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Les systèmes herbagers veulent s’adapter au climat

Une production fourragère plus précoce au printemps et plus tardive à l’automne. Voilà ce que prévoient les simulations pour les prochaines années. Les adhérents du Civam anticipent.

Le réchauffement climatique devrait provoquer un décalage de la pousse fourragère. La production hivernale pourrait représenter 15 % de la production annuelle, selon les spécialistes. La pousse de l’herbe serait nulle en été. Face à ces prévisions, les agriculteurs du Civam 56, adeptes des systèmes herbagers, anticipent en adaptant leurs assolements et la conduite des cultures et du troupeau. Forts de leurs résultats économiques, supérieurs aux moyennes (voir étude de groupe), certains d’entre eux faisaient part de leurs expériences la semaine dernière, à Saint-Malo des Trois Fontaines.

Mélanges céréaliers

Les mélanges céréales protéagineux se développent chez les éleveurs du groupe Civam 56. Leur cycle végétatif se situe en dehors des périodes de déficit hydrique. « Ils ne remplacent pas le maïs mais sont intéressants pour diversifier l’assolement », indique Ludovic Massard, de Buléon. « Les mélanges d’hiver, triticale-pois-avoine, ou de printemps, orge-pois, sont faciles à conduire (pas d’interventions après le semis) et donnent de bons rendements ». Le stade de récolte dépend de l’utilisation future.

« Si l’objectif est d’offrir du volume et de la fibre, un ensilage tardif, en fin juin, est préconisé. S’il s’agit d’apporter de la protéine dans une ration hivernale, il est préférable d’ensiler fin avril début mai ». Chez les éleveurs du groupe, en fonction de la stratégie adoptée, les rendements oscillent entre 7 et 14 tonnes de matière sèche. Les mélanges, récoltés en grains (30 à 60 q /ha), peuvent aussi être apportés sous forme de concentrés, pour les génisses ou les fraîches vêlées.  

Prairies multi-espèces

Les semis sous couvert de céréales se généralisent chez les agriculteurs du groupe. L’avoine est utilisée en majorité (entre 30 et 60 kg/ha) car elle est appétente et couvrante. Le méteil est également utilisé. Ces plantes sont récoltées au stade immature, fin mai début juin, et laissent la place à la prairie. La réussite du semis est, selon eux, plus sûre qu’en semis sans couvert (légumineuses bien installées). La sécurité fourragère est assurée, en première année, avec la récolte de l’avoine. La prairie reste propre pendant son implantation. Les prairie multi-espèces sont également plébiscitées pour leur bonne adaptation à l’hétérogénéité des sols et à leur production, mieux répartie sur l’année.

Exemples de mélanges observés chez les éleveurs du groupe, pour le pâturage : 10 kg de RGA, 5 kg de fétuque élevée, 1 kg de dactyle, 7 kg de trèfle violet et 2 kg de trèfle blanc. Pour les prairies de fauche le RGA est remplacé par du RGH. La luzerne peut également être incorporée à raison de 10 kg en mélange à 10 kg de RGA, 3 kg de dactyle et 5 kg de trèfles (blanc et hybrides). Ces mélanges ont une meilleure production que l’association RGA-trèfle blanc surtout si les conditions pédoclimatiques sont difficiles.

Sursemis de prairies

Certains éleveurs préfèrent effectuer un sursemis de prairies plutôt que de risquer un échec de semis en rénovation. Cette pratique permet de ne pas interrompre la production de manière prolongée et de faire vieillir les pâtures. Gwénaël Jagorel, de Mohon, réalise ses sursemis essentiellement au printemps. Il fait deux passages d’un outil (rangée de herses, d’ébouseuse et de dents) dans les deux sens. « L’appareil élimine les plantes qui s’arrachent facilement et aère la prairie ». Il sème ensuite son mélange de 15 à 20 kg de semences (trèfles et graminées) au semoir à céréales, avant un passage de rouleau. « Je ne fais pas d’économie de semence mais il y a moins d’interventions que pour un semis classique ».

[caption id=”attachment_29522″ align=”aligncenter” width=”720″]L'outil utilisé pour préparer le sursemis avec ses rangées de herse, d'ébouseuse et de dents. L’outil utilisé pour préparer le sursemis avec ses rangées de herse, d’ébouseuse et de dents.[/caption]

Chez ces adeptes des systèmes herbagers, les vaches sortent généralement toute l’année et peuvent dégrader la prairie à certains endroits. La technique permet de combler les trous éventuels, de resemer une espèce manquante (RGA, trèfles) ou d’en ajouter (plantain). Pour l’éleveur, les résultats ne sont pas toujours visibles rapidement mais satisfaisants dès la deuxième année. Chez lui, les prairies de plus de vingt ans ne sont pas rares. D’autres éleveurs témoignent de la difficulté d’implanter un RGA dans une parcelle où la fétuque est déjà trop compétitrice.

Période de pâturage

Tous les éleveurs du groupe tentent d’allonger la période de pâturage au maximum. Jean-François Orain, à Saint-Malo-des-Trois Fontaines, pratique un pâturage tournant toute l’année, avec respect du temps de repos hivernal. Les paddocks font 1 hectare, calibrés pour 1 à 1,5 jour. Les vaches entrent à 18 cm de hauteur d’herbe et sortent quand l’herbe est rasée. Le parcellaire groupé (64 ha accessibles sur les 74 ha de la ferme) permet de sortir les vaches même en hiver. « Il y a toujours un peu d’herbe et la santé des animaux s’en ressent », assure l’éleveur. Les 57 vaches produisent 5 100 litres, en moyenne, dans l’année.

Le coût alimentaire est de 37 €/1000 L dont 5 € de concentrés (mélange céréalier) pour un prix de vente du litre à 457 €/1000 L (chez Biolait). Les éleveurs du groupe font pâturer leurs vaches pendant 312 jours, en moyenne, en valorisant au maximum l’herbe d’automne qui peut représenter 25 % de la production annuelle (affouragement le soir, après pâturage). Ils essaient de prolonger le pâturage estival en intégrant des espèces résistantes dans les mélanges : luzerne, dactyle, fétuque élevée, plantain ou chicorée.

Moins de produits, plus de revenu

Le groupe d’une quinzaine d’éleveurs du Civam 56 dégage moins de chiffre d’affaires par UTH que la moyenne des éleveurs du Grand Ouest (données Rica). Par contre, leur coût alimentaire est de 63 €/ 1000 litres en moyenne contre 107 € pour les éleveurs de l’Ouest. Les charges de structures sont également bien inférieurs (presque deux fois moins d’annuités).


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