7589.hr - Illustration Les agriculteurs sortent les fusils
De gauche à droite : Christophe Guillouzouic, Gwenaël Le Luel, Anne-Françoise Le Bihan et Joël Walkenäere.

Les agriculteurs sortent les fusils

Le nombre de chasseurs diminue. Le gros gibier pullule. Le permis de chasser à 0 € encourage les agriculteurs à limiter, eux-mêmes, l’expansion de la faune sauvage qui occasionne des dégâts aux cultures.

Quatre hectares de maïs ravagés par des sangliers et resemés dans la foulée, en mai 2019. Christophe Guillouzouic, éleveur laitier à Questembert, a vu rouge. « Cette perte a été un déclic. J’ai suivi une formation et passé le permis de chasser ». Le jeune éleveur, qui n’avait jamais été attiré par la chasse, en a fait un loisir. « J’ai suivi des sessions de formation à la manipulation des armes à Vannes, effectué des exercices pratiques à Saint-Jean-Brévelay  ». Huit heures en groupe, pris en charge par la fédération de chasse du Morbihan pour 500 € environ, auxquels il faut ajouter un travail individuel, sur la réglementation notamment. Aucune dépense pour l’éleveur, sinon l’achat d’un fusil depuis l’obtention du permis (entre 200 € pour une arme d’occasion et 1 000 € pour une flambant neuve). L’opération, initiée par la FDSEA et relayée par les chasseurs, a séduit 22 agriculteurs en 2019 et 16 en 2020, malgré la crise sanitaire. Une nouvelle session de formation est programmée en février 2021. 24 agriculteurs sont déjà inscrits.

Peu d’agriculteurs chasseurs

En 2000, 26 % des chasseurs français étaient des agriculteurs ; aujourd’hui, ils ne représentent que 8 %. « Ils ont moins de temps », estime Gwenaël Le Luel, en charge du dossier chasse à la FDSEA. La raréfaction des lapins, perdrix et faisans sauvages est une autre raison du manque d’intérêt des agriculteurs. Par contre, les sangliers et les chevreuils prolifèrent. Les premiers, essentiellement cantonnés au sud du département, investissent désormais les campagnes du nord.
« Le fait de former des agriculteurs est positif  », assure Joël Walkenäere, administrateur de la fédération des chasseurs, qui ajoute, un brin provocateur : « Ils se rendront compte qu’il n’est pas toujours aisé de tirer des sangliers ». Trois mille d’entre eux ont été prélevés en 2019 dans le département (1 500 en 2015).

Chevreuils sur légumes

8 500 bracelets ont été accordés pour éliminer des chevreuils sur l’année en cours. Anne-Françoise Le Bihan, agricultrice à Nostang, rappelle que le cervidé est responsable de dégâts en légumes de plein champ. Elle aussi vient d’obtenir son permis de chasse à 0 €. « Je pourrai désormais accompagner mon mari ». Les deux fédérations se réjouissent du succès de l’opération, susceptible, selon elles, de recréer un lien quasiment disparu entre agriculteurs et chasseurs.

L’examen du permis

Depuis le 1er janvier 2014, le candidat reçoit une convocation pour une épreuve qui se déroule en une seule séance composée en premier lieu des exercices pratiques, puis, en cas de réussite, des questions théoriques. En cas d’échec, à l’une des deux épreuves, le candidat doit déposer un nouveau dossier d’inscription et se présenter à une nouvelle session. Les candidats sont préparés par une formation obligatoire dispensée par les services techniques de la fédération de chasse : une demi-journée de théorie et une demi-journée de pratique.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article