Edito - Illustration Bœuf émissaire

Bœuf émissaire

Voilà comment on remercie les herbivores ! Vertueux pour avoir prêté leur force de travail aux hommes, chauffé les chaumières de leur souffle et dispensé le lait de vie pendant des millénaires, les bovins sont aujourd’hui « bestia non grata ». Le dernier rapport du Sénat, qui à l’origine porte sur « Les soutiens publics aux éleveurs » de bovins, a mis le feu aux campagnes en « révélant » qu’il faudrait baisser le cheptel de 30 % d’ici 2030 pour fermer le robinet du méthane entérique. Sauf que ce n’est pas le Sénat qui a sorti cette solution drastique de son chapeau. En 2021, la France a en effet signé le Global Methane Pledge, autrement dit le Pacte mondial sur le méthane engageant à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici 2030.

Pas de bol pour Marguerite qui a le rot facile. Le bœuf émissaire est tout trouvé. Et comme en plus le méthane ne perdure qu’une dizaine d’années dans l’atmosphère contre une centaine d’années pour le CO2, cette solution est perçue comme idéale pour diminuer rapidement la concentration de gaz à effet de serre. Et, surtout, elle permet de différer les mesures impopulaires pour s’attaquer à la vraie cause du dérèglement climatique : la combustion des énergies fossiles responsable de 60 % des émissions. Bref, comme il y a 2000 ans, au temps de la grande détresse des Celtes, on ressort l’autel des sacrifices animaux pour implorer les dieux de secourir les humains qui préfèrent crier « mort-aux-vaches » que de renoncer aux grandes transhumances estivales en voiture ou en avion. Les données scientifiques prouvent, s’il le faut, qu’il s’agit bien de faire diversion en criant au loup dans la direction où se trouve la proie facile puisque les bovins ne sont en fait responsables que de 5 % des GES mondiaux. Un vrai tour de vache pour l’élevage…


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