Minuscule

Edito - Illustration Minuscule

Des faiseurs – pour ne pas dire des manipulateurs – d’opinion ont aujourd’hui une telle hubris qu’ils se sentent légitimes de parler à la place des autres et plus particulièrement de ceux qui ont des « vies minuscules » comme ils disent. Des vies minuscules évidemment incarnées par les ouvriers, « les invisibles », les habitants de « seconde zone », et bien sûr les paysans. Condescendance ! Toujours avides de prendre le micro pour parler des autres, ils sont incapables d’écouter l’autre, de lui donner la parole. S’ils étaient plus humbles, ces porte-parole autodésignés verraient que ces « vies minuscules » qu’ils commentent ne sont que la caricature de leur miroir. Las.

Une prédisposition à avoir un avis sur tout

Leur prédisposition à avoir un avis sur tout les autorise à cavaler d’un sujet à l’autre tels des chevaliers blancs, adoubés d’un présumé halo de discernement nécessaire pour séparer le bon grain de l’ivraie. Leur propension à juger est encore plus grande quand il s’agit d’agriculture. Qu’importe leur connaissance approximative du sujet. Les poncifs qui tournent en boucle dans leur microcosme suffiraient à prendre la robe de fin lin du seigneur médiatique faisant basse justice. L’agriculture intensive ferait « mal aux corps et aux âmes » ? Au corps de ceux qui s’escriment à travailler en plein soleil ou sous la pluie pour livrer des salades fraîches le lendemain certainement… Mais pas à ceux qui oublient sur un plateau de studio climatisé que la société se nourrit à petit prix de l’agriculture intensive. Et que cette société n’est pas prête de changer comme le démontre la baisse de consommation alimentaire intimement liée à l’augmentation des prix. N’oublions pas : l’histoire de l’agriculture intensive tant décriée est d’abord l’histoire de la société tout entière plus que celle des agriculteurs sur lesquels l’opprobre pleut trop souvent. Qui sont les minuscules ?


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