher payé », concède-t-elle en souriant. Mais c’est « une telle fierté » quand, à l’arrivée, « la vache gagne et que tu as tout fait ! ». La jeune femme a connu ces moments d’euphorie avec De Grégam Okachief (Chief Stan X Snowden Br) à l’EARL Oliviero (56), sacrée Réserve championne Adulte au Régional Holstein 2022 à Saint-Brieuc ou encore Prisma (Viral x Tequila), à la Ferme du Golfe, désignée Réserve grande championne du National Jersiaise au Space 2022. « Et quand ça ne gagne pas, ce n’est pas grave, si tu as fait le maximum pour que la vache soit au top », lâche, avec philosophie la Morbihannaise.


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