Il vise le coût de production le plus faible possible

En lait bio depuis 2012, Laurent Lecointe limite les intrants et les investissements sur sa ferme de 81 hectares à Limerzel. L'efficacité économique est au rendez-vous. « Je suis optimiste pour l'avenir ». Peu nombreux sont les éleveurs qui le disent avec autant d'assurance. Laurent Lecointe, la cinquantaine en ligne de mire, a limité ses investissements. Les bâtiments (aires paillées) sont fonctionnels et sa salle de traite a été rénovée (mise de plain pied) il y a trois ans avec l'achat d'un équipement 2 x 6 chez un voisin, passé au robot. Rien de plus rutilant côté matériel. Travaux de culture, épandages, fauches, désherbages mécaniques sont réalisés par du matériel en Cuma. Les intrants sont limités du fait du passage en bio... L'éleveur vend 250 000 litres de lait à la coopérative Agrial, à 461 €/ 1 000 L sur l'année écoulée (340 000 L de référence). « Je pourrais produire plus mais je ne gagnerais pas plus », assure-t-il. Le ratio annuités/EBE est de 20 % avec un EBE autour de 70 000 € sur la dernière année. « Une bonne année », précise l'éleveur. Part importante de l’herbe Le système est extensif, avec une part importante de l'herbe dans l'assolement. « En hiver, les vaches ont 10 kg d'enrubannage et 5 kg de maïs. Le concentré (mélange céréalier) est réservé aux génisses. Celles-ci consomment du foin et un minimum de 2 kg/jour de concentré jusqu'à 6 mois, puis 1,5 kg. Au printemps, les vaches sont au pâturage, sur les 22 hectares proches du siège. En été, elles pâturent et reçoivent 8 kg de méteil ensilé, 3 kg de maïs et 1 kg de foin ». Avec ces rations, elles produisent entre 4 500 et 5 000 kg par vache, à 40 de TB et 32 de TP. Monte naturelle Les 55 vaches vêlent toute l'année ; les génisses vers 30 mois. Ce sont des croisées Holstein et Normandes. Il n'y a aucune insémination sur l'élevage ; la monte naturelle est de rigueur, sur les vaches et sur les génisses. « Une année, j'achète un taureau Holstein. L'année suivante, un taureau Normand ». Une quinzaine de génisses sont élevées chaque année pour 25 % de renouvellement environ. L'assolement comprend 62 hectares d'herbe, 11 ha de maïs et 8 ha de mélange céréalier (triticale, pois, féverole, avoine). « Le rendement en maïs est proche du conventionnel (15 t MS , en 2018). Il faut semer en terre réchauffée pour assurer un bon démarrage et éviter les attaques de taupins et maîtriser le désherbage. À la Cuma, le matériel est généralement disponible ; nous ne sommes pas trop nombreux à l'utiliser. Pour le mélange de céréales, on sème et on récolte ». Le lisier de bovins est épandu sur les terres autour du siège. Sur les parcelles de maïs, Laurent Lecointe épand 5 t/ha de fumier de volailles composté, acheté dans le commerce. Retour du dactyle Les prairies sont des mélanges de trèfles et de graminées. 5 à 6 hectares sont refaits chaque année. Quelques dérobées sont implantées entre blé et maïs. « Il faut avoir du stock au mois de septembre pour ne pas avoir à acheter des fourrages en fin d'hiver (difficulté à en trouver) ». L'éleveur pense à réintroduire du dactyle dans ses mélanges, « histoire d'assurer du rendement les années sèches, qui sont de plus en plus fréquentes ». Il cessera d'ensiler du méteil, plus difficile que l'herbe à conserver et à distribuer. Il s'interroge sur la pertinence du croisement trois voies, en intégrant de la Jersiaise pour ses taux. C'est surtout sur les échanges parcellaires qu'il aimerait se pencher avec d'autres agriculteurs. « J'ai un îlot de 18 ha à 7 km. Si je pouvais les échanger… Je gagnerais en temps de travail ». En attendant, seul sur sa ferme, il essaie de s'accorder du temps libre : il ne trait pas le dimanche ; son fils l'aide un week-end sur deux et il s'accorde 3 semaines de vacances par an, dont 2 en été.

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