sans titre 1 - Illustration Les vaches suivies à la trace au pâturage
Lors de l’essai à la ferme expérimentale de Derval (44), des vaches ont été équipées à la fois d’un collier GPS et d’un podomètre pour éprouver la méthode de mesure du temps d’accès à l’extérieur à partir de données de géolocalisation.

Les vaches suivies à la trace au pâturage

Des chercheurs travaillent sur un dispositif de mesure automatisée du temps passé par les animaux à l’herbe grâce à la technologie GPS.

[caption id=”attachment_53748″ align=”alignright” width=”302″]55552042 312389012792558 9168247643439104 n (1) Mise en place d’un collier GPS avant le lancement de l’essai.[/caption]

Depuis quelques années, les démarches de « laits dits de pâturage » fleurissent dans les rayons des magasins en France. Pour se démarquer, certains acteurs de la filière promettent ainsi aux consommateurs un produit issu de troupeaux où les vaches ont profité substantiellement d’une alimentation à la prairie. Ces références commerciales s’appuient sur le respect d’un temps minimum passé à l’herbe. Par exemple, le référentiel de l’association « Lait de Pâturage », née en Bretagne en 2017, garantit 150 jours de pâturage en moyenne par an.

La géolocalisation des animaux toutes les 11 minutes

Plus globalement, on entend souvent parler d’un minimum de 120 jours par an et 6 heures par jour au pâturage dans le cadre de ces démarches. « Mais en réalité, si on fait le tour du marché, une variabilité importante allant de 90 à 200 jours annuels est constatée  », rapporte Clément Allain, chef de projet Élevage de précision à l’Idele, qui rapportait cet hiver à l’occasion des Journées 3R (Rencontres autour des recherches sur les ruminants) les résultats de travaux menés dans le cadre des projets Smart Élevage et Cattle Chain et des mémoires ingénieurs des étudiantes Coralie Charpentier et Wendie Lonis. « Sur le terrain, l’objectivation du respect des différents cahiers des charges s’appuie sur du déclaratif éleveur, soit par des audits en élevage, soit par l’analyse d’un planning de pâturage. Dans les deux cas, cela pose des problèmes d’activité chronophage pour le producteur ou de risque d’imprécision dans le suivi. »

Les chercheurs se sont alors demandé s’il était possible de relever de manière automatisée le temps réel passé à l’herbe par les animaux en s’appuyant sur l’utilisation de colliers GPS. « Ces outils fournissent toutes les 11 minutes les géolocalisations des animaux.  » À partir de ces données de géolocalisation, l’application d’algorithmes de détection doit permettre de différencier les emplacements du bâtiment et des prairies « pour en déduire ensuite la position du paddock pâturé, mais aussi le nombre d’heures par jour et le nombre de jours par an pâturés  ».

Des podomètres pour construire la référence

Pour pouvoir éprouver la méthode imaginée, un essai a été mis en place à la ferme expérimentale de Derval (44). Parmi les 70 vaches de ce troupeau conduit en traite robotisée, 9 ont été équipées de colliers GPS. Au cours de l’étude, ces animaux ont pâturé 56 jours dans un dispositif de pâturage tournant. « Pour avoir des informations précises et connaître le temps réel d’accès à l’extérieur, c’est-à-dire notre référence servant de gold standard, nous avons aussi utilisé sur les vaches des podomètres d’identification qui étaient détectés par une antenne en sortie ou en entrée de bâtiment  », précise Clément Allain.

Puis, les chercheurs ont eu recours à l’algorithme DB Scan qui fonctionne à partir de la densité des points de géolocalisation. « La densité étant plus forte en bâtiment que dans les pâtures, nous avons pu détecter ce que nous supposions être le bâtiment par rapport à ce que nous supposions être les pâtures. Nous avons notamment constaté que le centre du bâtiment était très précisément détecté », explique Clément Allain.
À l’arrivée, le travail de valorisation des données GPS a donné lieu à une corrélation statistique « somme toute assez correcte  » entre le temps estimé et le temps de référence d’accès à l’extérieur. « Même si malgré tout, nous avons constaté une erreur de prédiction de 91 minutes avec une surestimation quasi systématique de notre méthode concernant le temps d’accès à l’extérieur  », rapporte le spécialiste. Avant de préciser : « Cela étant, par rapport au seuil des 6 heures minimum de pâturage par jour, nous avons obtenu 93 % de bonnes classifications.  »

Pour aller plus loin, les chercheurs se sont aussi interrogés sur le nombre de vaches devant être équipées d’un système GPS pour obtenir des données fiables. Premiers résultats : « Si l’on veut savoir si l’ensemble du troupeau a bien pâturé au moins 6 heures dans la journée, 6 colliers sont nécessaires. En revanche, 2  colliers suffisent pour s’assurer que le temps d’accès à l’herbe réclamé par le cahier des charges sur la totalité de la saison de pâturage a été respecté.  » Pour conclure, Clément Allain estime que la méthode mise en œuvre est « prometteuse » concernant la traçabilité du temps d’accès des animaux à l’extérieur.

Affiner la méthode dans d’autres exploitations

L’équipe de l’Idele souhaite dupliquer cet essai dans d’autres exploitations et dans d’autres conditions. « Il y a quelques imprécisions à gommer. Nous avons notamment des pistes pour améliorer la précision de la géolocalisation en bâtiment  », confie Clément Allain. Les chercheurs souhaitent également confirmer certains éléments comme le nombre de colliers nécessaires pour prédire ce temps d’accès à l’extérieur. « Et pourquoi pas chercher à utiliser d’autres technologies moins onéreuses à la place du GPS.  » Enfin, pour aller plus loin, les spécialistes imaginent pouvoir proposer d’autres services associés à ce suivi du temps d’accès à l’extérieur, « notamment l’automatisation de la gestion du calendrier de pâturage à partir des données GPS ».


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