- Illustration Démarrer l’herbe en douceur
Il est recommandé de surveiller plus particulièrement les vaches en pleine production une à deux heures après le début du pâturage.

Démarrer l’herbe en douceur

La conseillère Marine Futsch invite à soigner la mise à l’herbe et à rester bien attentif à ses animaux lors des premières semaines de pâturage. Surtout quand les nuits sont fraîches et les journées douces.

Suite aux conditions humides de cet hiver, la portance limitante des sols dans les parcelles et les chemins difficilement praticables ont retardé la mise à l’herbe dans de nombreuses situations en 2020. Mais les températures hivernales douces ayant favorisé la pousse de l’herbe, la biomasse est au rendez-vous dans les pâturages. « Les données de notre réseau montrent ainsi une hauteur d’herbe moyenne de 8 cm en entrée de parcelle contre plutôt 5 cm habituellement », rapporte Marine Futsch, responsable technique fourrages à BCEL Ouest.

Attention aux ventrées d’herbe jeune

La conseillère poursuit sur les éléments météorologiques du moment. « Les gelées matinales que nous avons eues fin mars et en ce début avril, avec certains jours de fortes amplitudes thermiques (supérieures à 10 °C) et un vent d’est, augmentent les risques métaboliques au pâturage. Attention à d’autres gelées qui pourraient encore survenir. » Et d’expliquer qu’une ingestion rapide de grandes quantités d’herbe en conditions humides, froides et venteuses peut favoriser des pathologies comme la tétanie d’herbage, l’entérotoxémie, la météorisation et même des cas de mammites.

L’herbe jeune est riche en eau, en azote soluble et en potassium, mais pauvre en magnésium et en cellulose. « La rupture avec les rations hivernales basées sur du maïs ne doit pas être brutale. Pour prévenir tout problème, il est important d’agir en prévention en soignant la transition alimentaire et en mettant en œuvre des pratiques sécurisantes permettant de valoriser au maximum le pâturage. » La bonne approche passe tout d’abord par une sortie progressive à l’herbe limitant ainsi les risques métaboliques. Marine Futsch recommande, « dans l’idéal », une évolution d’un régime à l’autre s’étalant sur trois semaines, « en sortant par exemple les vaches 2 ou 3 heures par jour la première semaine ».

La spécialiste livre d’autres conseils pratiques :
– Faire pâturer les vaches en conditions favorables, après la rosée ou le gel et sur parcelle sèche.
– Sortir le troupeau à des horaires réguliers pour limiter les ingestions rapides et excessives.
– Faire attention aux animaux qui auraient été écartés du troupeau ponctuellement, par exemple pour une insémination ou un soin.
– Surveiller plus particulièrement les vaches en chaleur et celles en pleine production une à deux heures après le début du pâturage. « Observez leur vitesse d’ingestion, un éventuel ballonnement du flanc gauche, un tempérament inquiet, une respiration rapide… »
– Éviter les ventres vides en début de saison à la pâture. « Si l’apport d’une part d’ensilage de maïs est conservé, le distribuer avant la sortie des vaches. Sans cela, apporter du foin le matin à l’auge avant le départ à l’herbe peut être un plus. S’assurer alors que les animaux ingèrent bien le fourrage avant de sortir. Astuce : distribuer un peu de sel sur le foin à l’auge pour favoriser l’appétence .»

Une chute de TB normale

« Chaque année, au moment de la mise à l’herbe, outre l’évolution de la production, nous observons une baisse du taux butyreux », souligne Marine Futsch. « Mais l’utilisation de fibres grossières et de substances tampons ne permet pas de remonter significativement ce TB car cette dégradation n’est pas liée à de l’acidose. » La conseillère explique que cette baisse est due à la composition nutritionnelle du fourrage pâturé : « C’est la résultante d’une forte augmentation de la matière grasse insaturée dans la ration associée à des périodes de pH bas dans le rumen, favorisées par l’apport de sucres de l’herbe jeune. La biohydrogénation de la matière grasse dans le rumen étant incomplète, des acides gras trans sont produits, inhibant la synthèse de la matière grasse dans la mamelle. » Heureusement, cette chute est réversible. Dès que le stade de l’herbe avance, le TB se rétablit.
À la mise à l’herbe, d’autres indicateurs peuvent être suivis comme l’urée du lait qui augmente du fait de l’apport d’azote fermentescible dans le régime ou encore les bouses qui deviennent plus liquides et foncées.

Herbe pâturée et nouvelles tables Inra

Les nouvelles normes d’alimentation Inra sont désormais prises en compte par les équipes de BCEL Ouest pour le rationnement au pâturage 2020. Lors du calcul de la ration, le BPR (pour Balance protéique du rumen) est notamment un critère à suivre : il trace l’azote disponible au niveau du rumen. « Plus le niveau de BPR d’une ration est élevé, plus la production d’ammoniac dans le rumen sera importante se traduisant par une augmentation du taux d’urée du lait et un gaspillage d’azote », explique Stéphane Saillé, responsable Innovation. Les valeurs BPR des pâtures jeunes sont supérieures à 20 g / kg de matière sèche. Alors que les pâtures épiées, avancées, ont des valeurs BPR proches de 0, voire inférieure à 0. « En termes de repères, pour une ration, nous pouvons viser 5 à 10 g de BPR /kg de MS pour une vache à 30 kg de lait. Mais sur une ration 100 % herbe, ce critère peut vite atteindre 15 à 20 g /kg de MS. C’est à surveiller lors du calcul des rations. »


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