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La restructuration laitière mérite vigilance

Dans un contexte laitier en pleine mutation, s’installer en production laitière ne s’improvise pas. Une réflexion approfondie doit permettre de trouver le juste équilibre entre l’humain, le travail et l’exploitation.

Aujourd’hui, les cessations d’activité ne sont pas compensées par les installations. Des sites laitiers se retrouvent sans repreneur, des surfaces se libèrent. Les marchés laitiers doivent faire face à une plus grande volatilité des prix. Des industriels laitiers investissent dans l’Ouest avec notamment un outil en fonctionnement à Carhaix (Synutra) et un second projet dans les tiroirs. Certains éleveurs sont volontaires pour augmenter la production et l’installation d’un jeune agriculteur est souvent l’occasion d’y parvenir.

Scénarios possibles

Un jeune agriculteur envisage de s’installer en reprenant une exploitation voisine de celle de son père. L’exploitation est aux normes et l’outil de travail en état pour permettre de fonctionner plusieurs années sans gros investissements. Le foncier sera donné à bail. Il envisage deux options possibles :

  • Reprendre l’exploitation individuellement, profiter de la proximité de son père pour l’entraide et envisager éventuellement des investissements de matériels en commun.
  • Reprendre l’exploitation et créer un Gaec avec son père. Le montant de la reprise est légèrement plus faible : une partie du cheptel non reproducteur n’est pas reprise, le père ayant suffisamment de génisses. Par contre, des investissements complémentaires sont rendus nécessaires par la taille du troupeau. La construction d’un bâtiment vaches laitières neuf s’impose pour installer un roto indispensable avec 155 vaches.

Le projet Gaec est clairement plus difficile à mettre en œuvre, pour les raisons suivantes :

  1. Rachat d’une exploitation avec des bâtiments, salle de traite et matériels, proposés à la vente pour la somme de 330 000 euros. L’ensemble ne sera pas utilisé pour sa réelle valeur car la nouvelle structure d’exploitation nécessite un bâtiment neuf et un roto. La négociation de la reprise est alors primordiale. Mettre de l’argent dans un outil non valorisable génère des pertes de trésorerie.
  2. Dans le Gaec, la surface en cultures de vente devient très importante et les marges dégagées par cette activité sont nettement inférieures à la marge brute à l’hectare en lait. Il en résulte une moindre rentabilité de l’exploitation.
  3. À échéance 5 ans, le père va faire valoir ses droits à la retraite. Le jeune se retrouve seul à mener une exploitation conséquente. Anticiper pour ne pas subir cette situation nécessite de faire le point sur la main-d’œuvre :
    1. Potentiel dans le secteur géographique,
    2. Appel à la Cuma ou à l’entreprise,
    3. Organisation du travail avec les pointes de travail : traite, mise en place des cultures, gestion des congés et absences diverses…

Le projet de reprise individuelle paraît plus cohérent. Mais comment aborder la reprise chez le père au terme des 5 ans ? L’achat initial ne sera pas encore amorti financièrement. Les investissements resteront nécessaires dans le cadre d’un regroupement. Et la masse de travail demeurera.

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La reprise d’une exploitation est-elle rentable ?

Installation avec reprise de l’exploitation voisine Installation du JA avec son père sans la reprise

• Maintenir la traite sur les 2 sites en adaptant la conduite des troupeaux (périodes de vêlages, fréquence des traites…).
• Utiliser au maximum l’existant et vigilance sur les investissements.
• Mettre à profit les 5 dernières années du père en tant qu’exploitant pour former un apprenti qui pourrait par la suite rester salarié ou associé (aides financières incitatives). Il bénéficiera ainsi de l’expérience d’un ancien et d’un jeune.

• Profiter de la référence laitière supplémentaire accordée par les laiteries aux JA (tout ou partie) pour intensifier la conduite animale et diminuer le besoin d’investissement, tout en maîtrisant le coût alimentaire.
• Utiliser au maximum l’existant et vigilance sur les investissements.
• Mettre à profit les 5 dernières années du père en tant qu’exploitant pour former un apprenti qui pourrait par la suite rester salarié ou associé (aides financières incitatives). Il bénéficiera ainsi de l’expérience d’un ancien et d’un jeune.

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De la réflexion naîtra la meilleure solution

Toutes les variantes peuvent être étudiées pour obtenir le maximum de rentabilité (tableau ci-dessous).
Une autre variante consiste à attendre le départ en retraite du père et à en profiter pour accumuler des expériences supplémentaires avec un statut de salarié, afin d’effectuer un réel choix au moment de l’installation : statut social, qualité de vie au travail en étant son propre chef… Aller voir ailleurs ouvre de nouveaux horizons et permet de revenir plus riche sur le plan des idées.

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Marie-Line Roussel / Cerfrance Finistère


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