Installations diversifiées : Une agriculture, de nouveaux visages

Alors que les profils des candidats à l’installation évoluent rapidement, Jeunes Agriculteurs de Bretagne s’est interrogé sur cette mutation qui change peu à peu le paysage agricole. Jeunes Agriculteurs de Bretagne (JAB) s’est rassemblé en assemblée générale, jeudi 31 mars, à Quessoy (22). Au cœur des débats, son leitmotiv, l’installation. « Il y a une énorme évolution des profils qui souhaitent se diriger vers l’agriculture en France. Avant, tout le monde était issu du milieu et les exceptions en étaient généralement très proches », démarrait François-Étienne Mercier, 33 ans, installé en grandes cultures en Meurthe-et-Moselle. 48 % d’installés hors-cadre familial en 2021 « Aujourd’hui, les candidats viennent de tous les milieux et arrivent avec de nouvelles attentes, de nouvelles envies. Comment favoriser la transmission des exploitations autour de ces nouveaux profils ? On constate d’ailleurs aussi des difficultés de compréhension entre les générations, y compris dans le cadre familial… », précisait le vice-président de JA National. La Bretagne n’échappe pas au phénomène. Didier Miossec, administrateur à JAB, rappelait que la part des projets hors « grandes filières » s’accroît constamment. Une tendance encore renforcée par la crise de la Covid-19. En 2021, les 2 478 appels au Point accueil installation (contre 2 085 en 2020) concernaient 73 % de personnes non issues du milieu agricole ou Nima, 42 % de femmes, 31 % de gens sans diplôme agricole, 35 % de projets de création, 31 % projetant de s’installer en bio, 41 % en circuits courts, 18 % en transformation… Derrière ces envies d’agriculture, la mutation se ressent aussi dans les projets qui se concrétisent. « Sur 507 installations aidées en Bretagne en 2021, on compte 48 % de hors cadre familial et 41 % de non issus du milieu agricole, contre respectivement 37 % et 31 % en 2017. L’évolution est très rapide. » La production laitière reste à la première place, mais derrière, la diversification est clairement là. La place des projets en maraîchage, vergers, horticulture, ovins, caprins, équins augmente. Des activités très marginales en Bretagne émergent également : apiculture, viticulture, fungiculture, héliciculture… Querelle agricole des Classiques et des Modernes Dans les campagnes, certains anciens n’aiment pas voir une ferme laitière démantelée pour installer 2 ou 3 projets plus petits et moins classiques. D’autres « historiques » se plaignent des montants de DJA accordés aux projets « atypiques » qui réclament souvent « beaucoup moins de capitaux et de risques » par rapport à ceux en filières d’élevage traditionnelles notamment. Dans cette querelle des anciens et des modernes, JAB prend du recul et s’interroge : cette agriculture de plus en plus diversifiée est-elle une force pour la Bretagne ? Tenant à rappeler que cette diversité est vue comme une « très bonne chose » à JA National, François-Étienne Mercier mettait aussitôt les pieds dans le plat. « Attention à ce mot ‘atypique’ souvent connoté négativement. Quelqu’un qui s’installe en vignes chez moi ou en céréales dans l’Hérault est un ‘atypique’. Mais l’inverse serait une installation tout à fait classique ou conventionnelle… Aujourd’hui, disons plutôt qu’il y a de plus en plus de projets innovants qu’on ne maîtrisait pas avant. » Des installations nouvelles prenant tellement de place dans les chiffres et les territoires qu’elles sont finalement de moins en moins originales. « Étudier toutes les opportunités d’installation » Pour autant, pour Jimmy Guérin, secrétaire général de JA Bretagne et producteur de viande bovine et de céréales en Ille-et-Vilaine, dans ce vent du changement, le bon équilibre doit être trouvé « car il faut maintenir le système de polyculture-élevage breton qui est de plus en plus mis à mal. » La conseillère régionale Adeline Yon-Berthelot, éleveuse de Limousines dans les Côtes d’Armor qui porte l’ambition de la Région d’atteindre prochainement les 1 000 installations par an confirmait : « La Bretagne doit effectivement, en premier lieu, rester une région d’élevage et de projets viables et génératrice d’emplois. » Réaliste, Dominique Trubert, éleveur en Ille-et-Vilaine et président de la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole, terminait : « Face au très grand nombre de départs actuellement, nous avons le devoir de recevoir tous les porteurs de projets, d’étudier toutes les opportunités d’installations, du moment qu’elles soient humainement vivables, économiquement viables et écologiquement durables. »

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