Anne et Michel Gourvil, accompagné d’Ève Gentil (Cédapa), ont misé sur l’enrubannage il y a quelques années pour assurer des stocks d’herbe de qualité. - Illustration Inconditionnels de l’enrubannage
Anne et Michel Gourvil, accompagné d’Ève Gentil (Cédapa), ont misé sur l’enrubannage il y a quelques années pour assurer des stocks d’herbe de qualité.

Inconditionnels de l’enrubannage

Anne et Michel Gourvil ouvrent leurs portes vendredi 15 septembre. Ils présenteront leur système herbager où l’enrubannage est central.

En 2012, la météo perturbe la récolte de l’herbe. « Nous avons ensilé fin juin, avec un mois de retard. La qualité du fourrage était médiocre. Avec ces stocks, le troupeau ne donnait pas de lait et les génisses avaient de mauvaises croissances… », se rappellent Anne et Michel Gourvil, qui conduisent 90 laitières, avec une salariée à temps plein, à Plougonven (29). Cette mésaventure a servi de déclic. « C’était une erreur d’attendre d’avoir une fenêtre de 4 ou 5 jours de soleil pour ensiler… Nous n’osions pas non plus appeler l’entrepreneur pour enrubanner 7 ou 8 ballots. »

Deux jours de beau temps pour enrubanner

Depuis, ils ont évolué. « Nous fauchons tôt. L’épaisseur d’herbe est restreinte, mais la baisse de rendement est compensée par la qualité. Surtout, pour ces petites coupes, deux jours de beau temps suffisent à enrubanner », explique l’éleveur. « Sans oublier que l’herbe redémarre beaucoup plus rapidement dans ce cas. On ne risque pas de mettre les vaches sur un paddock où la pousse est bloquée… » Au fil des années, l’enrubannage a pris de plus en plus de poids. Aujourd’hui, l’exploitation ne produit plus que 30 bottes de foin. « Tout le reste est récolté en balles sous plastique. La technique est très bien adaptée à la Bretagne où les foins séchés sur champs donnent du déchet et pas de lait. »

Cette stratégie s’est accompagnée d’investissements. Le couple a acheté pour 22 000 € la presse enrubanneuse d’occasion d’une ETA. « N’étant pas très doué en mécanique, arriver aux commandes d’un tel outil tout automatique, avec son ordinateur de bord et ses systèmes de sécurité, c’est impressionnant. Au début, j’ai un peu patiné », avoue l’éleveur. Le parc compte également un andaineur grande largeur qui permet de regrouper une grande surface de fourrage et limiter ainsi les tours de presse lors de petites coupes. « Seul, je peux mettre en andain et presser 10 ha dans l’après-midi… » Ces outils ont apporté de l’autonomie dans l’organisation. « Dès qu’il y a du beau temps, on y va. » Le Gaec récolte ainsi 600 bottes par an. « À l’unité, le plastique revient à un peu plus de 3 €. »

Le couple recherche une herbe riche, équilibrée, « qui se suffit à elle-même pour éviter de devoir apporter du correcteur azoté ». Surtout, les balles d’enrubannage sont triées en fonction de la qualité et stockées près des animaux auxquels elles sont destinées sans nécessité de hangar à fourrage. « Les veaux reçoivent des fauches d’herbe avancée, de paddocks des vaches à débrayer. Un produit souvent assez sec. Le tas des génisses est un peu “ fourre-tout ” : 1re coupe de semis d’automne plus pourvue en ray-grass, surplus de leurs parcours… » On réserve plutôt aux vaches en production les 2e, 3e, 4e et 5e coupes qui sont plus riches en trèfle. 

34€/1000L de coût alimentaire

Dans ce système herbager partagé entre pâturage et enrubannage (le maïs couvre 14 ha), le coût alimentaire, 34 € / 1 000 L, est maîtrisé. « C’est ce qui nous a sauvés, s’exclame Anne Gourvil. Même si on se versait des salaires corrects, c’est la première année depuis les crises laitières successives où on se sent bien financièrement. La prime de 30 € / 1 000 L sur le prix du lait liée à la conversion en bio entamée il y a un an est déterminante. »

En 2016, pour un EBE avant main- d’œuvre de 253 € / 1 000 L, les remboursements de prêts représentaient 100 €. Mais plusieurs emprunts (roto, matériel, rachat de parts sociales) arrivent à échéance bientôt, de quoi accueillir sereinement Loïc, le fils, qui débutera comme salarié en janvier avant de s’installer, à la retraite de son père, fin 2018. Entre-temps, en juillet, la production sera payée au prix bio. « Notre fils souhaitant travailler en bio, la conversion s’est faite naturellement. Nos prairies étaient prêtes, nous aussi. Nous ne sommes pas trop inquiets car même en livrant 15 à 30 % de lait en moins, suivant les cours, nous ferons le même chiffre d’affaires en bio. C’est une marge de sécurité », termine Michel Gourvil.

Rendez-vous : Le Cédapa organise la porte ouverte au Gaec des Chênes, lieu-dit Kermeur à Plougonven (29). Vendredi 15 septembre, dès 14 h. Informations : 02 96 74 75 50.

Les plastiques mis en boite

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« C’était une corvée d’entasser les plastiques d’enrubannage dans des big-bags, remplis en 4 jours, pour les amener au recyclage… C’était volumineux et lourd à manipuler », se rappelle Michel Gourvil. Désormais, c’est plus simple. « J’ai repris le système d’un éleveur de Normandie vu sur internet. Dans une cuve de mélasse ouverte sur le dessus, je place 4 ficelles que j’accroche sur les côtés. Ensuite, on ajoute tous les jours les films d’enrubannage et les bâches de silo. Tous les 8 à 10 jours en hiver, on tasse ces matériaux avec l’outil accroché au bras du télescopique. » Quand la cuve est pleine, toutes les 2 ou 3 semaines, les ficelles sont nouées sur les plastiques amassés qui forment un cube compact de 200 kg. Un conditionnement propre repris au chargeur, « sans effort physique ».


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