agriculteur-conjoncture-crise-elevage-commercialisation-assemblee-generale-fdsea - Illustration Descendre vers l’aval une des solutions

Descendre vers l’aval une des solutions

La bienveillance des consommateurs envers les agriculteurs est là. « Le moment n’a jamais été aussi propice pour un marketing basé sur l’équité », pense Olivier Mevel qui est intervenu à l’assemblée générale de la FDSEA.

Depuis l’après-guerre, les agriculteurs ont réussi beaucoup de défis. Mais peut-être en ont-ils raté un. Aussi essentiel que les autres, même peut-être plus à l’heure d’une Europe libérale : la commercialisation de leurs produits. Pourtant, « des changements majeurs de comportement des consommateurs sont en route. Ils s’intéressent à l’emploi, à leur environnement, et ont conservé une grande confiance envers les agriculteurs, ce qui n’est pas le cas par rapport aux IAA », a souligné Olivier Mevel, maître de conférences universitaire et consultant en marketing, lors de l’assemblée générale de la FDSEA 35.

La relation au producteur rassure

En 2015, les circuits courts représentent 3,7 % du marché alimentaire. « Ils n’ont même pas besoin de label, voir le producteur en direct suffit au consommateur. » Les présences de produits locaux et d’un rayon bio deviennent importants dans le choix d’une enseigne, derrière certes d’autres critères tels que le prix et la proximité. Mais c’est une évolution conséquente. « On vous vole votre image », interpelle le spécialiste. « Il est temps de se reconnecter aux marges dégagées en aval. »

La distribution sait conserver son rang

Et c’est au niveau de la GMS que se font, encore et toujours, les marges. « La part de la valeur ajoutée pour 100 € d’achats de produits alimentaires au détail baisse de 11,5 à 7,8 % entre 2000 et 2015 pour le secteur agricole, et de 15,2 à 13 % pour les industries agroalimentaires. Elle augmente de 28 à 30 % pour les distributeurs (tous confondus). » Mais les circuits courts ne feront pas l’ensemble du marché alimentaire. Les GMS pèsent 85 % du commerce de détail. « Il faut regrouper l’offre d’une manière ou d’une autre », pour faire face aux 6 enseignes de distribution restantes (voire 4 avec les accords de coopération à l’achat). « Depuis des années, les GMS agressent la valeur pour « l’image prix » qui leur garantit des marchés. » Pourquoi ne pas proposer des produits en phase avec ce que les consommateurs veulent ? Ils seraient d’accord pour accroître un peu la part de leur budget dédié à l’alimentation (passée de 24,7 % en 1960 à 13,6 % en 2014). « Actuellement, un couple avec enfants dépense 434 € par mois pour son alimentation, hors boissons et restaurants. Les viandes représentent encore 113 €, le lait, fromages et œufs, 69 €, et les fruits et légumes, 64 €. »

Rester vigilants sur les négociations

Loïs Guines est revenu sur les nombreuses actions menées par les agriculteurs ces dernières semaines. « Nous n’avons pas trouvé la solution », regrette le président qui rappelle que les crises actuelles sont aussi dues aux décisions prises à Bruxelles, à la situation géopolitique avec la Russie, à la crise économique… « Beaucoup de points sont également à retravailler sur nos exploitations et dans nos organisations professionnelles. » Les responsables du syndicat souhaitent mettre un frein aux manifestations « qui pourraient lasser les consommateurs à terme. » « Mais nous devons rester vigilants sur les négociations en cours et nous remettrons la pression s’il n’y a pas d’avancées », déclare Cédric Henry, secrétaire général adjoint de la FDSEA. Lors de l’assemblée, il a également été précisé que les agriculteurs ayant des problèmes de trésorerie peuvent aller demander un plan de paiement à leur agence MSA. Les intérêts de retard seront annulés. L’aide d’un travailleur social peut également être apportée aux gens en détresse.

Qui est le plus loyal.com ?

De même, Olivier Mevel propose aux agriculteurs de noter les distributeurs. « A quiestlemoinscher.com, pourquoi ne pas instaurer « Qui est le plus loyal.com » ? Certains distributeurs n’ont plus le souci du détail en linéaire. Il faut leur démontrer qu’ils ne travaillent pas bien. Certains magasins de producteurs ou coopératifs peuvent les faire réagir. » Pour Loïc Guines, président de la FDSEA 35, « les producteurs doivent prendre la main dans les coopératives, et aller plus loin dans la démarche d’étiquetage. Nous devons renseigner le consommateur sur l’origine des produits. » Le président souhaite aussi qu’en RHD, « les paroles se transforment en actes pour l’approvisionnement local. » Agnès Cussonneau


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article