gaz-effet-serre-methane-bovin-limiter-emission - Illustration La vache digère, la planète chauffe

La vache digère, la planète chauffe

Les vaches produisent du méthane, gaz à effet de serre. Même si l’élevage peut se targuer de stocker du carbone dans les sols, il est préférable d’anticiper en essayant de limiter les émissions.

Pour limiter les émissions de méthane, rien de plus simple : il suffit de donner du concentré à vos vaches. Plus de 60 % de la ration si possible. Efficace, mais pas très sérieux en terme économique et environnemental. L’alimentation offre-t-elle des solutions moins aberrantes ? « On peut imaginer remplacer une partie des glucides de la ration par des lipides. Du lin, par exemple, pour apporter des acides gras insaturés qui réduisent la production de méthane, par une action spécifique sur les bactéries du rumen », indique Michel Doreau, de l’Inra, intervenant au Space. L’effet se maintient sur le long terme. L’intérêt du lin est double, ses acides gras Oméga 3 se retrouvent dans le lait et la viande. Il en faudra sans doute un peu plus pour détourner les accusations. Le quidam préférera toujours dénoncer des pauvres vaches que de remettre son mode de vie en question.

Pistes alimentaires

Conscients de l’enjeu, des chercheurs se mobilisent partout dans le monde pour trouver de nouvelles pistes. « Les produits naturels, comme des extraits de plante ou des huiles essentielles, qui donnent parfois des résultats positifs lors d’essais in vitro, n’ont pas, pour l’instant, donné de résultats probants et répétables sur l’animal ». Certaines substances limitent les émissions de méthane mais également les productions…. Ce n’est pas le cas du nitrate de calcium, qui s’avère un candidat intéressant. « Il est efficace dans 100% des essais réalisés sur l’animal, sans perte de production. Il souffre cependant de deux handicaps : son nom « nitrate » pourrait choquer le grand public même s’il n’y a pas de résidus dans le lait, et surtout, il est nécessaire de bien maîtriser sa distribution pour éviter un risque de santé de l’animal ». Une problématique supplémentaire dont les éleveurs se passeront bien… Récemment, une nouvelle molécule de synthèse, le 3-nitrooxypropanol, a été testée. « Elle a montré une forte efficacité. Mais, on manque de recul sur les possibles effets secondaires de ce produit sur la santé de l’animal ». Là encore, l’acceptabilité par le consommateur pose question.

Sélectionner des animaux plus efficients ?

L’augmentation du niveau de production réduit les émissions lorsqu’elles sont exprimées par kg de lait ou de viande (la part des besoins d’entretien dans les besoins totaux est plus faible). Cette diminution est compensée par une augmentation d’autres gaz à effet de serre car l’accroissement de production entraîne une augmentation de la part des concentrés dans la ration, ainsi que différents intrants. L’idéal serait donc de sélectionner des animaux plus efficients, mangeant moins pour une production identique. « Ce critère n’est pas dans les programmes de sélection. Il pourrait aussi y avoir des effets collatéraux négatifs, sur des paramètres importants tels que la robustesse ou la reproduction ». Dans l’état actuel des recherches, les solutions envisagées entraînent un surcoût de production. Sans compensation financière (ou bénéfice collatéral) les éleveurs n’ont aucun intérêt à les utiliser. Elles sont surtout coûteuses en comparaison à d’autres techniques possibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre comme la réduction de la fertilisation azotée ou l’amélioration des conduites de pâturage. Bernard Laurent


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