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Ils désherbent avec des ânes

Installés il y a dix ans sur une ferme maraîchère de Berné (56), Carole et Michel Le Goff et leur associée Maud Tellier produisent des légumes bio. Particularité : le désherbage est confié à Nina et Tournesol.

Des coteaux bien exposés au soleil. Une terre légère propice à la pousse des légumes. La petite ferme de Kerloc’h, qui surplombe la rivière du Scorff aux environs de Plouay (56), a des atouts à faire valoir. Problème : les parcelles sont pentues et difficiles à désherber mécaniquement. Un gros inconvénient quand on aspire à produire en bio. « Le moindre écart du tracteur entraîne un déport des outils. Le binage entre les rangs est quasiment impossible », déplore Michel. Ils ont pensé au cheval de trait pour nettoyer les planches de légumes. « Nous les avons vus au travail. Ils sont trop lourds et trop larges ». Et difficiles à manœuvrer sur d’aussi petites surfaces mais surfaces bien trop grandes pour un désherbage manuel….

Alors comment faire ? « Nous avons pensé aux ânes, utilisés sur les coteaux dans certaines régions ». Une petite annonce dans la presse. Un hongre et une ânesse à vendre, du côté de Nantes. Jeunes et en pleine forme. Mais qui n’avaient jamais vus une bineuse de leur vie, ni même une carriole brinquebalante. « Nous les avons achetés et testés sur la ferme. Et nous avons tout appris ensemble », en rigole Maud. Plutôt sportif. Aucun des associés ne connaissait la traction animale. A peine quelques souvenirs pour Michel, fils et petit fils de paysans. « Il a fallu les éduquer. L’âne est un animal intelligent, doté d’une bonne mémoire et très rancunier ». Attention au blocage. « Heureusement, Maud et Michel sont très animaliers », précise Carole.

La ferme en quelques chiffres

  • 3 UTH
  • 6,4 hectares de SAU
  • 3 hectares de maraîchage
  • 3 200 m2 de serres
  • Vente directe

Binage de qualité

L’essai est une réussite si l’on en croit les propos élogieux des associés. « Les ânes sont parfaitement adaptés au travail sur des planches de légumes. Ils sont fins, passent dans des inter-rangs de 20-25 centimètres sans problèmes en raison de leur faible empattement. Ils sont rapides et tournent facilement en bout de rang. C’est agréable de travailler avec eux. Le binage est de qualité », assurent de concert l’ancienne ébéniste et l’ancien maçon, reconvertis au maraîchage. « Nous avons vraiment vu la différence. Le temps gagné nous a permis de développer la production, de carottes notamment ». Depuis trois ans, Nina et Tournesol assurent le binage et le buttage d’une bonne partie des planches de légumes des coteaux de Kerloc’h.

[caption id=”attachment_9095″ align=”aligncenter” width=”300″]Maud Tellier, Michel et  Carole Le Goff avec leur ânesse Nina Maud Tellier, Michel et Carole Le Goff avec leur ânesse Nina.[/caption]

Outils adaptés

Si les hommes louent le travail réalisé, les animaux l’apprécient tout autant. Ils piaffent d’impatience de travailler. « L’hiver est long et l’inactivité leur pèse. En saison, il faut toujours faire travailler Tournesol, le mâle, en premier. Sinon, il s’énerve dans le parc ». Nina, plus calme, patiente en attendant son tour. En pleine période, chaque âne travaille pendant une heure, au maximum, puis laisse son harnais à son congénère. « Il ne faut pas leur en demander trop, surtout quand il fait chaud. Tout le monde transpire ». Les associés ont acheté, retapé ou adapté des outils légers, adaptables à une kassine (petit porte-outils à traction rigide) : bineuses, herse étrille, buttoir, arracheuse de pomme de terre, sous-soleuse. Dernier en date : une bineuse à doigts Kress. Les travaux les plus lourds, la préparation du sol au début du printemps, les épandages de fumier, de maërl et les semis d’engrais verts, sont effectués au tracteur. « Un autre avantage est de pouvoir intervenir tôt au printemps. Les ânes ne tassent pas le sol ». Il faut quand même les nourrir. « Ils ont un hectare de pâture à disposition. Nous leur achetons du foin, complété par les déchets de légumes ».

Vente directe

La ferme, qui compte 6 hectares de terres dont 3 000 m2 de tunnels, produit une trentaine de légumes et de petits fruits. La production est vendue toute l’année, en direct sur la ferme ou en paniers à une trentaine de clients de Plouay ou sur les deux marchés du mercredi et du dimanche à Ploemeur (56). « Nous n’avons jamais assez de légumes à vendre », assure Michel. L’Earl vient d’acheter 5 000 m2 à l’entrée du village de Kerloch. De quoi satisfaire un peu plus la demande. Bernard Laurent

Pour en savoir + : EARL Les Coteaux de Kerloc’h chez Carole Le Goff et Maud Tellier à Kerloc’h, 56240 Berné.


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