Le village des post-animaux

Les générations futures feront-elles la relation entre les noms de village « Coat-ar-Veoc’h-Ven », « Les Prés ès Bœufs», « la vacherie» et leur riche passé d’élevage. Car d’animaux, il y en a de moins en moins dans ces lieudits. Voire plus du tout. À l’image de ce village breton de 3 fermes que chacun pourrait reconnaître dans son entourage et qui s’est peu à peu vidé de ses animaux. Cela a commencé par les laitières, puis les porcs. À la fin de l’été, les dernières allaitantes du village monteront dans un camion. Cet embarquement marquera définitivement la fin d’une vie de village rural rythmée depuis des temps immémoriaux par la vie animale.

Alors, on tentera de se rassurer en arguant que le nombre de fermes baisse, mais que le « potentiel de production » n’est pas affecté. Chacun voit dans les chiffres la vérité qui l’arrange… Selon les dernières données de la Chambre d’agriculture-Infocentre des EDE, le troupeau breton perd quelque 200 vaches allaitantes par mois depuis 3 ans. Autant d’activité économique en moins, mais aussi de liens en moins qui sont l’essence même de la vie humaine. Car derrière chaque éleveur il y a d’abord une famille, une vie sociale, un territoire vivant.

Or, partout où les animaux désertent, les habitants leur emboîtent le pas. Témoin de cet exode, ces villages enherbés du Centre-Bretagne tristement vides ; ou ces lourdes bâtisses aux tuiles rouges du Cantal où ne résonnent plus les cloches des troupeaux. Ou, plus loin en Europe du Nord, ces majestueuses fermes au toit de chaume du Schleswig-Holstein, un länder allemand dont l’histoire agricole ressemble singulièrement à celle de la Bretagne ; deux régions agricoles aujourd’hui unies dans ce même destin de profonde transformation économique et culturelle en totale contradiction avec les enjeux de demain.


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