Salon de l’agriculture à Paris

Intro
Ce 53e Salon s’apprête à fêter une agriculture en déconfiture. Mais le rendez-vous de Paris ne semble pas connaître la crise. Même si son visage change. Dans le hall 1, depuis 15 ans, au milieu des associations de races, syndicats agricoles, éleveurs, producteurs transformateurs ou signes de qualité, les stands des grandes marques de l’industrie agroalimentaire, de la distribution ou de la restauration hors foyer ont poussé comme des champignons. Pour Lidl, Auchan, Bonduelle, Cargill, Mc Cain, Mc Donald’s et bien d’autres, l’heure est à la communication intense. Surfant sur l’image positive d’un rendez-vous où les visiteurs se comptent toujours par million, venus voir les vaches et croquer un morceau de gastronomie des régions. Charal en profite généralement pour une campagne d’affichage choc dans le métro. Il y a une certaine schizophrénie là-dedans puisque la profession ferraille de haute lutte avec certains de ces opérateurs pour un meilleur partage des marges…
Et dans ce décor, le calme du défilé des animaux sur les rings devrait contraster avec l’effervescence autour des habituels cortèges de responsables politiques en campagne médiatique. La désespérance étant si forte dans les exploitations, en Bretagne et partout ailleurs, que certains bains de foule risquent de se transformer en douche froide. Dans cette agitation, espérons au moins que les Parisiens ne garderont pas seulement le souvenir d’avoir vu les vaches à la traite. Mais qu’ils auront aussi mieux pris conscience d’une agriculture, pilier de l’économie et de l’emploi, qu’on maltraite. Toma Dagorn