- Illustration Une assemblée marquée par l’empreinte du carbone
Les étudiants du CFTA de Montfort-sur-Meu (35) ont raflé les trois premiers prix départementaux du jeu AgriGame organisé par le CMB sur le thème « L’agriculture bretonne : une richesse à transmettre ».

Une assemblée marquée par l’empreinte du carbone

L’assemblée générale de la section bretillienne de la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole, présidée par Dominique Trubert, s’est tenue fin mars à Mézières-sur- Couesnon. Une édition 2019 résolument tournée vers le futur de l’agriculture.

D’avenir, il fut beaucoup question lors de cette assemblée générale. Tout d’abord à travers les excellents chiffres dévoilés par l’établissement coopératif. Sur l’exercice 2018, plus de 40 % des jeunes agriculteurs bretons installés ont été accompagnés par le CMB. Et globalement, ce dernier a injecté quelque 500 millions d’euros de crédits dans l’agriculture régionale l’an passé. C’est dire sa confiance dans le futur de la profession.

Un futur que les différentes interventions proposées à l’occasion de cette assemblée générale ont permis de mieux appréhender. Josselin Andurand, de l’Institut de l’élevage, a présenté avec pédagogie la problématique du carbone en agriculture, détricotant au passage quelques idées fausses qui tendent à imputer tous les maux à l’élevage des ruminants. Factuel, cet ingénieur a rappelé le rôle des gaz à effet de serre dans un réchauffement climatique avéré. Si l’agriculture figure bien au troisième rang des principaux émetteurs de gaz à effet de serre, derrière les transports et l’industrie, il ne faut pas oublier la spécificité du secteur agricole qui joue parallèlement un rôle important dans « le stockage du carbone, via la photosynthèse ».

[caption id=”attachment_40068″ align=”aligncenter” width=”720″] Dynamique et tournée vers l’avenir, l’assemblée générale de la section bretillienne de la Caisse de Bretagne s’est déroulée le 26 mars à Mézières-sur-Couesnon.[/caption]

Un gisement à exploiter

Autre donnée à mémoriser : celle de l’empreinte carbone du Français moyen, composée à 45 % par les équipements et services, à 22 % par les transports, à 18 % par le logement (construction et chauffage) et à 15 % par l’alimentation. « Dans cette dernière catégorie, la viande représente environ 27 %. Ce qui signifie que consommer de la viande contribue à environ 3,5 % de l’empreinte carbone globale d’un Français ». De quoi relativiser.

Pour autant, la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l’élevage de bovins viande demeure bien entendu nécessaire. Et c’est bien là l’objectif du projet Life Beef Carbon que coordonne Josselin Andurand. « Nous avons identifié différents leviers. Cela passe notamment par la limitation du nombre d’animaux improductifs en jouant sur l’âge de vêlage et les espaces inter-vêlages, l’alimentation, la gestion des prairies et des cultures ainsi que l’ajustement de la fertilisation ». Un outil de diagnostic a été mis au point qui permet d’identifier les actions à mener et de bâtir un plan d’amélioration. « Les meilleures exploitations ont une empreinte carbone inférieure de 35 % à la moyenne : c’est un gisement à exploiter ! »

[caption id=”attachment_40069″ align=”aligncenter” width=”720″]Josselin Andurand, de l’Institut de l’élevage, Bérengère Girard et Jean-Pierre Pasquet, de l’association Bleu-Blanc-Cœur, ont apporté leurs témoignages sur des initiatives concrètes de réduction des émissions de gaz à effet de serre en élevage bovin. Josselin Andurand, de l’Institut de l’élevage, Bérengère Girard et Jean-Pierre Pasquet, de l’association Bleu-Blanc-Cœur, ont apporté leurs témoignages sur des initiatives concrètes de réduction des émissions de gaz à effet de serre en élevage bovin.[/caption]

Autre expérience de terrain illustrant la réduction des émissions de gaz à effet de serre en agriculture : le projet Éco-méthane. Jean-Pierre Pasquet, éleveur à Châtillon-en-Vendelais (35) et co-président de l’association Bleu-Blanc-Cœur, est parti du constat que sur une ferme laitière, le méthane rejeté par les bovins représente le premier poste émetteur (50 %) de gaz à effet de serre. « Or en modifiant les rations, en introduisant une alimentation plus équilibrée comprenant de l’herbe, de la luzerne, du lin, etc., on diminue les rejets de méthane de près de 20 % ». Une diminution loin d’être anodine puisque le pouvoir de réchauffement global de ce gaz issu de la fermentation entérique est de 25 fois celui du dioxyde de carbone. En s’appuyant sur une méthodologie validée en 2011 par le ministère de l’Écologie, du développement durable, des transports et du logement, il est possible de calculer les émissions de méthane à partir de mesures effectuées sur les acides gras du lait.

L’incitation plutôt que la réglementation

Convaincue que l’incitation est plus porteuse que la réglementation, l’association Bleu-Blanc-Cœur a noué des partenariats avec des entreprises (Arkéa, Orange…) et des collectivités (ville de Liffré, Pays de Fougères…) qui lui permettent de récompenser les éleveurs vertueux par le biais de bons cadeaux. « C’est une démarche peu contraignante et valorisante. En une année, nous sommes passés de 600 à 745 éleveurs engagés dans Éco-méthane ». Comme quoi il n’y a pas que le climat qui change, l’agriculture aussi !

Jean-Yves Nicolas


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