Jacky Brechet, à gauche, se bat avec Hubert Le Nan, à droite, pour que soit enfin reconnue l’échalote traditionnelle. - Illustration Échalote : à quand la fin de la bataille ?
Jacky Brechet, à gauche, se bat avec Hubert Le Nan, à droite, pour que soit enfin reconnue l’échalote traditionnelle.

Échalote : à quand la fin de la bataille ?

La Section nationale échalote demande à l’Europe de trancher enfin sur un conflit qui n’a fait que trop durer.

La Hollande campe sur ses positions. Pour elle, l’échalote issue de semis est belle et bien une échalote, alors qu’elle est à placer du côté de son cousin l’oignon, du genre allium Cepa. « La finalisation des derniers essais montre bien que l’échalote de semis ne correspond pas à ce qui a été validé en 2005. L’Office communautaire des variétés végétales (OCVV) souhaite prolonger de 2 années cet essai. Cela suffit », commente Hubert Le Nan, producteur à Plouescat (29) et responsable de la Section nationale échalote. Il demande aux instances européennes de trancher, enfin.

La main tendue de la France

« On ne nous fera pas croire que les limaces sont des escargots », ironise l’agriculteur. En février, la France a fait un geste pour qualifier une fois pour toutes la plante bulbeuse condimentaire. « La difficulté est de savoir où couper entre les Cepa (oignons) et aggregatum (échalote). Notre proposition, pour trouver un accord, a été d’abaisser le seuil de Mirage (variété qui représente le point de départ au catalogue échalote), en acceptant que quelques variétés de semis soient classées en échalote. Les Pays-Bas ont refusé cette proposition », déplore Jacky Brechet, conseiller technique à la section nationale. Depuis 2005, une zone grise, représentant le flou qui existe entre les oignons et les échalotes, est alimenté par des nouvelles variétés issues de semis. « Nous demandons que tant que la définition précise de l’échalote n’est pas tranchée, avec un accord des Pays-Bas, aucune variété ne soit inscrite au catalogue », martèle Jacky Brechet.

Face à ce problème récurrent, l’État français conseille à la section de s’organiser afin de labéliser la production. « Nous sommes partants pour une AOC ou un label, mais avant un tel projet, les fondations de la maison doivent être solides », affirme Hubert Le Nan. Il ajoute que « les Néerlandais n’ont pas respecté l’accord trouvé en 2005. Malheureusement, personne ne peut les sanctionner ».

Visiblement lassée de cette bataille interminable, la Section nationale va rencontrer l’OCVV en juin, avant une visite à Bruxelles. La tromperie a assez duré pour le consommateur. « Même la méthode culturale de l’échalote de semis est trompeuse, puisque les fortes densités de semis donnent des bulbes de petites tailles, ressemblant fortement aux échalotes. En cas de semis plus clair, les bulbes récoltés sont beaucoup plus gros, ressemblant fortement aux oignons… ». La production française, estimée à 50 000 tonnes, est principalement réalisée par la Bretagne et le Val de Loire.

Jean Imbert préfère la tradition

jean-imbert-cuisinePour le célèbre cuisinier français, il n’y a qu’une seule échalote. « Mes clients sont demandeurs de l’origine des produits. Je n’hésite pas à l’afficher sur les menus ». Plus riche en goût que la fausse échalote, le cordon-bleu formé chez Paul Bocuse n’hésite pas à l’introduire dans ces plats, viandes ou poissons, ou plus étonnant encore dans une tarte façon tatin. Loin de sa Bretagne natale, il n’a pas hésité à mettre la main à la pâte, en s’essayant à la plantation. « Je ne pensais pas que chaque bulbe était mis en terre, un par un ». Un dur labeur des producteurs qui bien souvent n’est pas rémunéré à la hauteur du travail fourni, estimé entre 350 et 400 h à l’hectare.


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article