viande-export-asie-interbev - Illustration Jouer davantage la carte de l’export en viande bovine

Jouer davantage la carte de l’export en viande bovine

Présente dans 40 pays, la filière bovine française est reconnue pour la qualité de ses races et de sa viande. Désormais dotés d’une image de marque lisible, les opérateurs entendent renforcer l’exportation.

Sur le marché français et européen, la consommation moyenne de viande bovine enregistre une baisse structurelle depuis plus de 10 ans. « Mais la consommation mondiale va exploser. Des études ont montré que dans les pays où le PIB dépassait 5 000 $/habitant, la consommation de viande, notamment bovine, décolle », déclare Marc Feunteun, président de France viande export. En viande comme en animaux vifs, « l’export est un des leviers majeurs pour faire remonter les revenus des éleveurs français aujourd’hui », souligne Emmanuel Bernard, éleveur en Bourgogne et président de la commission Export d’Interbev (Interprofession bétail et viande).

Une influence sur les prix

Sur 1,5 million de tonnes de viande bovine produites en France, environ 240 000 t ont été exportées en 2015 et 2016. « Augmenter l’exportation de quelques milliers de tonnes a une influence sur le prix. » Traditionnellement, nos marchés à l’export sont l’Italie, la Grèce et l’Allemagne. « Sur les deux premiers pays, c’est plus difficile depuis le début de la crise économique. Nous sommes aujourd’hui concurrencés par la Pologne. En Allemagne par contre, la consommation de viande bovine s’accroît. Elle est perçue comme saine et sécurisée », précise Marc Feunteun.

La concurrence de la Pologne (davantage sur le prix) et de l’Australie, l’Irlande, les États-Unis, le Brésil, l’Uruguay… (sur des créneaux plus qualitatifs, avec une image véhiculée) a obligé la filière française à diversifier ses destinations-cibles, à regarder plus loin. Deux grandes zones ont été identifiées : le pourtour méditerranéen et l’Asie.

Turquie, Algérie, Israël, Tunisie, Iran…

Le marché des pays du bassin méditerranéen était connu par la filière française, mais avait été mis à mal par la crise de l’ESB et la fin des restitutions. « Nous avons tout à reconstruire à l’export », souligne Emmanuel Bernard. « Sur ces pays, nous avons un atout : la possibilité de les fournir en viande fraîche. Les Australiens, les Brésiliens ne le peuvent pas. » Sur l’Asie, le positionnement qualitatif est privilégié. Des morceaux haut de gamme sont livrés par avion à Singapour, Hong-Kong… « Ces marchés de niche peuvent permettre de valoriser des pièces comme le filet, le faux-filet, l’entrecôte qui sont moins consommées en France en hiver », précise Marc Feunteun.

La Chine s’ouvre à nouveau

Intervenue début mars, la levée de l’embargo ESB imposé depuis 2001 par la Chine sur les viandes bovines françaises est une bonne nouvelle. « C’est le fruit de plusieurs années de travail des services du ministère de l’Agriculture, des organisations membres d’Interbev et des entreprises françaises », souligne Dominique Langlois, président d’Interbev. « C’est un marché à fort potentiel où la demande se porte davantage sur une offre haut de gamme et sur certains morceaux du bœuf moins consommés en France. La Chine est le 2e importateur mondial de viande bovine », notent les responsables d’Interbev. « Toutefois, il reste encore certaines étapes à franchir : un audit du système sanitaire français et la signature d’un protocole d’accord entre les gouvernements français et chinois. Et les abattoirs français candidats à l’export vers la Chine seront individuellement audités par les autorités chinoises. »

« À l’export, les opportunités sont fluctuantes. Les variations de taux de change, les alertes sanitaires, les problématiques politiques et économiques… sont notre quotidien dans les pays-tiers. À nous de faire tourner les marchés en fonction des aléas. Surtout que la filière française, de par la diversité des races et gammes peut répondre à de nombreux marchés et s’adapter. » Sur l’échiquier mondial, la Bretagne à deux atouts complémentaires : son savoir-faire sur les races à viande et ses vaches de réforme et jeunes bovins laitiers, sur lesquels on peut s’approcher du prix mondial.

S’unir pour appréhender l’export

La SAS France viande export a été créée il y a un peu plus d’un an et regroupe une grande part des acteurs français de la viande bovine : 31 entreprises au total (le groupe leader Bigard a toutefois décidé de se retirer en novembre dernier). « L’objectif de la plate-forme est de s’unir pour répondre aux appels d’offres auxquels une seule entreprise ne peut répondre (plus de 2 000 tonnes). Son but est aussi de prospecter des marchés qui s’ouvrent, de recueillir des contacts, des bases de données », explique Marc Feunteun. Du 5 au 8 décembre 2016, une opération « French Beef in Vietnam » a été menée en lien avec Interbev rassemblant plus de 250 professionnels de ce pays. En janvier, la filière s’est déplacée en Arabie Saoudite.

La gastronomie comme support

Pour accroître notre visibilité à l’international, en 2016, nous avons mis en place un groupe de travail au niveau d’Interbev pour faire ressortir nos valeurs, notre identité. À l’occasion du dernier Salon de l’agriculture à Paris, nous avons dévoilé notre nouvelle image de marque « French Beef, a taste of terroirs ». Elle est construite autour de la gastronomie française, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Ce ne serait pas le cas sans utiliser de bons produits comme la viande de bœuf. L’argumentation sera aussi basée sur la diversité des races, le savoir-faire des hommes de la filière, la traçabilité exemplaire et l’alimentation naturelle des bovins, sans hormones.Emmanuel Bernard, président de la Commission export d’Interbev


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