11409.hr - Illustration L’herbe doit encore patienter
Ensilée ou enrubannée, la luzerne perd de la valeur et semble moins intéressante que le trèfle dans l’alimentation des porcs.

L’herbe doit encore patienter

L’idée d’accroître l’autonomie protéique en incorporant du trèfle ou de la luzerne dans les rations des porcs est séduisante. De nombreux freins existent.

Des essais ont été menés à la station expérimentale de Crecom (22) visant à remplacer une partie de l’aliment finition (après 102 jours d’âge) par de l’ensilage de luzerne. Trois rations ont été testées sur trois lots d’animaux (288 porcs au total) : l’une ne comprenait que de l’aliment standard (lot témoin), les deux autres avaient respectivement 10 % et 20 % de luzerne ensilée. Les trois aliments avaient le même niveau d’énergie au kilo. Les performances zootechniques des charcutiers, présentés aux JRP, sont défavorables à la luzerne. Le GMQ (de 102 kg à l’abattage) est dégradé par rapport au lot témoin, surtout avec 20 % d’ensilage (825 g/j vs 916 g/j). L’indice de consommation s’élève avec la part de luzerne, comme le coût du kilo de croît. « Il ne faut pas dépasser 10 % d’ensilage », prévient Constance Drique, de la Chambre d’agriculture. « La luzerne est appéte nte mais ses qualités nutritionnelles ne sont pas optimales. Il y a peu d’acides aminés digestibles et, surtout, la qualité des ensilages est très variable ». L’ensilage était à 61,9 % de matière sèche (trop élevé) et à 17,8 % de protéines brutes (57 % d’N protéique/N total). « Il y a un phénomène de protéolyse lors de la fabrication de l’ensilage avec une réduction d’environ 70 % des acides aminés essentiels présents au moment de la récolte. Par ailleurs, l’ensilage plante entière augmente la part de fibres non digestibles ».

RGA-trèfle performant

Un deuxième essai a été mené avec des fourrages enrubannés (trèfle-RGA et luzerne) sur 258 animaux, répartis en trois lots, à 60 jours d’âge. Le premier lot (témoin) avait une alimentation classique* (croissance et finition). Les deux autres avaient 95 % des aliments de ce plan d’alimentation et, soit de l’enrubannage de luzerne, soit du trèfle-RGA enrubanné, à volonté dans les deux cas. Ces fourrages étaient respectivement à 47,5 % et 51,9 % de matière sèche et à 22,4 % et 14,8 % de protéines brutes. Les porcs ont consommé 173 g/j de MS de luzerne et 110 g/j de RGA-trèfle. « Le GMQ est dégradé avec de l’enrubannage de luzerne sur la phase de croissance (pas en finition) par rapport au lot témoin ; le TMP est supérieur ». Les performances sont plus intéressantes avec le mélange RGA-trèfle : « Il n’y a pas de perte de GMQ ; il y a davantage d’acides aminés (que dans la luzerne). L’azote protéique représente 72 % de l’azote total contre 35 % dans la luzerne enrubannée (potentielle action protectrice de la polyphénol oxydase contre le phénomène de protéolyse dans l’enrubannage RGA-trèfle). Un tel rationnement alimentaire peut être appliqué sur des porcs jeunes ». Par ailleurs, les animaux sont plus calmes quand ils consomment des fourrages ce qui favorise le bien-être animal.

Distribution difficile

Au-delà de l’aspect zootechnique, des questions se posent à l’échelle de l’exploitation. « Quel est le gain réel d’autonomie protéique s’il y a moins de céréales dans l’assolement ? ». À Crecom, des difficultés d’évacuation du lisier ont été signalées. Le temps de travail lié à l’ensilage, au désilage et à la distribution (manuelle dans les essais) n’est pas négligeable. Des systèmes de distribution automatisés devront être élaborés pour voir des fourrages dans les rations des charcutiers ; dans un premier temps, dans des modèles d’élevages alternatifs. 

*Aliment croissance : 9,5 MJ EN / kg ; 0,85 g Lys dig/MJ EN et aliment finition : 9,5 MJ EN/kg ; 0,76 Lys dig/MJ EN.


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