- Illustration En créant du mouvement, Spoutnic limite la ponte au sol
Installé en bovin viande, Pierre Marais, 28 ans, a investi dans un élevage de poules pondeuses. Pour l’assister dans l’apprentissage au nid, en début de lot, il utilise Spoutnic qui, en créant du mouvement, incite les plus réfractaires à se rendre au nid pour pondre leur œuf quotidien.

En créant du mouvement, Spoutnic limite la ponte au sol

Avec Spoutnic, la start-up rennaise Tibot Technologies apporte du nouveau dans la production d’œufs. En créant du mouvement dans le poulailler, ce robot d’assistance limite la ponte au sol.

Ce matin, Simon Planard, commercial chez Tibot Technologies rend visite à Pierre Marais, agriculteur dans le Maine-et-Loire. Il est venu récupérer le robot d’assistance de l’éleveur (pour une révision) et faire le point avec lui sur son utilisation : « Pour nous, ce retour terrain est très important, insiste le commercial, parce qu’il permet d’adapter notre robot aux besoins des éleveurs ». Et pour cause : les premiers exemplaires de Spoutnic, comme celui-ci, n’affichent pas deux ans de fonctionnement au compteur…

Coup de cœur au Space

L’aventure débute en 2014 chez Laëtitia et Benoît Savary, éleveurs de poules pondeuses en Mayenne : « En début de lot, on passait tellement de temps à bouger les poules pour qu’elles prennent de bonnes habitudes, qu’on s’est dit qu’il existait sûrement une technique pour le faire à notre place ».
Alors ils cherchent, surfent, essaient… allant même jusqu’à tester un robot tondeuse ! Mais ne trouvant rien d’efficace, les Savary finissent par s’adresser à Cimtech, bureau d’études rennais. Et en septembre 2016, un prototype de Spoutnic est présenté au Space. Bingo ! Le robot remporte le prix de l’innovation et, au passage, le « coup de cœur » du jury. Entre-temps, Yanne Courcoux, spécialisée dans l’accompagnement d’entreprises développant des technologies du numérique, a rejoint le couple d’éleveurs et des membres du bureau d’études pour créer « Tibot Technologies ».
« Spoutnic a été conçu pour répondre à trois besoins, souligne Yanne Courcoux : augmenter la production en réduisant la ponte au sol, diminuer la pénibilité du travail et contribuer au bien-être des animaux en améliorant leur état de santé par un surcroît d’activité ».

[caption id=”attachment_41049″ align=”aligncenter” width=”720″] L’élevage de Pierre Marais produit en moyenne de 27 000 œufs blancs par jour. Son taux d’œufs souillés (parce que pondus au sol) ne dépasse pas 0,2 %.[/caption]

Se concentrer sur son travail

Déjà soixante éleveurs répartis dans 12 pays (dont les USA et le Canada) ont été séduits par les services que rend Spoutnic. À l’image de Pierre Marais, éleveur bovin, qui pour s’assurer un revenu régulier a misé sur un élevage de poules en plein air.  Contrairement à Benoît et Laëtitia Savary, ce n’est pas le gain de temps et de confort qui, pour lui, a motivé l’achat du robot : « Ce sont mes cultures et mes bovins qui m’occupent le plus. Et quand un lot de poulettes arrive, je sais que l’apprentissage de la ponte va durer au moins trois mois. Alors sur cette période, oui, j’ai besoin d’aide ».

Même avec une bonne conception du poulailler et la présence accrue de l’éleveur en début de lot, un certain nombre de poules s’obstinent à pondre au sol. Avec ses lumières et ses « Bips », Spoutnic les dérange régulièrement, incitant les plus réfractaires à se mettre au nid pour être plus tranquilles…
« Cela ne rend que plus efficace le tour du poulailler le matin. Notre travail, c’est de vérifier si tout va bien, de prendre le temps d’analyser et de surveiller l’état de santé de nos poules… pas de ramasser leurs œufs au sol ! Et puis, quand on en ramasse des dizaines, ça finit par peser, on fait plusieurs allers-retours, c’est une fatigue inutile ».

Sans pouvoir calculer de façon précise la part directement imputable à Spoutnic dans l’apprentissage de la ponte au nid, l’éleveur constate que les résultats sont là : « En ramassant entre 30 et 60 œufs maximum chaque matin, mon taux de ponte au sol varie désormais entre 0,1 et 0,2 % ». Traduit en chiffre d’affaires, un faible écart sur ce pourcentage peut vite représenter plusieurs milliers d’euros de bénéfice ou de manque à gagner en fin d’année.De quoi envisager un retour rapide sur l’investissement « Spoutnic ». Sans compter le temps, les efforts gagnés et la meilleure conduite d’élevage induite : « Un soir, j’ai oublié de reprogrammer le système d’ouverture automatique des nids, se souvient Pierre Marais. Le lendemain matin, j’ai ramassé plusieurs paniers d’œufs pondus au sol. Du coup, j’ai remis mon robot en fonctionnement pendant trois ou quatre jours, jusqu’à ce que mes poules retrouvent un comportement normal ».

[caption id=”attachment_41048″ align=”aligncenter” width=”720″] Très compact, Spoutnic peut passer sous les chaînes plates ou sous des séparations du poulailler, à l’image de ces bandes plastifiées installées par l’éleveur.[/caption]

Mise sur orbite réussie

Start-up atypique s’il en est, puisque l’innovation qu’elle propose ne vient pas d’une « idée de laboratoire », mais bien de l’attente concrète d’un couple d’éleveurs, Tibot Technologies semble avoir définitivement réussi son décollage en plaçant avec succès Spoutnic sur orbite. Un second robot devrait d’ailleurs l’y rejoindre, avant fin 2019 : Ce robot sera dédié aux élevages de volailles de chair qui représentent 80 % de la filière avicole. Sa mission sera double : augmenter la mobilité des animaux et contribuer à une meilleure santé et à une meilleure prise de poids. Diminuer certaines pathologies en entretenant, par un grattage régulier, la surface de la litière pour la garder sèche et friable ».

P.Y. Jouyaux

La fiche technique de Spoutnic

Robuste, Spoutnic est un robot conçu pour résister à un environnement très hostile : poussières, ammoniaque, coups de bec, de pattes… Il se déplace dans le poulailler de façon aléatoire en émettant, par rotation, des stimuli sonores et lumineux. Ainsi, le robot crée du mouvement dans l’élevage, animant de façon efficace, une surface d’environ 1 000 m². D’une hauteur de 18,5 cm, il passe facilement sous les chaînes plates (là où les poules aiment s’installer pour pondre) ou d’un secteur à l’autre du poulailler. Pesant 12 kg, on peut facilement le transporter grâce à sa poignée intégrée. Il se stocke dans une valise. Le robot dispose de 6 vitesses de déplacement et fonctionne 10 heures sans être rechargé.

Évolution récente : un boîtier externe permet de l’adapter aux spécificités du bâtiment, du lot en cours ou du type de volaille… L’éleveur peut ainsi personnaliser les stimuli. Les premiers robots mis en service sont désormais adaptables à ce boîtier. Les quatre roues motrices lui permettent de rouler sur toutes les litières. Dès qu’il y rencontre un obstacle suffisamment rigide, il change de direction. Et si les poules décident de pondre plus souvent dans un coin du poulailler, on peut installer des leurres (bottes de paille…) pour obliger Spoutnic à y passer plus de temps.


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