- Illustration L’Europe glisse vers l’intervention
En Allemagne, la dynamique laitière demeure haussière même si les avis des industriels, des OP et du ministère divergent concernant la conjoncture.

L’Europe glisse vers l’intervention

Sur la carte de l’Union européenne, les réalités divergent mais la menace de la crise laitière gagne du terrain. Le déclenchement de l’intervention publique semble déjà inéluctable. 

Pour l’instant, la pandémie n’aurait pas de réelle répercussion sur la dynamique laitière aux Pays-Bas. « Sans problème de débouchés, la collecte se poursuit normalement », rapporte Jean-Marc Chaumet, de l’Idele. Pour autant, la coopérative FrieslandCampina a baissé son prix garanti de 362 à 350 € / 1 000 L. Et les industriels ont anticipé en envisageant un plan d’urgence permettant de passer des volumes d’une laiterie à une autre pour continuer à tout transformer. « Ils ont aussi averti les éleveurs qu’ils pourraient ne plus être collectés temporairement. »

En Irlande, on craint un manque de personnel en cas de maladie au moment où tout le potentiel de transformation sera saturé (40 % de la collecte étant réalisée d’avril à juin). « S’il n’y a pas eu d’incitation à modérer la production, le prix aux éleveurs, suivant la cotation beurre-poudre, a baissé de 20 € / 1 000 L en mars. Si le recul des commodités se poursuit, une baisse jusqu’à 40 € est envisagée. »

En Allemagne, si quelques rares transformateurs très dépendants de la RHD demandent de freiner la production et certaines OP font passer un message de modération, la dynamique demeure haussière. « Les coopératives DMK et Arla considèrent avoir assez de débouchés grâce à la consommation des ménages. Pourtant, la ministre de l’Agriculture a écrit à la Commission pour demander de soutenir le stockage privé… »

Retard de paie au Royaume-Uni

Par contre, le Royaume-Uni est profondément secoué. Suite au confinement, une baisse de 20 £ / 1 000 L (plus de 20 €) est intervenue dès la fin mars. « Des collecteurs ont averti que la prochaine paie n’interviendrait qu’à la mi-mai, d’autres qu’ils paieraient les producteurs qu’une fois les aides du gouvernement tombées ! Des éleveurs jettent du lait : l’équivalent de 300 fermes ne seraient pas collectées », détaille Jean-Marc Chaumet. « Sur mars, la livraison nationale recule de 2 % et cela devrait continuer. » Cependant, l’allemand Müller, implanté outre-Manche, profite du contexte en recrutant 100 livreurs pour répondre au nouvel engouement des Anglais pour le lait frais déposé à domicile.

Les commodités en chute libre

« Les signaux sont très alarmants », lâche Gérard You, du département Économie à l’Idele. « À 1 800 € / t il y a 10 jours, le cours de la poudre maigre a perdu 28 % en 6 semaines. L’activation de l’intervention est possible depuis début mars et, à ce rythme, nous y serons à la fin du mois », confie l’observateur. Le beurre, aussi, dévisse. Le prix du lait valorisé beurre-poudre se dégrade donc vite : de 320 € / 1 000 L à 220 € en six semaines… Or, pour une France transformant plus de 25 % de son lait en beurre-poudre, « cette baisse de 100 € a mécaniquement un impact de 25 € / 1 000 L sur le prix au producteur. »


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