Le silo de maïs épi, devant la stabulation laitière, est ouvert durant la saison estivale et permet d’augmenter l’autonomie alimentaire de l’atelier. - Illustration La main-d’œuvre disponible oriente les décisions
Le silo de maïs épi, devant la stabulation laitière, est ouvert durant la saison estivale et permet d’augmenter l’autonomie alimentaire de l’atelier.

La main-d’œuvre disponible oriente les décisions

Au Gaec Collin-Berrée, à Bédée, le temps de travail et la pénibilité des tâches sont au centre des réflexions des associés. Julien Collin a présenté la stratégie menée à un groupe d’étudiants, ainsi que sa réflexion en groupe pour limiter les intrants.

« Réfléchissez au temps de travail lors de l’étude de votre futur projet d’installation », conseille Julien Collin, agriculteur à Bédée, à des étudiants agricoles, invités jeudi 22 novembre par la Chambre d’agriculture à échanger avec deux éleveurs du département dans le cadre de l’action Innov’action. « Ne vous laissez pas influencer : pensez à vous, à ce que vous voulez faire, ce que vous attendez de votre exploitation, au niveau technique et économique, et au temps que vous pourrez et serez prêt à y consacrer pour y parvenir. »

Robot et arrêt des logettes paillées

Avec cette gestion de la main-d’œuvre disponible et la réduction de la pénibilité du travail en ligne de mire, les investissements des associés du Gaec Collin-Berrée sont raisonnés en prévision de deux départs en retraite de deux des quatre associés dans quelques années. « Nous avons acquis deux robots de traite il y a quatre ans. Un investissement a priori pas très économique, car avec un cheptel de 90 vaches, ils ne sont pas saturés. Mais c’est un choix pour notre bien-être et notre santé. » Ils ont aussi envisagé un projet de micro-méthanisation qui se serait substitué à l’atelier canard, les deux bâtiments étant vieillissants et gourmands en main-d’œuvre lors du lavage.

Mais la charge de travail et la taille du cheptel ne permettaient pas d’atteindre un optimum économique. Le projet a donc été abandonné. C’est finalement la stabulation laitière qui sera remaniée, en passant dans les prochains jours d’un système fumier à un système lisier. Les logettes vont être équipées de tapis, recouverts de paille broyée ou de farine de paille. « Nous avons dû faire des choix et favoriser l’aspect technique au détriment de l’agronomie. Sans ce projet, nous aurions dû agrandir la fumière et il persistait une inconnue sur l’évolution à terme de la réglementation sur le stockage au champ. »

[caption id=”attachment_38011″ align=”alignright” width=”168″]Julien Collin Julien Collin[/caption]

Autonomie alimentaire

Pour maintenir l’autonomie alimentaire, le pâturage a été préservé dans le système, de mars à novembre, l’exploitation bénéficiant de 20 ha accessibles autour de la stabulation. Le parcellaire a été divisé en 25 paddocks de 50 ares. L’ensilage d’herbe a été réintroduit dans l’alimentation depuis trois ans. Associé à du maïs épi durant la période estivale, il permet des gains en complémentation. Une pratique possible grâce à l’évolution de la rotation maïs /blé ces dernières années, avec l’introduction de prairies de 18 mois dans la sole. « Cela nous permet de couper le cycle des adventices et de limiter les résistances aux désherbages, tout en ayant des parcelles de maïs plus propres. Et cela apporte plus de diversité et d’autonomie alimentaire. »

Plus de délégation à l’avenir ?

L’exploitation est déjà adhérente à deux Cuma : une Cuma désileuse et une Cuma travail du sol avec chauffeur. « Mes journées s’étalent de 7 h à 18 h 30, j’y tiens. C’est un choix de vie. » L’éleveur tient en effet à disposer de temps pour sa vie familiale et poursuivre ses engagements en tant que pompier volontaire. À terme, le travail sera effectué par deux personnes. « Pour cela, il faudra que j’étudie peut-être la délégation de l’élevage des génisses et sûrement aussi plus de travaux de tracteur, même si c’est une tâche que j’aime bien. »

Réfléchir en groupe pour diminuer les intrants

Depuis 1987, l’exploitation cherche à limiter les intrants, ce qui lui a permis d’atteindre les objectifs à l’issue de la Mesure agro-environnementale (MAE) Herbicide signée en 2009. La bineuse est ainsi apparue sur l’exploitation dès 2014, « pour intervenir au bon stade et au bon moment pour désherber le maïs ». Julien Collin s’appuie sur les conseils de sa coopérative et d’un conseiller indépendant pour les traitements phytosanitaires. Il s’est aussi engagé dans un groupe Dephy, pour échanger et faire évoluer ses pratiques, en groupe. « Nous suivons un itinéraire cultural simplifié. Malgré tout, je n’ai utilisé de glyphosate que sur 2 ha des 100 ha en maïs et céréales », note l’agriculteur. Côté fongicide, il réalise ses mélanges variétaux en blé, ce qui lui permet de diviser par deux les traitements.


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