Les couverts sur buttes d’automne structurent le sol

La couverture végétale des parcelles est le pivot de la stratégie du Gaec du Net. La culture de pomme de terre est une épreuve pour la structure du sol, ces couverts servent à la reconstruire. Éric Jégorel ne sème pas des couverts végétaux de façon « réglementaire », comme il aime le préciser. Autrement dit, l’implantation d’espèces végétales n’est pas pour l’exploitation basée à Évellys (56) une contrainte supplémentaire, mais une force. Au Gaec du Net, les 110 ha de SAU se composent d’herbe et de maïs en partie ensilé pour nourrir le troupeau de vaches laitières, le reste de la sole comprend des céréales, des haricots et des plants de pomme de terre. Pour cette dernière culture, l’itinéraire technique impose des bouleversements de la structure, en amont de la plantation par un billonnage et un tamisage, ou encore à la récolte. Pour garder une structure correcte et une bonne stabilité structurale, les producteurs mènent différents essais en collaboration avec Bretagne Plants. Dans l’un d’entre eux, les buttes d’automne sont recouvertes d’un couvert végétal. Concrètement, la culture de plants de pomme de terre, en tête de rotation, succède à un haricot récolté vers le 20 septembre. À l’automne, « j’épands de la féverole à l’épandeur d’engrais avant billonnage. Le semoir à céréales sème sur les billons de la phacélie, du radis chinois, et du trèfle d’Alexandrie ». Le mélange ne doit pas contenir de graminées sous peine de rendre plus difficile le tamisage de printemps. L’objectif de ce couvert est de capter les reliquats très riches d’après haricot, de travailler le sol grâce aux racines des couverts. « Je sème toujours mes couverts avec 50 % de graine de plus que la dose recommandée, afin de réinjecter du carbone dans le sol. Augmenter la densité a un coût ; mais si on s’applique à bien semer comme une culture, on s’y retrouve ». Un sol sain pour des plantes saines La destruction précoce de ces couverts sur butte d’automne en février a été laissée de côté par Éric Jégorel, qui préfère désormais laisser plus longtemps les plantes en place. « En février, les conditions de ressuyage ne sont jamais bonnes, on fait plus de mal que de bien en cassant une partie du travail réalisé par les racines. Je préfère les couverts qui vont plus loin dans le temps car ils captent au maximum l’énergie de la photosynthèse, ce sont plus d’éléments restitués au sol. Le salissement est également réduit ». Cette année, à cause de gelées au mois de décembre, les végétaux ont naturellement été détruits tôt. « Les éléments ne sont pas perdus, mais l’effet structurant sera moindre ». En 2022, un couvert laissé tardivement jusqu’au 15 mars avait produit 5 t MS/ha. Après un broyage et une incorporation superficielle, ce mulch a été laissé en surface quelques jours pour le laisser se dégrader. Le labour a été écarté avant plantation de pomme de terre, au risque d’enfouir ces matières végétales qui, « en conditions anaérobies, auraient été source de pathogènes. Il faut un sol sain pour des plantes saines, et des plantes saines pour un sol sain ». Deux passages de canadien ont suffi, les racines de pomme de terre sont descendues plus profondément. Une espèce à proscrire Dans le choix d’espèce de ses couverts, l’agriculteur préfère ne pas utiliser « de moutarde blanche. Entre une culture de haricot et de pomme de terre, elle va prendre le dessus sur toutes les autres espèces car son cycle est très rapide ». Le producteur a constaté une attaque « carabinée de rhizoctone sur tige » l’année où cette moutarde blanche avait été introduite. Si l’activité biologique est favorisée avec la présence de ces couverts, comme en témoigne la présence de vers de terre quand on arrache un plant de féverole, la disponibilité des oligo-éléments n’est pas en reste. « La pomme de terre a des besoins en bore et en manganèse. Le couvert rend disponible ces éléments qui peuvent être bloqués dans le sol, on peut faire des économies très importantes de fertilisant. Dans une analyse de terre, je préfère avoir un sol moyennement pourvu mais équilibré en éléments ». Aussi, pour mieux connaître l’état de santé de ses champs composés de limons fragiles, le Morbihannais réalise régulièrement des tests à la bêche et des profils avec la fourche du tracteur. « On peut voir les échanges qu’il y a entre les différents horizons, les racines descendent en profondeur ». La pomme de terre revient tous les 5 ans dans la rotation. Et l’observation se poursuit en étant attentif à la présence de plantes bio-indicatrices : les mourons témoignent « d’un bon état de la structure et de fertilité, la renoncule est signe d’une terre hydromorphe. Le rumex nous apprend que le sol est compacté, comme le lamier pourpre ».

Les couverts sur buttes d’automne structurent le sol

Gaec du Net, Évellys (56)

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