Les enjeux énergétiques au cœur des débats

Autoconsommation énergétique, agrivoltaïsme, photovoltaïque au sol... Voici une partie des thèmes abordés lors de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs des Côtes d’Armor mardi 28 mars à Plérin. « Le gouvernement français avec la nouvelle loi énergies, souhaite faire en sorte que les énergies renouvelables prennent davantage d’importance dans les années à venir. Le secteur agricole peut avoir une place importante dans les réflexions et actions à mener. De par sa recherche en autonomie mais également dans une orientation d’opportunité pour nos exploitations en alliant production agricole et production d’énergie nommées aussi agrivoltaïsme », lance Florian Gaultier, président des Jeunes Agriculteurs des Côtes d’Armor lors de l’assemblée générale du syndicat qui s’est déroulée à Plérin le 28 mars. Le tracker est devenu rapidement rentable « Nous avons choisi ce thème de l’énergie car nous sommes tous confrontés à la flambée des coûts sur nos exploitations et notamment celui de l’électricité. Avec plus de 2000 heures d’ensoleillement en Bretagne l’an dernier, le photovoltaïque est une vraie solution sur nos exploitations. De plus, l’arrivée de nouveaux contrats de rachat nous permet d’autoconsommer l’électricité produite tout en revendant le surplus de production à un tarif intéressant », indique Gwénolé Corbel, éleveur et adhérent à JA 22. Certains agriculteurs avaient anticipé cette augmentation du prix de l’électricité sans penser que cela attendrait ces niveaux si rapidement. À l’instar de Antoine Defains qui s’est installé en production porcine sur la commune de Penguily en 2019. « Nous avons fait le choix d’installer un tracker solaire en 2020 pour faire des économies d’énergie sur l’élevage. C’est aussi un choix éthique pour préserver le foncier et donner une bonne image du milieu agricole. De plus le tracker est aussi très facile à installer. » Le tracker solaire couvre aujourd’hui 21,43 % de la consommation électrique de l’exploitation. Sa mise en place a nécessité un crédit de 51 000 € sur 10 ans soit une annuité de 5 356 €. L’économie sur la facture d’électricité sur cette période était de 3 230 € soit un retour sur investissement négatif de 2 126 € sur ces 12 mois. « L’étude économique avant installation nous prévoyait un retour sur investissement négatif durant les premières années. C’était un investissement sur le long terme avec la perspective d’une augmentation du prix de l’électricité. Aujourd’hui, avec les nouveaux tarifs de l’électricité multipliés par plus de 2, le tracker confirme son intérêt avec un retour sur investissement désormais positif. » Le photovoltaïque au sol et l’agrivoltaïsme ont aussi suscité de nombreux débats. Attention au démarchage pour couvrir les parcours en pondeuses Gabrielle Le Dantec, adhérente des JA 22 a défini les contours de l’agrivoltaïsme : « Cela concerne une installation qui apporte directement à la parcelle au moins un des services suivants : amélioration du potentiel et de l’impact agronomique, adaptation au changement climatique, protection contre les aléas climatiques, amélioration du bien-être animal. Cela doit garantir à l’agriculteur une production agricole significative et un revenu durable. » Les représentants des JA 22 ont aussi effectué des mises en garde sur d’éventuels risques et dérives. Ils ont évoqué les problèmes de transmission qui peuvent arriver lors d’une installation de panneaux photovoltaïques au sol portée par un tiers, l’artificialisation des sols si cela n’est pas bien encadré, les entreprises qui démarchent les éleveurs de pondeuses pour couvrir les parcours et investir à la place de l’éleveur en ne lui laissant qu’un maigre loyer… Jérémy Labbé, membre du conseil d’administration des JA national a donné la position du syndicat : « Nous sommes plutôt défavorables au développement du photovoltaïque au sol sur des terres agricoles. Concernant l’agrivoltaïsme il faut que cela se fasse de façon raisonnée. La production agricole doit rester dominante mais nous voyons bien que la vente d’énergie sera plus rentable, cela nous fait donc peur. » Didier Lucas, président de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor rebondit : « On nous annonce un besoin de 1 000 ha de photovoltaïque au sol en Bretagne dans les années à venir. Il faudra 1 000 projets de 1 ha pour que les agriculteurs restent les investisseurs et que l’on apporte de la valeur ajoutée chez le plus grand nombre. »

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