Blanc d’hiver

La campagne vient de passer une nuit blanche. Au lever du jour, elle est groggy. Figée sous une pellicule de gelée, elle s’éveille de blanc vêtu. Beauté immaculée de ces matins d’hiver où l’on peut percevoir la limpidité d’un ciel étoilé passer doucement le relais à la pureté d’une aube naissante. Bientôt, à l’aurore, le soleil rasant teintera d’orangé les brins d’herbe figés dans leur gangue de glace formée de cristaux gonflés d’air qui leur donne cette allure à la fois rugueuse et velue. Puis, quand le soleil montera sur le bocage, ces écailles de glace de couleur ocre vireront progressivement au blanc pur. Les facettes des cristaux de gelée blanche en prise directe avec les rayons du soleil reflèteront alors de petits scintillements cristallins. La prairie brillera de millions de diamants dans cet univers blanc. Ce matin de gel, la nature dévoile ses richesses éphémères d’hiver.

Plus loin, entre deux tiges rigides de dactyle, une toile d’araignée dense et régulière a également subi les assauts de la nuit froide. Les fils de soie cousus de gelée filtrent les rayons obliques du soleil. L’œuvre figée de l’épeire diadème est gracieusement mise en lumière dans ce décor champêtre. Dans quelques heures, l’araignée sortira de son refuge pour vérifier que son ouvrage a résisté au poids fugace de la glace. Au détour de sa ronde peut-être sera-t-elle récompensée par le festin d’une mouche intrépide piégée par surprise dans le filet de soie et de glace. Ainsi naît et meurt un matin de gelée blanche en pleine campagne.


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