5522.hr - Illustration Des légumes en planches permanentes
Florian et Sylvain Tilly dans la serre de 250 m2.

Des légumes en planches permanentes

Florian Tilly s’est lancé prudemment dans le maraîchage diversifié sur sol vivant en février, en conservant un travail à mi-temps. Ses légumes cultivés en planches permanentes sont vendus en direct à la ferme. Le succès est au rendez-vous.

Florian et Sylvain sont fils d’entrepreneur de travaux agricole à Plouguiel (22). Si les deux garçons ont baigné dans le matériel depuis leur plus jeune âge, les gros tracteurs et autres moissonneuses-batteuses ne les ont jamais vraiment attirés. « Le travail d’entrepreneur est très compliqué et je pense que notre père n’avait pas forcément envie que l’on reprenne l’ETA », raconte Florian, 26 ans, l’aîné de la fratrie. Après ses études d’ingénieur agronome réalisées à Renne, il est embauché par l’entreprise Olmix dans laquelle il a fait son stage de fin d’études de 6 mois. « Mon job est de développer des produits innovants  à base d’algues pour stimuler la croissance des plantes et améliorer leur capacité à résister au stress. »

[caption id=”attachment_46805″ align=”aligncenter” width=”720″]5524.hr Après la récolte des salades, la toile tissée sera déplacée sur une nouvelle planche pour assurer une bonne rotation des cultures. Entre les planches, un mélange trèfle rouge/luzerne/ray-grass est implanté pour éviter le salissement.[/caption]

Développer un projet vertueux

Bien que son travail le passionne, Florian avait envie de changement et d’entreprendre. « Je voulais développer un projet qui soit vertueux pour l’environnement. Depuis plus d’un an je m’intéresse au maraîchage diversifié en lisant, en regardant des vidéos sur Internet et en discutant avec des amis. » Il a averti son employeur l’été dernier qu’il désirait faire autre chose ; il passe alors à mi-temps en janvier 2020 pour développer son projet de maraîchage en conversion biologique. « Je me suis installé en février sur une parcelle de 1 ha située à côté des bâtiments de l’ancienne entreprise de travaux agricoles appartenant à mon père qui se trouvent en plein bourg de Plouguiel juste à côté d’un lotissement. Pour le moment je cultive mes légumes sur 4 000 m2. » La période de confinement instaurée juste après son installation a fait prendre de l’ampleur au projet. Il a acheté une serre de 250 m2 pour y cultiver 27 variétés différentes de tomates, 10 variétés de poivrons/piments, 7 variétés d’aubergines et de nombreux autres légumes qui sortent de l’ordinaire.

[caption id=”attachment_46806″ align=”aligncenter” width=”720″]5523.hr Les 4 000 m2 sont cultivés en planches permanentes de 30 m de long sur 75 cm de large.[/caption]

Redynamiser le sol

Pour les légumes sous serre et de plein champ, le jeune producteur est parti sur la technique de maraîchage sur sol vivant. Le grand principe est de cultiver le sol avant de cultiver les légumes. « Tout d’abord il faut nourrir le sol en apportant de la matière organique carbonée en mulchage, sous forme fraîche de préférence (déchets verts, foin, fumier…). L’idée est de bouleverser le sol au minimum et donc de ne pas le travailler ou juste l’aérer/décompacter ponctuellement. En redynamisant le sol on s’y retrouve rapidement au niveau de la production. » Florian a mis en place un principe de culture en planches permanentes de 30 m de long sur 75 cm de large. Le but est de toujours cultiver la même planche, avec une rotation réfléchie des cultures. Les mauvaises herbes se développent moins car le sol n’est pas travaillé. Chaque planche est recouverte d’une couche de matière organique pour nourrir le sol, limiter le développement des adventices et garder l’humidité. Pour certains légumes tels que les courgettes ou les salades le maraîcher utilise une toile tissée ou bâche d’occultation le temps de la culture. Cette toile est ensuite déplacée et mise sur une autre bande pour assurer une bonne rotation. « La toile va être réutilisée pendant 10 ans. Je l’ai percée pour une culture spécifique et elle va resservir spécifiquement pour cette culture. »  Par exemple, quand toutes les salades seront récoltées, la toile sera enlevée et le maraîcher va ensuite semer directement des radis dans cette planche qui sera totalement propre (sans adventices).

[caption id=”attachment_46804″ align=”aligncenter” width=”720″]5525.hr Un cabanon qui servait à l’ETA est devenu le local dédié à la vente directe.[/caption]

La crainte de ne pas avoir assez de clients

Le producteur avait une crainte particulière en se lançant : ne pas réussir à écouler sa production en direct. Mais le bouche à oreille a vite marché sur la commune et même au-delà. Les 50 légumes différents cultivés sur l’exploitation s’arrachent chaque semaine et sont tous vendus en direct. « Aujourd’hui, je suis plutôt confronté à un manque de légumes. » Florian s’est déjà constitué un fichier clients et il envoie un mail le samedi pour lister les légumes disponibles et leur prix. Les clients passent commande et viennent chercher leurs légumes le lundi, mercredi ou vendredi après-midi. « Cela permet de ne récolter que ce qui est vendu. Le mercredi après-midi, je remplis mon cabanon de vente pour les clients qui préfèrent se servir à l’étal. » 

Un précieux coup de main familial

Pour le démarrage de l’activité Florian a investi 10 000 € (dont 3 500 € pour la serre). Il  profite d’un précieux coup de main de son frère Sylvain qui vient de terminer ses études en Fac de géographie. Il a aussi la chance de pouvoir utiliser le matériel agricole conservé par son père après l’arrêt de l’ETA tel que le tractopelle qui évite certaines corvées manuelles. Il peut profiter du hangar qui servait pour loger le matériel agricole. Florian a aussi aménagé un local qui servait à l’entreprise pour en faire son petit magasin qui lui permet de développer la vente directe.

Pour en savoir plus
Florian Tilly, 4 rue des écoles, 22 220 Plouguiel, 06 86 62 99 28
Vente à la ferme le mercredi à partir de 16 h.


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