Moisson : exporter les graines d’adventices

La récolte des menues pailles permet d’exporter une partie des graines d’adventices de la parcelle et de limiter ainsi leur réensemencement. Cette technique pourrait venir compléter les leviers de gestion des adventices habituellement utilisés. Résultats de trois campagnes d’essais sur une parcelle fortement infestée en ray-grass.

Les menues pailles sont rejetées par la grille supérieure de la moissonneuse-batteuse lors du nettoyage du grain. On y retrouve glume, glumelles, brisures de pailles, petits grains et graines d’adventices. Elles peuvent être valorisées pour le paillage, le fourrage, la combustion, la méthanisation ou encore comme agro-matériaux. En plus de ces valorisations, la récupération des menues pailles présente un intérêt agronomique en limitant l’enrichissement du stock semencier en mauvaises herbes de la parcelle.

Des levées de ray-grass toujours importantes la première année

Un essai conduit par Arvalis – Institut du végétal et la Chambre interdépartementale d’agriculture d’Île-de-France depuis la moisson 2014 a permis de mesurer l’impact de la récolte des menues pailles sur les infestations de ray-grass. Dans cet essai, la densité de ray-grass (résistants aux herbicides) lors de la récolte 2014 est assez élevée, de 28 ± 3 plantes/m² dans le blé. Cette année-là, la récupération des menues pailles a permis d’exporter plus de 70 % des semences de ray-grass qui n’étaient pas tombées au sol avant la moisson du blé.

– 75 % Baisse de la densité de ray-grass en 3 ans.

Malgré ces taux d’exportation élevés, la densité d’adventices présente à l’interculture (mesurée un mois après un déchaumage) puis dans l’orge d’hiver au printemps 2015 (après deux désherbages d’automne) n’est pas significativement différente entre les modalités avec ou sans exportation des menues pailles. Ce faible écart en première année peut s’expliquer par deux raisons : une partie des graines de ray-grass étaient déjà tombées au sol avant la moisson, qui a eu lieu mi-juillet. Ces graines n’ont pas été comptabilisées et ne sont donc pas prises en compte dans le calcul de la proportion de graines exportées.

Deuxième hypothèse, les levées d’adventices observées ne sont pas seulement issues des graines de l’année mais aussi de celles déjà présentes dans le stock semencier. Par conséquent, l’exportation régulière des menues pailles pourrait avoir un effet plus prononcé à moyen terme. Les suivis 2015/2016 et 2016/2017 confirment cette hypothèse.

L’impact s’accentue

Juste avant la récolte de l’orge en 2015, il y a 40 % de ray-grass en moins dans la modalité avec récolte des menues pailles par rapport à la modalité avec menue paille éparpillée. Lors de l’interculture 2015 puis en sortie d’hiver 2016 dans le blé suivant, la densité de ray-grass est deux fois plus faible dans la modalité récoltée par rapport au témoin éparpillé. Après trois campagnes successives de récolte des menues pailles, on observe une diminution de la densité de ray-grass en sortie hiver de 75 % dans la modalité avec récolte des menues pailles par rapport au témoin.

Cette pratique ralentit donc le développement des ray-grass, mais elle ne suffit pas à le stopper : entre la sortie d’hiver 2015 et la sortie d’hiver 2017, la densité de ray-grass a été multipliée par 2,7 dans la modalité récoltée et par 8,5 dans la modalité éparpillée. L’essai se poursuit afin d’étudier l’effet de plusieurs campagnes successives d’exportation des menues pailles sur la densité de ray-grass et le rendement des céréales. 

Moindre repousses de blé

L’exportation des menues pailles permet aussi de réduire la quantité de repousses de blé à l’inter-culture : celle-ci a été réduite de 40 % après la moisson 2014 (mesure effectuée un mois après le premier déchaumage). Les résultats 2015 sur orge sont moins marqués : aucune différence significative n’est observée.

Pascale Métais


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