laurent-pinatel-conf - Illustration Laurent Pinatel : “Aider la Bretagne à changer de modèle”

Laurent Pinatel : “Aider la Bretagne à changer de modèle”

La région « bon élève » qui a produit des volumes, qui a développé la production hors sol, est désormais dans le mur, selon Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération Paysanne.

« Développer la production pour les marchés à l’export n’a pas de sens. Vendre de la poudre de lait ou des carcasses de porcs sur les pays tiers ne rapporte rien aux producteurs. Ce système est voué à l’échec. Il maintient les filières, chères au président du syndicat majoritaire, en bonne santé. En parallèle, les agriculteurs souffrent et cessent leur activité. Nous avons besoin de régulation. Pour le lait, nous défendons le modèle de tunnel de prix. Quand les prix augmentent en raison de la raréfaction de l’offre, on libère les volumes… et inversement. Les producteurs laitiers doivent reprendre du pouvoir dans les négociations. Nous ne pourrons le faire qu’en créant des organisations de producteurs par bassins. Les prix, dans les contrats, doivent être fixés en fonction d’indicateurs économiques qui tiennent compte du coût de revient.  

Relocaliser la production

Le revenu ne peut pas se faire par les volumes mais par la création de valeur ajoutée. Avec les 10 milliards de la Pac, on peut bouger les lignes. Plafonner les aides dans un premier temps et les réorienter vers la création d’emplois dans les fermes et vers les mesures agro-environnementales. Beaucoup d’agriculteurs qui n’ont pas encore franchi le pas des investissements à outrance pourraient en bénéficier en misant sur la qualité des produits. On le voit bien en lait actuellement, les fermes les plus autonomes passent la crise sans trop d’encombres. Elles reçoivent pourtant beaucoup moins d’aides publiques.

Nos opposants nous disent que les consommateurs refusent de mettre le prix. Nous proposons que l’argent de la Pac serve justement à soutenir la consommation des produits de qualité pour que tous les consommateurs puissent en bénéficier. Nous devons changer de logiciel et cesser, comme on l’entend trop souvent dans la bouche de nos opposants : « On produit bien, donc vous n’avez qu’à acheter ». Nous devons, au contraire, anticiper et répondre à la demande sociétale.

Pas de création de valeur en porc

En production porcine, la filière est dans la même logique d’augmentation des volumes. Elle ne parle jamais de monter en gamme de la production. Le résultat, paradoxal, montre une baisse globale de la production en France, signe que le modèle ne fonctionne pas. Il n’y a pas de création de valeur ajoutée au niveau de l’élevage et pas plus au niveau de la transformation ; les Espagnols et les Italiens valorisent bien mieux leur production. Les maternités collectives sont dans cette même logique. Toujours plus de volumes au détriment de la qualité. Globalement, nous assistons à une fuite en avant, résultats d’une politique à court terme.

Le congrès national de la Conf' à Muzillac

Le congrès de la Confédération Paysanne, qui se tient tous les deux ans, aura lieu les 12 et 13 avril prochainS au Vieux Couvent à Muzillac. L’hébergement des participants se fera dans les campings du secteur et chez l’habitant. Un chapiteau, au centre-ville, permettra de se restaurer avec des produits locaux des adhérents (250 adhérents en Morbihan). Les « amis de la conf », association de citadins, participent à l’animation d’un village associatif dans les locaux du Vieux Couvent et assurera la logistique lors de ces deux journées.


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