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Gaec de la Magdeleine, Proust en serait fier…

Installés à Plouvara (22), les associés du Gaec de la Magdeleine, Bernadette et Denis Hervé, misent sur la qualité : qualité du lait, des fourrages et du travail en général. À force de bonnes pratiques, les indicateurs sont au vert.

Commençons par le décor : des parcelles argileuses, pas de portance des sols, peu d’accessibilité pour le troupeau. Autant dire que la valorisation du parcellaire est compliquée. Malgré tout, des solutions sont trouvées pour tirer profit de l’herbe disponible, via le pâturage mais surtout au travers de la fauche qui contribuera à remplir l’objectif final : du lait, en quantité et de qualité.

L’exploitation en bref

Gaec de la Magdeleine

  • Bernadette et Denis Hervé,
  • 1 apprentie, Mélanie Fouquet,
  • (exercice 2015) 52,8 vaches laitières – Lait vendu : 9 256 L,
  • Niveau d’étable actuel : 10 200 kg par vache,
  • SAU : 79 ha dont 26 de maïs,
  • 11 d’orge, 7 de blé et le reste en herbe (La paille et le foin sont récoltés par le producteur pour être plus réactif par rapport à la météo. Les rounds sont identifiés par un trait de couleur selon la qualité estimée),
  • 1 atelier engraissement Jeunes Bovins.

Le facteur clé, le stade de récolte

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Dans tous les cas, c’est la position de l’épi dans la tige qui va déterminer le moment de la récolte de l’herbe. « Le signal est une longueur de 15 cm entre le bas de la tige et l’épi » d’après Pascal Gaubert, technicien ruminants Triskalia. Ensuite, il faut s’organiser avec l’entreprise de travaux agricoles (ETA) pour réserver l’autochargeuse. « L’année dernière, avec l’hiver doux que nous venions de passer, les ray-grass anglais ont beaucoup poussé. L’idéal aurait été de faucher fin avril mais, à cette période, le matériel est beaucoup sollicité pour les semis de maïs. Combinée à une fenêtre météo favorable, la fauche avec conditionneuse a été effectuée mi-mai, puis un andaineur a été passé la veille du ramassage à la remorque autochargeuse » explique l’éleveur. À noter que le producteur préfère ne pas effectuer de fanage car il trouve que la pratique ramène un peu de terre, favorable au développement des spores butyriques.

Par ailleurs, insatisfait de la conservation de son précédent ensilage d’herbe, Il a opté pour l’application d’un inoculant, le Silo King Herbe, sur les conseils de son technicien. Celui-ci précise : « Le valorisateur de fourrage a été pulvérisé sur le rang à l’entrée du pick-up. L’effet recherché est une baisse rapide du pH après la confection du silo. Mais, attention, l’apport de bactéries ne fait que maintenir les valeurs alimentaires du produit. Il n’y aura pas d’apport supplémentaire de nutriments. » Il faut donc bien cibler le stade de récolte : « Sur un fourrage riche en énergie (UFL) et en protéine, récolté “à point” une acidification rapide du produit permettra d’éviter une dégradation de l’azote. Une fauche à un stade avancé sera satisfaisante en volume mais on perdra en valeur alimentaire », explique Pascal.

La confection du silo, tout un art

Le silo, ouvert seulement fin décembre du fait d’un hiver doux et d’une arrivée tardive des génisses en bâtiment, présente un ensilage bien conservé et appétent que le producteur distribue à l’ensemble du troupeau. « Au moment de l’ensilage, j’ai tout mis en œuvre pour réussir la confection du silo : application du valorisateur, tassage par mes soins, ensilage de maïs pour obtenir une couche supérieure ferme et stable, pose de bâches neuves sur les murs et au-dessus du silo, et filet. Enfin, j’ai déposé une quantité précise de maërl afin d’appliquer un poids suffisant sur le silo. Surtout du maërl broyé pour ne pas abîmer les bâches. Si le résultat n’avait pas été satisfaisant, j’aurais pris la décision d’arrêter l’autochargeuse car passer deux après-midi par semaine à enlever les moisissures représente un coût de main-d’œuvre important. Et c’est sans compter le risque de spores butyriques dans le lait », confie l’éleveur. Ce dernier va prochainement sortir ses vaches laitières.

Là aussi, c’est méthodique : pâturage en fil avant sur des parcelles d’un hectare pour gérer les repousses et toujours offrir une herbe aux valeurs alimentaires intéressantes à son troupeau. Selon les dernières analyses, l’ensilage d’herbe disponible présente des valeurs satisfaisantes et le front d’attaque l’est tout autant. Le même soin est porté à l’ensilage de maïs qui se voit recouvert d’une bâche en cas de forte pluviométrie. Le processus est également le même pour l’hygiène de traite. Grâce à tout ce travail, les vaches peuvent pleinement exprimer leur potentiel laitier. Carole Perros / Triskalia

Les bonnes pratiques pour une mise à l’herbe réussie

  • Transition métabolique et besoins alimentaires

L’appel de l’herbe est tentant… Mais pour éviter que les vaches se jettent sur une herbe jeune riche en eau, en azote soluble, en potassium et pauvre en magnésium et cellulose, il faudra les sortir progressivement (sur 5 semaines environ) et la panse pleine pour commencer. Quant à la complémentation azotée, elle doit être adaptée à la part de maïs distribuée à l’auge. Les deux fourrages de base (herbe et maïs) sont très différents tant en quantité qu’en qualité de protéine. Un apport de 60 à 65 % de la protéine sous forme dégradable dans le rumen va favoriser une bonne digestion. L’herbe de printemps en contient entre 75 et 80 %. Un correcteur intermédiaire (semi-protégé) sera nécessaire dans une ration qui a une part d’herbe tandis qu’une vache tout à l’herbe valorisera mieux un aliment à protéine 100 % protégée (maximum 1,5 kg).

  • La gestion des pâtures

La stratégie printanière implique de raser le couvert à chaque passage dans le paddock (hauteur de sortie inférieure à 6 cm). L’état du couvert va conditionner la qualité des repousses (tallage, proportion de feuilles). Les sorties de paddock anticipées sont donc à proscrire. D’autre part, la distribution d’un aliment de production élevé en CRE (Capacité de rétention en eau) permet d’améliorer la valorisation de l’herbe en impactant la vitesse de transit. De plus, la surface en herbe offerte, les hauteurs « entrées de parcelles », la taille des paddocks et la pratique du fil avant sont des critères qui vont conforter cette pratique.


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